Le cochon de gaza

De: Sylvain Estibal

Avec: Sasson Gabal(Tehilim,la visite de la fanfare),Baya Belaf(Incendies,A perdre la raison),Khalifa Natour(le fils de l’autre,Héritage),Ulrich Tukur(Rommel,Jean de la lune).

Sypnosis Allociné:Après une tempête, Jafaar, un pêcheur palestinien de Gaza, remonte par hasard dans ses filets un cochon tombé d’un cargo. Bien décidé a se débarrasser de cet animal impur, il décide toutefois d’essayer de le vendre afin d’améliorer son existence misérable. Le pauvre Jafaar se lance alors dans un commerce rocambolesque et bien peu recommandable…

Mon avis:Je voulais voir ce film depuis longtemps car la BA m’avait beaucoup fait rire enfin surtout la scène où le cochon est déguisé en mouton.Après l’avoir vu en entier,je me dis qu’en fin de compte le film est grave et triste malgré ses airs joyeux.Cela m’a permis de saisir d’autant plus ma chance de vivre là où je suis même si tout n’est pas facile et même si c’est une guerre non déclarée que nous vivons ici.Mais,rien de comparable à ce que vit les personnages dans le cochon de Gaza.

 Certes,ce n’est qu’un film et malgré sa légèreté apparente,voulue,mon petit doigt me dit que la réalisatrice s’est inspirée largement de la réalité de la vie en Palestine.On y voit des palestiniens qui sont chassés de chez eux,de leurs maisons et de leurs terres.Et depuis,un autre grand mur de la honte les sépare des israéliens.L’(anti)héros du film Jafaar,est un palestinien dont la maison est occupée jour et nuit par deux soldats.Sa femme et lui connaissent des temps durs mais font comme ils peuvent avec ce qu’ils ont.Les vitres de leur maison sont criblées de balle tandis que les murs sont éventrés par les explosions.Jafaar s’obstine malgré envers et contre tout.Chaque matin,il prend son bateau pour pêcher quelques sardines anorexiques et surtout des déchets divers comme un côté de savate par exemple.Puis,il se rend au marché pour essayer de vendre ses maigres poissons mais la concurrence est rude.Ce que sa femme ne sait pas,c’est que son mari s’endette de plus en plus.Et pendant ce temps,Jafaar s’accroche tant bien que mal sur sa bicyclette(plus toute neuve)en plein soleil et dans la poussière et ce,sur plusieurs kilomètres.Mais son quotidien bien tranquille va être bouleversé par l’arrivée d’un cochon dans ses filets.En effet,en tant que musulman il ne peut ni manger ni toucher l’animal considéré comme impur.Ce dernier ne peut pas également fouler le sol sain de la Palestine.Ce qui bien entendu réserve bien des aventures et des péripéties hilarantes.

Les personnages sont haut en couleur et très attachants notamment Jafaar malgré sa naïveté.Il y a aussi le casting secondaire qui vaut le détour comme le coiffeur excentrique aux ressources cachées ou encore le soldat qui regarde avec la femme de Jafaar les telenovelas mexicaines.Ce dernier rêve d’une vie loin d’ici avec sa femme et ses enfants ;il pense en tout innocence que si dans les feuilletons les gens peuvent faire la paix alors dans la vraie vie aussi.Chacun des personnages a leur propre problème,certains se taisent et d’autres jettent des pierres au péril de leur vie.Certains sont modérés,d’autres fanatiques,extrémistes dans leur façon d’agir et de penser.Juifs,palestiniens,israéliens vivent séparés les uns des autres sans jamais se rencontrer mais le cochon de Gaza leur réserve bien des surprises pour le meilleur et le pire.D’ailleurs,le cochon est peut-être le personnage le plus réussi et abouti de ce film parce qu’à lui seul,il bouscule toutes les traditions et révèle les contradictions de tout un peuple,d’un pays en souffrance.

Ce qui est dommage en revanche c’est que le final a tendance à partir en cacahuète en tombant presque dans la parodie peut-être que cela était voulu.En tous les cas,la fin m’a laissé sur ma faim et m’a semblé très inégale par rapport au reste du film.

Le « mot » de la fin : Un Cochon à Gaza çà ne s’invente pas,ça se regarde absolument !

14 sur 20