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Jules Renard et Fred – Le journal de Jules Renard lu par Fred

Par Yvantilleuil

Jules Renard et Fred - Le journal de Jules Renard lu par FredCette réédition signée Dargaud raconte la balade bucolique de Jules Renard, l’auteur de Poil de Carotte, accompagné d’un corbeau ne tenant pas dans son bec un fromage, mais de nombreuses questions qui viennent rythmer cette promenade philosophique.

« – Hmm… Et à quoi travaille-t-il ? »
« – À son livre, voyons. »
« – Ah bon ? Il copie un livre ? »
« – Il ne le copie pas, Monsieur, il l’invente. »
« – Quoi ? Il l’invente ? Mais alors ce n’est donc pas vrai, ce qu’on met dans les livres ? »

Tout au long de cette marche qui sort volontiers des sentiers battus, maître Renard et son ami corbeau discutent de tout et de rien, du sens de la vie, de la nature des hommes ou du monde dans lequel on vit… parfois avec humour et souvent avec profondeur d’esprit et grande lucidité.

« Penser ne suffit pas… Il faut penser à quelque chose. »

Au fil de rencontres plus ou moins incongrues (un cochon, un borgne, un chasseur, le penseur de Rodin,…) l’auteur invite à la réflexion ou s’amuse avec les mots pour faire de jolies phrases.

« Quand on a du talent, corbeau, on vous imite, vous devenez à la mode. Si vous devenez à la mode, vous passez de mode… »

Dans « L’histoire du Corbac aux baskets », qui proposait une métaphore sur la discrimination et sur l’exclusion, le créateur de Philémon utilisait également un corbeau afin de dénoncer certains travers de notre société en jouant délibérément la carte de l’absurde. Si cette histoire sans véritable but ne m’a jamais vraiment accroché, elle démontre néanmoins que Fred et Jules Renard partagent le même sens de l’humour. Le plaisir se situe donc plus au niveau des dialogues farfelus, d’une grande finesse et remplis de poésie. Notons au passage que l’auteur utilise également cette fable pour évoquer les difficultés et la solitude du métier d’écrivain.

« Il y a des moments où je me sens très proche de lui (du cochon). Eh oui, cochon, toi et moi, on sera appréciés après notre mort. »

Visuellement, le dessin de Fred est mis en couleurs par Isa Cochet pour l’occasion. Le travail au niveau du découpage et des cadrages est remarquable et contribue à mettre en valeur cette randonnée imaginaire.

« Il faut toujours casser la glace qui se reforme dans le cerveau pour l’empêcher de geler. »

Une jolie réédition qui a le mérite de faire découvrir un album injustement méconnu et de rendre hommage à un grand monsieur du neuvième art.


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