Magazine Culture

Pas de blessure, pas d'histoire, poèmes d'Afrique du Sud (2)

Publié le 24 janvier 2014 par Onarretetout

Quelques vers encore, extraits de cette anthologie

pasdeblessurepasdhistoire

ils m’ont souvent interrogé sur mes poèmes
sur ce qui rend mon cœur plus doux que la foudre
et toutes ces années à New Brighton
j’ai mis sur le papier des mots simples
pour tracer le mouvement des étoiles
(…)

Mxolisi Nyezwa 

(...) Venez voir
venez voir

que pouvons-nous faire maintenant
ménage et mobilier
tout est parti 

une femme à l’intérieur est
en train de pleurer tant pleurer
que ses larmes font un chant. 

Isabella Motadinyane 

Dans le creux tendre de nos paumes,
dans nos poignées de mains,
caché entre callosités et cicatrices
c’est là que nous trouverons notre pays. 

Kelwin Sole 

(…) Le médecin dit que le graphique
est source d’inquiétude
ignorant
qu’il compose un air de jazz,
ton cœur arythmique. 

Ingrid de Kok 

J’ai donc fait l’essai de vivre dans un fossé
pouvais pas sonder l’acoustique en bas
et l’odeur était granuleuse
mes tympans se sont détendus un peu, plus doux et calmes
j’étais tranquille, tranquillisée, sans parler, et quand
enfin je parlais
ça sortait fort, les mots se précipitaient
(…)

Rosamund Stanford 

(…) Ça nous fait mal là où ça multiplie
je le déclare à présent
dans notre for intérieur

parce que notre blessure est encore notre faute

qu’on souhaiterait oublier
comme une date de bataille
ou quelque menu détail

mal choisi,
une figure du langage
au-delà de notre analyse.

Et ainsi, nous continuons, à avoir mal.

Rustum Kozain 

(…) Regarder ma mère sortir en hâte
de la maison en route pour le travail,le froufrou
de sa robe dans le sillage de la marche,
c’était découvrir un rythme trop fin pour le voir
dans les pas eux-mêmes. Pour le saisir pleinement,
il fallait observer le manteau quand elle partait.

Gabeba Baderoon 

C’est une vieille histoire
comme les personnages de Keats sur une jarre,
toujours en train de courir après
ce qu’ils veulent, ce qu’ils veulent devenir,
heureux, heureux – 

mais tout est vide, le vase, la ville –
ils ne seront jamais plus ce qu’ils sont.

Joan Metellerkamp 

(…) j’ignorais juste dans quel tiroir était la vie. 

C’est à ce moment-là que j’ai regardé par la fenêtre :
les rayons de lune me suivaient à travers la baie
et Paderewski jouait Chopin à la télé.
(…)

Finuala Dowling 

Je regardais mon cousin, mon aîné, écorcher une taupe :
cela faisait peur, mais je voulais
être grande et savante, je suis donc restée,
courageusement, accroupie, ma robe à fleurs
relevée, toute plissée, entre mes genoux d’été.
(…)

Isobel Dixon 

(…) cache le mouton noir, le bouc émissaire, l’emmerdeur de service de la famille
car 

c’est sérieux, il arrive,
le gendre blanc

Ronelda Kamfer


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Onarretetout 3973 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine