Il n’y a pas que les supporteurs du Celtic de Glasgow qui ont en horreur Tina Turner – Simply The Best étant l’hymne du club rival, les Rangers. Les deux allemandes Stephanie Lange et Claudia Hossfeld, emmenées par DJ Ralf Behrendt au sein de l’éphémère entité Saâda Bonaire, ne doivent assurément pas porter celle-ci dans leur cœur. La raison ? Lorsqu’en 1984 elles s’apprêtent à sortir leur premier album, et ce, après avoir rencontré un certain succès avec le single You Could Be More As You Are, EMI censure finalement celui-ci afin de marquer sa désapprobation quant à son propre directeur artistique, coupable d’avoir explosé les budgets pour la production du Private Dancer de… Tina Turner. Monde de merde. Le groupe se sépare et l’oubli s’en accapare aussitôt jusqu’à ce que Mike Sniper de Captured tracks ne recontacte le précité Ralph Von Richtoven dans l’optique de rééditer un EP centré autour des enregistrements réalisés par la légende Dennis Bovell – ayant notamment travaillé avec The Slits et le Pop Group – au studio de Kraftwerk à Cologne. Les discussions vont bon train et c’est presque l’album jamais paru, avec des morceaux confectionnés entre 1982 à 1985, que la structure new-yorkaise sort le 12 novembre 2013, faisant montre d’une disco-funk arabisante, lambrissée d’électronique et parsemée de spoken word, qui n’est pas sans préfigurer certains aspects de Peaking Lights ou Glass Candy. Et c’est ainsi, trente plus tard, sans rien perdre de son attrait, que la musique de Saâda Bonaire renaît, se permettant même quelques relectures contemporaines dont la dernière en date par le trio Pharaohs, digne représentant dance-floor de la structure californienne 100% Silk.