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Etudes sur le genre : être ou ne pas être... qui et quoi, quand et où et avec qui...

Par Sergeuleski

   S’il existe un champ de recherches qu’on appelle "études sur le genre" (gender studies), travaillant notamment sur la construction sociale des stéréotypes associés au genre, ces études ont vu le jour avec Simone de Beauvoir et son "On ne naît pas femme, on le devient" ; affirmation péremptoire, insolente (insolence juvénile) et dogmatique: dogmatisme qui cachait à l’époque très certainement, un sentiment de culpabilité très fort : n’oublions pas que nous sommes en 1949 ; issue d’un milieu bourgeois, elle-même bourgeoise - comme quoi,  et pour le coup … on naît bourgeoise et on le demeure ! -, Simone est lesbienne : de plus, elle a un penchant certain pour les jeunes filles bien plus jeunes ou bien moins âgées qu’elle ; un peu comme son compagnon de fortune… Jean-Paul Sartre qui, s’il était hétéro,  avait la réputation d’être un « queutard » d’étudiantes qui buvaient, bouche bée, entre autres beverages, ses paroles quasi bibliques… pour l’époque.

Avec Simone, il sera aussi question d’un deuxième sexe : le sien en l’occurrence même si… bien des années plus tard, des copines et des lectrices de Simone viendront affirmer que l’on n’est finalement sûr de rien en la matière : un sexe, deux, trois, voire quatre, peut-être cinq...

On y reviendra plus tard.

Pour l’heure… en voiture Simone !

"On ne naît pas femme, on le devient" : affirmation provocatrice en diable  pour l’époque qui ne comptait pas que des saints dans les rangs de l’existentialisme… entre deux procès de Moscou et le lynchage d’un  Kravtchenko dans notre beau pays de France. N’empêche, il devait être question d’un existentialisme qui serait contre toute apparence et toute attente… un humanisme.

"On ne naît pas femme, on le devient" : la vérité se situe bien évidemment au milieu comme toujours... à 12h  plus précisément, au moment où le soleil est à son Zénith - on y voit alors plus clair !

Certes ! On naît femme – ça, c’est un constat, une vérité de la nature, de la biologie, mais pas seulement : une vérité qui a pour référant…  l’expérience au quotidien (comportement, penchants… et sans que l’on nous y invite ou nous y force – j’ai moi-même aimé très tôt faire la guerre aux Indiens – les pauvres… ma sœur… non !) - mais... si on ne le devient pas pour autant puisque, comme on vient de le voir, on l’est déjà « femme »… disons que… la prise en charge de cette donnée de la nature et d’une grande partie du vécu au quotidien, de son cheminement, développement et variations, dès le plus jeune âge… s’effectuera, d’un être à un autre, bien évidemment selon la personnalité, le caractère, les aptitudes, les préférences ( si on préfère jouer au foot avec les garçons ou jouer à la marelle) de l’intéressée ; mais aussi… le pays, l’époque, la classe sociale et le milieu familiale auront une influence colossale : la mère que l’on a eue, et le père… (vaste programme à lui tout seul «  ce père »… dans le cas de figure qui nous occupe !).

Toutes sont femmes mais pas de la même manière ni façon.

« On ne naît pas femme, on le devient" tel un lapsus, ce cri du cœur plus que de la raison, ce cri venu du bas ventre aussi… a surtout semblé nous dire ou hurler : « On peut être une femme et préférer la compagnie rapprochée, très rapprochée même, jusque dans l’intimité, des hommes ! ».

En 1949, Simone de Beauvoir a cherché sans aucun doute à faire savoir à tout le genre humain et pas seulement au café de Flore, qu’elle était lesbienne ; elle a fait là son « coming out ». Le premier de l’histoire ?

Virginia Woolf sera plus discrète, il est vrai  : mais bon, vous me direz : c’est pas la même « école » ni le même pays et pas tout à fait la même époque… (Ah ! Contexte ! Contexte ! Quand tu nous tiens…) : Simone a commencé au moment où Virginia a clôturé : la mort en a décidé ainsi.

Ce qui a contrario, relativise quand même un peu la portée de son « on ne naît pas femme, on le devient » c'est bien le fait que ses intentions ne sont pas... comment dire ?....  pures car, à y regarder d'un peu plus près, Simone est bel et bien la première intéressée dans cette histoire. Il ne s’agit plus vraiment là d'une question d'ordre ontologique mais plus simplement d’une question de préférence « sexuelle » : après tout, dans l’absolu, avec qui on fait l’amour n’est pas constitutif de la totalité de l’être en soi et moins encore, de l’être en les autres – si on fait un moment l’impasse sur leurs préjugés… fluctuants au demeurant.

En revanche, celui ou celle avec laquelle ou lequel on fonde une famille… oui. Or, Simone n’en fondera pas.

Mais… on y reviendra plus tard.

En d’autres termes, qu’il soit ici permis de dire que si Simone n’avait pas été lesbienne, ce slogan à multiples tiroirs et cachettes n’aurait sans doute jamais vu le jour.

"On ne naît pas femme, on le devient" aura toutefois le mérite d’alerter une société sur le fait que l’on puisse en tant que « petite pisseuse de bac à sable » préférer la castagne avec les garçons que la poupée, le saut à la corde, la marelle ou la dinette.

***

   Bien des années plus tard, en 1990, arrive un ouvrage «Trouble dans le genre» et un auteur Judith Butler : elle a quarante ans ;  même si l’auteur s’en défend ICI… cet ouvrage nous conduira tout droit à la «Théorie du genre» dans le cadre des études de genre car jamais rien ne se perd ! Il est vrai qu’en tant qu’auteur, on ne saurait être tenu responsable de ce que vos lecteurs font comme choux gras ou maigres de ce que vous publiez car, il est bon de rappeler, qu’ un ouvrage échappe à son auteur dès sa parution – et ça se défend comme argument pour qui chercherait une excuse. A ce sujet, Butler mentionnera Lévi Strauss, l’anthropologique américaine et le structuralisme français comme antécédents, n’empêche… seul son ouvrage (on a oublié depuis Simone Beauvoir dont tout le monde a digéré et intériorisé une partie de son histoire de femme qui n’en serait pas une) suscitera un débat public et médiatique, les autres… non ! confinés qu’ils étaient – et sont -, dans des sanctuaires et cimetières intellectuels : là où les idées naissent et meurent de leur belle mort ignorées du plus grand nombre.

Judith Butler, tout comme Simone, est lesbienne mais pas bourgeoise pour un sou (comme quoi on progresse mine de rien) ; de plus, elle possède une solide formation philosophique.

Très tôt, elle sera en rupture avec son milieu familiale qui lui donne une éducation religieuse (le Judaïsme) et un idéal : le sionisme : elle fuira très très jeune, en claquant la porte. Aujourd’hui, elle est athée et anti-sioniste même si d'aucuns ne lui en demandaient sûrement pas tant. Qu’à cela ne tienne : un rebelle est toujours plus intéressant qu’un mouton : il vit plus longtemps et plus dignement. Au moins a-t-elle choisi pour elle-même. C’est une femme – oh pardon ! -, un être humain de genre féminin qui s’est construit ou re-construit, ce qui est tout à son honneur.

Et bien des années plus tard, elle ne s’est toujours pas embourgeoisée (quand on vous dit que ça progresse...)

   Sa fuite du cocon familiale lui fera très certainement échapper à la psychanalyse et à la psychiatrie en tant que patiente ; vampire et sangsue auxquels son milieu familiale n’aurait sans doute pas hésité à recourir en désespoir de cause. Tout comme la fuite face à un danger mortel vous permet de rester en vie, sa sortie fracassante et précoce l’a donc « sauvée ».  Elle avait de l’instinct Judith ! C’est sûr !

