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Clip incertain

Publié le 12 mai 2008 par Dicidense

Voilà, moi aussi je viens de le voir. Oui, je parle bien du buzz du moment, du clip de “Justice“, Stress, celui où l’on voit une bande de méchants garçons des cités, un peu basanés quand même, semer la terreur d’abord dans leur quartier, puis dans Paris même en commençant par Montmartre, histoire d’embêter le gentil petit français qui travaille (et qui donc qui par conséquent doit se lever tôt !). Vous ne trouverez pas de lien vers DailyMotion ici, vous le comprendrez à mon avis plutôt mitigé sur cette œuvre.

Ce qui frappe dans le clip, c’est bien évidemment la qualité de la réalisation, cette mise en scène par Romain Gavras (Kourtrajmé), qui renforce le réalisme des images. Mais voilà que le malaise commence : au fur et à mesure du clip, on passe par plusieurs états : la consternation, l’inquiétude, l’effroi, bref, on se se sent pas vraiment rassuré et même un peu angoissé à la fin des images. Bien entendu, la musique entêtante, saccadée et pesante de Justice fait le reste, l’osmose est parfaite. La french-touch a encore frappé, et frappé juste.

Reste malgré tout une simple question : pourquoi ? Quel est le sens artistique à tout ça ? On oscille entre une dénonciation sourde de la violence gratuite, le besoin de crier le désarroi sans retour dans lequel certains jeunes des cités se sont enfoncés, volontairement ou aidés par notre société si généreuse, une simple recherche esthétique, un hommage aux ainés, Orange Mécanique, West Side Story ou Starmania en têtes, ou un simple effet marketing et mercantile. Et j’ai eu beau chercher sur le net pour apaiser mon inquiétude, rien ne transparaît, ni chez le réalisateur, ni chez les musiciens.

Et c’est là où je veux en venir : soyons honnêtes, c’est le travail de tout artiste de nous choquer, nous faire nous interroger sur le beau ou l’aspect politique des choses, encore faut savoir et comprendre le message qui est véhiculé. Et force est de constater que personne ne dispose aujourd’hui de ce message. Et devant une telle démonstration de violence gratuite et de son réalisme, ne pas l’expliquer relève de l’inconscience pure. On peut effectivement faire de la violence une esthétique à part entière, à l’instar de Jan Kounen dans Dobermann, mais le genre impose alors une distanciation avec l’utilisation de situation politique actuelle. Car pour ma part, sans les sous-titres, je peux aussi bien voir ce clip comme un objet de propagande de notre fameuse droite nationale qu’une critique des résultats de la pseudo-politique du Kärcher. Sans compter que l’esthétique particulièrement bien léchée des images pourrait rapidement inciter quelques personnes, des cités ou non d’ailleurs, à se projeter dans cette beauté de la violence et ainsi passer à l’acte, la notion de surpuissance des agresseurs étant un élément très fort dans cette vidéo.

Je ne jugerai donc pas réellement du fond, puisqu’il me reste totalement abscons pour l’instant, j’ose simplement espérer que le merchandising n’a pas été la motivation des artiste. Pour le reste, je me permettrai après ce petit intermède de mettre de côté ce clip, en restant tout de même persuadé que si nous avons affaire à de talentueux artistes, ils n’en sont pas moins inconséquents, puérils et irréfléchis, défauts rédhibitoires chez moi pour que je puisse les inviter à séjourner dans ma discothèque.


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