Red River
1948
Howard Hawk
Avec: John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru, Walter Brennan, Harry Carey Jr., Harry Carey
Dès le lendemain de la diffusion de l’Homme des vallées perdues, Arte nous gâtait derechef avec La Rivière Rouge, que je n’avais encore jamais vu non plus. Et j’en vois déjà venir certains. Putain, ce mec qui nous fait chier depuis des années avec son blog western prétentieux, non seulement il n’avait jamais vu Shane et Red River (faut le dire en angliche, ça fait mieux), mais en plus il attend que ça passe sur le service public pour le voir. Et bien je vous emmerde messieurs les spécialistes. J’ajoute par la même occasion que je n’ai jamais vu non plus The Big Trail, ni l’Appât, ni Canyon Passage, ni Fureur Apache, ni Les Pionniers de la Western Union, ni La Charge Fantastique, ni Yellow Sky, ni CowBoys & Aliens ! Ouaah le nuuul !
En tous cas, pour la Rivière Rouge, c’est fait. L’image n’était pas tip top je trouve pour un chef d’œuvre du septième art. Soit aucune restauration n’a été faite, soit le matériau d’origine est trop abîmé, soit je suis très fatigué, mais en tout cas, ça manque de définition. En plus c’est en noir et blanc, en noir et blanc ! Si ça ne tenait qu’à moi, je vous aurais colorisé tout ça pour que ce soit un peu plus flatteur à l’œil ! En noir et blanc ! Qui regarde encore du noir et blanc aujourd’hui. Pire ! Dans ce film, Wayne est méchant ! Pourquoi personne n’a jugé bon de remonter le film pour adoucir son personnage pour que ce soit un Wayne bien droit comme il faut ? C’est insensé cette époque !Alors c’est vrai à la fin ça se termine en joyeux fist-fight paternaliste où tout le monde est réuni dans la joie, un peu comme dans les films du vieux Duke, cependant pendant toute la durée du film, Wayne apparaît de plus en plus tyrannique, violent et buté, dans l’un de ses rôles les plus intéressants de sa carrière avec celui de La Prisonnière du désert. Montgomery Clift, tout jeunot à coté, paraît bien frêle, mais parvient bien à transmettre sa crainte mêlée de respect pour son aîné. Joanne Dru est un peu sous-exploitée dans son rôle de « femme de caractère » comme on dit à chaque fois qu’une femme est un tant soit peu indépendante. Est-ce qu’on dit que John Wayne est un homme de caractère ? Non, mais bon on s’écarte du sujet.
On voit aussi dans ce film Walter Brennan qui interprète déjà un vieil édenté, qui joue son dentier au poker avec un indien, et c’est toujours un réel plaisir de voir cet old timer rouspéter et bougonner dans son coin. Ce film est également l’occasion de retrouver Harry Carey, le légendaire acteur du temps du muet, et là aussi, ce n’est pas sans émotion qu’on le voit interagir une dernière fois avec la jeunesse du parlant. Son fils a également un petit rôle, mais pas avec lui, ce que personnellement je trouve un peu dommage, j’aime bien quand des filiations d’acteurs, des hommages des uns envers les autres se téléscopent avec l’histoire en elle-même.
Le scénario en lui-même est un poncif westernien total, mais est l’occasion de rappeler combien les cattle drives et la vie pouvaient être rudes en ces temps là, d’une part à cause de la dangerosité des lieux, mais aussi par le manque d’information des gens à cette époque. J’ai particulièrement apprécié cette interrogation permanente sur l’existence ou non d’une ligne de chemin de fer à Abilène, qui revient en permanence comme un leitmotiv, Wayne mettant sans arrêt en doute la parole des hommes (tu l’as vu ce train ? Non c’est quelqu’un qui m’en a parlé). J’ai aussi aimé la joie du conducteur de train quand il voit le bétail, les cowboys accueillis en fanfare à Abilène par une population affamée. Personnellement je n’ai jamais sauté de joie à la vue d’une vache, et il est bien parfois que le cinéma nous rouvre les yeux sur ce qu’on a, qui nous semble acquis, sans avoir besoin de recourir « à une bonne guerre » pour nous remettre les priorités en place. Il y a sûrement des tas d’autres trucs terribles à dire sur ce film, mais je vais laisser faire les spécialistes. C’est un chouette film, avec des indiens, de l’humour, Stumpy, des vaches, John Wayne et un brin de harcèlement patronal. Franchement, il n’y a rien à dire d’autre. Merci Arte.
Image: USMC sur Western Movies