Est-ce exagéré d’écrire que Judith Butler intellectualisera et conceptualisera son malaise existentiel et sociétal (cet impératif catégorique de rupture avec sa famille et la société qui, très tôt, l’avait exclue et comme expulsée, la condamnant à la marginalité)… avec l’écriture et la publication de « trouble dans le genre » qui outre ses vertus thérapeutiques pour son auteur… remettra en cause tous les présuppositions fondamentales du féminisme occidental : c’est Simone et ses suivantes, lesbiennes ou non, que l’on culbute par-dessus leur balcon -, ainsi que les notions de « genre » inscrit dans le marbre d’une société qui en ignore une autre : celle pour laquelle le genre féminin ou masculin n’est en aucun cas une réponse à leur questionnement ontologique. Arrivent alors la vulgarisation et  la diffusion dans les médias de masse de la théorie Queer et des Gender Studies – études de genre qui nous conduira tout ce beau petit monde à la dissociation de l’identité sexuelle et de l’identité de genre, à savoir :

- L’identité sexuelle : je suis biologiquement, anatomiquement une femme ou un homme (vagin pour l’une ; queue pour l’autre).

- L’identité de genre : je me sens homme, je me sens femme… ou bien encore… ailleurs (Queer) indépendamment de mon identité sexuelle (de mon vagin ou de ma queue) : transsexuels, bisexuels, travestis et transgenres – à la fois homme et femme, physiquement et mentalement) des hommes et des femmes sortis d’un cadre hétérosexuel et homosexuel déjà trop étroit.

On remarquera que cette dissociation va bien au-delà de l’opposition traditionnelle : hétéro/homo.

   Judith Butler aujourd’hui nous parle ; elle a près de soixante ans :

   « Les études de genre décrivent les normes hétérosexuelles qui pèsent sur nous. Nous les avons reçues par les médias, par les films ou par nos parents, nous les perpétuons à travers nos fantasmes et nos choix de vie. Elles nous disent ce qu'il faut faire pour être un homme ou une femme. Nous devons sans cesse négocier avec elles. Certains d'entre nous les adorent et les incarnent avec passion. D'autres les rejettent. Certains les détestent mais s'y conforment. D'autres jouent de l'ambivalence... Je m'intéresse à l'écart entre ces normes et les différentes façons d'y répondre. »

Le marketing et la publicité (très bon marqueurs sociaux : enjeux financiers considérables… commerce oblige !) ont largement intégré tous les bouleversements dans les «  attributs homme/femme » : rôle, pouvoir, tenue vestimentaire…

   « Il se peut qu'existe une nature féminine, mais comment le savoir ? Et comment la définir? Certes, je peux parler en tant que femme. Suis-je tout entière contenue dans ce mot «femme»? Et est-ce que toutes les femmes sont représentées par ce terme lorsque je l'utilise pour moi? »

Là, Judith, tu  enfonces des portes ouvertes à la réflexion de nos sociétés à ciel ouvert depuis un bon nombre d’années maintenant.

   « Je pense aux personnes dont le genre ou la sexualité a été rejetée et je voudrais aider à l'avènement d'un monde où elles puissent respirer plus facilement. » A l’heure du mariage gay adopté dans toutes les sociétés occidentales… quant aux autres… transsexuels, bisexuels, BDSM, fétichistes, travestis et transgenres… »


En ce qui concerne la bisexualité, allez demander à une famille (une mère épouse et des enfants) de gérer la bisexualité d’un père descendu dans le parking de son immeuble se faire sucer par un amant ou un prostitué mâle avant de remonter partager le repas du soir avec toute sa belle petite famille ; ou bien encore, une épouse et mère descendue dans ce même parking se faire bouffer la chatte et godemicher par une copine avant de… (vous connaissez la suite)…

Pas évident du tout ma petite Judith de gérer ça en famille ! Alors, tu penses bien… la trans-sexualité… travestis, transgenres … là, tu vas tout faire sauter et je ne suis pas sûr que l’on puisse reconstruire quoi que ce soit.

   « De même, à propos du genre, nous ne pouvons pas ignorer la sédimentation des normes sexuelles. Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux. »

C’est bien ce que je disais : il faut des normes ! Mais… attention Judith ! Là, tu vas passer pour une réac !

