Olivier Barbarant a récemment publié Elégies étranglées aux Éditions Champ Vallon. On peut lire sur le site deux notes de lecture de ce livre, l’une signée Ludovic Degroote, l’autre Isabelle Lévesque.
La voix basse est voix tombée
Et n’attend nul rédempteur
L’existence délabrée
Défaisant chaque couleur
Seuls quelques mots délavés
De la vie d’avant demeurent
Quand le temps s’est effondré
Un vers au ras du malheur
Palpitant et disloqué
Feint de faire entendre un cœur
On met sans rien réparer
La douceur face à l’horreur
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Parlons d’autre chose pour ne plus voir
Sous un ciel gris mauve fendu d’un peu de pluie
Un tout petit enfant s’appliquant à ranger des pétales de roses le long
D’une ligne de cendres
Parlons de l’averse de la couleur des marbres
Des croix des concessions en maisons miniatures
Tout cela sur quoi l’œil flotte sans parvenir à se poser
Sans qu’on distingue les visages embués non plus qu’au bord des cils une poudre d’eau grise
Ni les corolles des parapluies cachant la foule dont on n’aperçoit plus
En dessous qu’un jardin de jambes dissemblables
Parlons du métro dont l’enseigne clignote sur une place ronde
En bas de la pente où chacun reconnaît
Des commerces une boutique de fleurs en pots et deux ou trois cafés
Prévus pour les familles le temps que met un corps à se consumer
Parlons des terrasses criblées de feux vaguement bleus par les lueurs hauts perchées
Des réchauds à gaz à destination des fumeurs
Où si l’on disposait sans doute d’un œil d’aigle on verrait comme ici
Dans des récipients publicitaires vantant tantôt des bières tantôt de célèbres sodas
Au bout des braises là-bas tomber aussi des cendres
Olivier Barbarant, Élégies étranglées, Champ Vallon, 2013, pp. 31 et 55
Bio-bibliographie d’Olivier Barbarant