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Bourvil, la Rage de Vaincre (Un Jour, Un Destin)

Publié le 24 janvier 2014 par Olivier Walmacq

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genre: émission télévisée, documentaire
année: 2013

durée: 1h30

synopsis: Bourvil a été l'un des acteurs comiques les plus appréciés de son époque. Laurent Delahousse dévoile au public la face cachée de ce fils de paysans normands, qui, pudique à l'extrême, a tenté de protéger toute sa carrière durant ses sentiments, son intimité et le secret de sa maladie.   

la critique d'Alice In Oliver:

La chronique du jour porte sur l'émission Un Jour, Un Destin, présenté par Laurent Delahousse, et plus particulièrement sur Bourvil. D'ailleurs, le titre de ce numéro spécial s'intitule Bourvil, la rage de vaincre. Le documentaire brosse le portrait d'un homme modeste, pudique et discret.
De son vrai nom André Rimbourg, celui-ci est un fan de Fernandel depuis toujours et vient admirer l'artiste en spectacle. Fils de paysan, il apprend très vite le solphège et la musique. Il se produit alors dans des bals dansants et se lance dans des imitations de Fernandel. Pourtant, André Rimbourg est promis à un autre avenir, celui de cultivateur-agriculteur.

Il devance l'appel militaire et s'engage donc dans l'armée, et plus précisément dans la section musicale où il joue à la fois du clairon et de la trompette. Ce qui permet à Bourvil d'exprimer son talent. Mieux encore, il participe à un concours organisé par la radio. 
Il s'agit d'un concours de chant. Ce soir-là, Bourvil triomphe et obtient même le prix spécial du jury. Bourvil écrit à Fernandel pour lui demander une lettre de recommandation. Hélas, Bourvil n'obtient qu'une photo dédicacée. En 1943, Bourvil décide d'entamer une carrière d'artiste. Mais en 1943, en raison de la Seconde Guerre Mondiale, le métier est particulièrement difficile.

A ce moment-là, la carrière d'André Rimbourg est chaotique. Il accumule aussi les petits boulots et joue dans les cabarets le soir pour survivre. Bientôt, ses imitations ne font plus recette. Il adopte alors le pseudonyme de Bourvil en référence à son village.
Il décide de construire un personnage de paysan bête et naïf. Il compose des chansons comme des sketches parlés. Bourvil commence peu à peu à se faire un nom. Derrière l'idiot apparent du village, le public découvre un personnage sensible et intelligent. Il passe désormais à la radio et devient célèbre.

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Bourvil reste néanmoins modeste, persuadé que ce petit succès ne va pas durer. Pourtant, Bourvil commence à intéresser le cinéma. Il apparaît dans le film Le Pendu. Il enchaîne alors plusieurs films dans lesquels il incarne l'idiot du village.
De retour en Normandie, il est hué et jalousé lors d'une représentation à Rouen. Bourvil comprend qu'il doit changer son image. En 1956, il reçoit le scénario du film La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara. Dans un premier temps, le producteur ne veut pas de Bourvil. Le réalisateur sollicite alors Jean Gabin. Ce dernier donne son accord.

Hélas, au même moment, Marcel Aymé, l'auteur de la nouvelle originale, écrit un véritable pamphlet contre Bourvil, qui est publié dans la presse. De ce fait, le budget du film est divisé par trois et est tourné en noir et blanc. Pendant le tournage, le climat est très tendu, surtout que Claude Autant-Lara est un réalisateur exigeant. Ensuite, Bourvil se retrouve devant un monstre sacré du cinéma français, Jean Gabin. Pourtant, peu à peu, la confiance s'établit entre les deux hommes.
Bourvil peut alors déployer tout son talent. Claude Autant-Lara découvre un acteur particulièrement doué.

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Lors de sortie au cinéma, La Traversée de Paris est ovationné par le public. Bourvil obtient même un prix d'interprétation à Venise. Par la suite, Marcel Aymé reconnaît publiquement son erreur. A 40 ans, Bourvil devient alors une star du cinéma français.
Le voilà désormais obligé de fréquenter le milieu mondain, ce qui ne lui convient guère. Bourvil veut à tout prix préserver sa famille. Malgré sa célébrité, il garde sa simplicité. Fin 1958, Bourvil recherche une partenaire pour sa prochaine opérette. Son choix se porte sur Pierrette Bruno. Au fil des mois, cette passion soudaine alimente les conversations.