   Et cette petite digression, courte au demeurant mais salutaire : « Enlever le voile, pour une musulmane, ce doit être un choix, comme le mariage pour un couple gay: personne ne vous oblige à vous marier, mais on vous en donne la possibilité. C'est une norme, mais ce n'est pas obligatoire. »


Belle démonstration de tolérance de Judith Butler qui, ici, en France, pourrait encore en remontrer à toute une bande d’activistes intolérants et dogmatiques,  fruit d’une idéologie qui, dans les faits, ne vous laissera pas un mètre cube d’air pour respirer si d’aventure vous souhaitez vous en écarter : l’affaire Dieudonné, les injonctions toute républicaine dans sa brutalité, celle des baïonnettes, d’un Vincent Peillon ministre de l’éducation à l’endroit de familles inquiètes quant à la nature du programme pilote « ABCD égalité » nous le prouvent une fois encore… brutalité d’un ministre qui doit très certainement cacher, ailleurs, un laxisme inavouable et une vie à  « double standard »  car, comme chacun sait, les tartuffes sont légion en politique : plus ils hurlent fort, plus ils tentent de couvrir une réalité dérangeante au possible. Et rien ne les arrête : on pensera à Cahuzac plaidant son innocence droit dans les yeux d’une Assemblée nationale qui n’a pas osé pouffer de rire car, tous se connaissent et se reconnaissent.

Mais, on y reviendra plus tard, ailleurs.

   A noter qu’aujourd’hui, Butler ne conteste plus la réalité des genres masculin et féminin et ses présupposés à la fois biologique et psychologique ou psychique ; le culturel n’occupant plus qu’une place qui ne remet pas en cause le bien fondé de ces présupposés.

Ah sagesse quand tu triomphes... c'est tout le bon sens qui triomphe avec toi !

***

   Les années ont passé, «Trouble dans le genre» a continué son chemin et pour ceux qui étaient motorisés, sa route, sans son auteur.

Confusion des genres... le malaise s’est accentué lorsque des prétentions universalistes ont été avancées ; prétentions qui ressemblent fort à une injonction d’obtempérer à propos de l’indétermination des genres, voire… de sa non-existence, faisant des hétéros (des homos aussi, embourgeoisés et pénards) bien assis sur leurs convictions, debout sur leurs deux jambes mais sans triomphe pour autant, des refoulés névrosés : c’est Knock qui fait son grand retour : un hétéro bien dans sa peau (et un homo), c’est un Queer et un Trans-sexuel qui s’ignore.

Il est bon de savoir que les "gender studies" sont conduites en priorité par des homos et des lesbiennes, sans famille ni enfant. Est-ce à dire que ces études seraient devenues leur mauvaise conscience à tous ? Mauvaise conscience qui alors relativise la portée universaliste et la puissance de raisonnement de tous ces acteurs « juge et partie » pour lesquels ces études sont autant un sujet dans lequel s’investir intellectuellement indépendamment du fait qu’ils puissent être tous concernés en priorité qu’une thérapie ?

Certes ! On se soigne comme on peut et tout questionnement est salutaire d ‘où qu’il vienne. Ce qui est regrettable, ce sont les conclusions qui peuvent être tirées d’un tel questionnement ; conclusions qui confirment la mauvaise conscience qui taraude leurs auteurs.

Finalement, on se demandera s'il n'y a pas plus "aliéné" qu'un chercheur- chercheuse-militant-militante en "gender studies".

Et puis, qui nous dit que tous ces LGBT (lesbiennes, gays, bi-sexuels et trans) ne sont pas les victimes d’un conditionnement culturel ? Cette nouvelle génération –là, post de Beauvoir et post-Butler, ne serait-elle pas aujourd’hui hétéro si elle n’avait pas baigné dans une autre culture que celle des LGBT ?

Quant à prétendre que la négation de la notion de genre est réactionnaire… ce qui serait réactionnaire ce n'est pas de nier cette notion mais... ce serait de nier qu'il ne puisse jamais y avoir  un décalage entre le sexe biologique et l'identité sexuelle d’une personne ; et  rares sont ceux qui le nient : tout le monde connaît la problématique transsexuelle ; la souffrance d'une femme dans un corps d'homme, d'un homme dans un corps de femme.

