Ce premier jour d’automne, il faisait beau.
Le baron d’Armelles
Chassa avec son entrain habituel
Et tua trois guillemots.
Le lendemain, dès huit heures,
Il se montrait soucieux, rêveur.
À midi, une sorte de domestique
Vêtu de noir
Vint le voir.
D’Armelles fit une curieuse mimique
Et lui répondit : -« Non, demain. »
Le surlendemain
D’Armelles, qui pourtant était un bon fusil,
Manqua plusieurs volatiles.
Un de ses amis lui demanda, surpris :
-« Un trouble te remue l’esprit ? »
-« Cela me contrarie vraiment
Mais je ne puis rester plus longtemps. »
Et d’Armelles ordonna
Au valet en noir d’atteler.
L’homme en noir s’en allait
Quand l’un des chasseurs s’exclama :
-« Elle ne parait pas si urgente ton affaire
Puisque tu as chassé hier
Et même depuis quarante-huit heures. »
D’Armelles murmura :
-«…C’est que je suis ici avec ma belle-sœur. »
-« Mais où est-elle ? » -« Elle est là-bas,
Dans le fourgon.
Elle est décédée depuis mercredi. »
Régna un silence de stupéfaction.
D’Armelles, interdit,
Ajouta :
-« Je ramenais son corps chez elle
Mais pour rien au monde, je n’aurais raté
Notre rendez-vous.
Je ne puis davantage rester,
Comprenez-vous ? »
-« Il me semble qu’un mort
Peut bien attendre un jour encore.
Un jour de plus n’y fera rien dans son état. »
Alors, d’Armelles se retourna
Vers le croque-mort
Et lui cria bien fort :
-« Eh bien !
Mon ami, ce sera pour demain ! »