« Ils se penchent vers l’amour ils se penchent comme ça toujours et Suzanne tient le miroir ». Ce sont des mots extraits de la chanson de Léonard Cohen, repris par Greame Allwright. Et la chanson accompagne le générique du film (interprétée par Nina Simone).
Cette Suzanne, on n’en saura pas tout bien sûr. Et c’est là la première qualité du film. La chronologie y est respectée mais, un peu comme on prend irrégulièrement des nouvelles d’amis ou de parents, il y a des trous dans ce déroulé du temps. La réalisatrice (Katell Quillévéré) n’a pas cherché à remplir les personnages de psychologie, elle ne nous en montre que les relations, sans porter de jugement sur ce qu’ils font, et nous entraînant dans leurs sillages. Nous nous attachons à eux selon ce que nous sommes, bien sûr. Avec Suzanne (Sara Forestier) dans ses coups de tête et sa détresse ; avec Maria (Adèle Haenel) dans sa présence attentive ; avec Nicolas (François Damiens) dans son inquiétude et sa perplexité ; et même avec Julien (Paul Hamy). Les personnages moins présents à l’écran sont aussi bien choisis : la tendresse, la violence, l’impatience, l’incompréhension, la patience, la tristesse, l’espoir, l’incertitude mais l’attachement quand même, l’attachement toujours, tout est à sa place. Nous sortons de la projection en pensant à ces personnages longtemps, longtemps : impuissants mais touchés.