Ce qui était un secret parisien devient le gros titre des journeaux. Bourvil est alors contraint de cesser cette aventure extraconjugale après quatre ans de relation. Parallèlement, Bourvil continue de tourner. Lui et Fernandel sont réunis pour partager l'affiche de La Cuisine au Beurre.
Bourvil concrétise un rêve d'adolescent: tourner un film avec son idole depuis toujours. En 1963, le tournage débute, mais les deux acteurs se rendent compte que le scénario fait partie des abonnés absents. Le tournage est repoussé de plusieurs semaines. Bourvil prend conscience de la personnalité de Fernandel.

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Celui-ci prend Bourvil pour un faire-valoir et se montre capricieux durant le tournage. Il joue à la star et Bourvil est destabilisé par cette attitude. Une bataille des dialogues et des répliques s'engage entre les deux acteurs. Bourvil est terriblement déçu par son idole depuis toujours.
Pourtant, le duo assure le succès du film. Le héros de sa jeunesse devient un héros du passé. En 1964, Bourvil partage l'affiche de La Grande Vadrouille avec Louis de Funès. Le réalisateur, Gérard Oury, détecte le potentiel comique de ce duo de prestige. Mais Bourvil et Louis de Funès ont deux caractères totalement opposés.

Toutefois, l'entente entre les deux acteurs se déroule plutôt bien. Mieux encore, Bourvil et Louis de Funès improvisent une scène qui ne faisait pas partie du scénario. Louis de Funès franchit un mur et monte sur les épaules de son partenaire. Cette scène est très emblématique de la relation entre les deux acteurs et immortalise la complicité entre les deux hommes.
En 1966, Bourvil et Louis de Funès se retrouvent pour la première de La Grande Vadrouille. Le succès est phénoménal et le film va rester pendant très longtemps le plus grand succès du cinéma français, avec plus de 17 millions d'entrées.

Avec La Grande Vadrouille, Bourvil est au sommet de sa carrière. En 1967, il tourne Les Cracks d'Alex Joffé. La mise en scène est difficile puisque le scénario porte sur les courses cyclistes. Le tournage comporte de nombreux dangers et Bourvil est projeté avec son vélo dans un fossé.
Certes, Bourvil s'en sort indemne, mais à l'hôpital, le médecin découvre par hasard une grosseur anormale. Bourvil est atteint d'un cancer rare qui a atteint la moëlle osseuse. Bourvil ne parlera jamais de sa maladie et se lance alors dans un combat acharné. En 1968, il tourne Le Cerveau, de Gérard Oury.
L'équipe du film n'est même pas au courant de sa maladie.

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Pourtant, l'état de santé de Bourvil ne fait qu'empirer pendant le tournage. Gérard Oury se renseigne auprès d'un médecin et apprend la terrible nouvelle. Pourtant, Bourvil ne fait mine de rien. Lors d'une interview à la télévision, Bourvil fait une brève allusion à sa propre mort.
Parallèlement, il tourne Le Cercle Rouge et casse aussi son image de bénêt du village. Il rencontre le réalisateur Jean-Pierre Melvile. Bourvil incarne l'inspecteur Mattei, un personnage énigmatique, solitaire, fatigué et blasé. Finalement, ce personnage ressemble à l'acteur, qui souffre de plus en plus pendant le tournage. Ses souffrances sont abominables.

Mais pour Bourvil, tourner lui permet de repousser l'inévitable. Il joue alors dans Le Mur de l'Atlantique. Il ne révèle toujours pas sa maladie. Quand le tournage est terminé, Bourvil est épuisé. Son état se dégrade de plus en plus. Puis, il se réfugie dans son appartement parisien.
Gérard Oury vient le voir régulièrement et lui évoque le scénario de La Folie des Grandeurs. Toutefois, personne n'est dupe. Bourvil vit ses dernières heures. Il meurt le 23 septembre 1970 à l'âge de 53 ans. Ironie du sort, quelques semaines après sa mort, Fernandel lui rend hommage. Immense acteur et monstre sacré du cinéma français, Bourvil aura su casser son image de paysan naïf et idiot, en interprétant des personnages complexes.
Certes, le documentaire parle de La Traversée de Paris et du Cercle Rouge, mais comment ne pas évoquer Les Grandes Gueules, Fortunat ou encore Les Misérables ?

note: 16/20


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