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Un écrivain, un vrai

Par Mathylde

« La téléréalité marche à fond, c’est l’avenir du livre. »



Petersen écrivain
Gary Montaigu, écrivain à succès, vient de remporter  le prestigieux International Book Prize.  L’appel de la gloire pousse les médias à lui proposer d’être la vedette d’une singulière émission de téléréalité nommée Un écrivain, un vrai.

 Sa femme, Ruth, qui se considère à la fois comme sa muse et comme son coach,  l’encourage à accepter que des caméras soient braquées 24 heures sur 24 sur lui dans l’optique de créer un roman participatif réalisé à l’aide des votes du public.   Mais très vite, Gary Montaigu se rend compte que son texte lui échappe :

« Ce n’était pas son roman, c’était le roman des autres. Le roman ne lui parlait plus.  il n’écrivait pas ce qu’il voulait lui, mais ce qu’on attendait de sa part, on lui indiquait le chemin à suivre. C’était fade, sans intérêt, sans enjeu. » 

 Ce que met en scène ce roman de Pia Petersen,  c’est bien la destruction du processus de création traditionnelle en même temps que les dérives de la téléréalité. À vouloir entrer dans les coulisses de la création, le public prend une emprise de plus en plus importante sur la liberté de  l’écrivain jusqu’à tenir sa vie entre ses mains. 

 « Est-ce que la bêtise allait écrire le récit du monde ? » 

 La littérature est en mauvaise passe : la métaphore du corps souffrant de Gary Montaigu souligne  le rapport fusionnel entre l’ écrivain et son œuvre en devenir, ne laissant aucune place pour autrui.  Et pourtant, de nombreuses personnes s’immiscent dans le processus de création.  Ruth,  quitte sa fonction de muse pour devenir peu à peu sa geôlière,  contrôlant  toutes les visites ou faits et gestes de son époux.

 La construction narrative de ce roman  m’a semblé très bien choisie, distillant du mystère et opacifiant cet écrivain qui a été jeté dans une lumière crue le détruisant peu à peu.

Roman sonnant comme un hommage à la Littérature,  ce texte de Pia Petersen,  a le goût d’une mise en garde.  L’artiste au travail doit rester solitaire et l’ombre doit planer sur l’écriture…  ou l’œuvre ne se fera pas.

 « Il dit que si la littérature créait ou relayait le mythe écrivait le récit du monde  alors la situation était dramatique parce que le roman se calquait de plus en plus sur la téléréalité. » 

Pia PERTESEN, Un écrivain, un vrai, éditions Actes Sud, 2013



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