Il n'y a pas plus femme qu'une lesbienne finalement ; j'en veux pour preuve le fait qu'elle recherche en priorité la compagnie des femmes et non celle des hommes, et le fait qu’elle ne se trompe jamais : Simone de Beauvoir non plus quand elle mettait dans son lit de jeunes étudiantes. Idem quant à l’homosexualité qui n'envisage pas d'intimité avec une femme. Eux tous ne s'y sont donc pas trompés quant à leur capacité à pouvoir identifier un homme, partenaire sexuel potentiel, et une femme… selon le cas.

   A propos du pouvoir et de la domination masculine et hétéro... et si c’est « ringard » de n’être qu’hétéro… on pensera à Beatriz Preciado (auteure espagnole) qui se dit queer : elle a la réputation de ne jamais se déplacer sans un gode ceinture de 26 cm (rien moins ! Attention les dégâts !) avec une seule idée en tête : pénétrer tout ce qui de près ou de loin ressemble à un cul ou à une chatte… à partir de quel âge ? Elle ne précise pas ; et pour les animaux non plus.

A son sujet, on peut être sûr d’une chose : si elle est queer, elle est aussi et surtout une femme qui n’a qu’un regret : ne pas être un mec obsédé bi-sexuel équipé d’une bite de 26 cm de long. Et ça, si c’est pas ringard ou réac comme aspiration, alors, les mots n’ont plus aucun sens.  

   Qu'on se rassure tous : les hommes existent bien et les femmes aussi. Ceux qui nous le rappellent, et avec quelle acuité et quelle urgence ! sont ceux qui, nés homme, n’ont qu’un désir : être femme ; et ceux qui, née femme, n’ont qu’un souhait : devenir homme.

Il suffit de se pencher sur leur souffrance à tous - jusqu’à se donner la mort parfois (même après une opération et un changement d’état civil) -, pour réaliser à quel point l’homme est homme tout simplement parce qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de souhaiter être une femme, et la femme… être un homme en l'absence de tout appel intérieur d'une exigence incompressible pareille à une peine insoutenable.


Curieusement, ce n’est pas la norme qui confirme cette loi mais… la rupture avec cette norme qui nous guide, nous tire et nous ramène vers cette loi d’une nature-culture décidément têtue et qui plonge dans le désespoir celles et ceux qu’elle maltraite injustement ; nature-culture qu’il serait vain de dissocier jusqu’au divorce et tout aussi spécieux de dénoncer car après tout, un transsexuel est autant guidé par la nature que par la culture : celle de la civilisation auquelle il appartient et qui lui aura permis l'identification du mal qui le ronge tout en pouvant l’expliciter ( je suis une femme dans un corps d’homme et vice versa)ainsi que la possibilité d'une remise en cause encore impensable aujourd'hui sous d’autres tropiques ; la remise en cause d’un état de naissance qui, pour toute le monde, bafoue la liberté, et qui, pour quelques uns,  est à l'origine d'une bévue qui frise la bavure, la nature pour seule responsable.

Qu’il soit alors simplement permis à chaque être humain d’être ce qu’il doit être et qui il doit être pour se tenir debout, fier et digne ! Même si on ira jusqu'à lui conseiller, s'il appartient à une minorité, d'éviter de s'attaquer frontalement à une majorité sans pitié à l’endroit de ceux qui osent semer le doute quant au bien-fondé de son arrogance fruit d’une ignorance et d’un manque de compassion chroniques, mais pas seulement car, la vérité est un mille-feuilles, et rares sont ceux qui demandent du rab car, avec elle, on est très vite rassasiés.

   Toujours sur le chapitre du « réactionnaire»… que ceux qui souhaitent encore réfléchir là où plus personne ne se pose de question, le mariage gay fut exemplaire à ce sujet, en soient remerciés car ils nous permettent d’appeler à la barre la culture, et pas simplement à un "parce que c'est mon choix et que j'y ai droit"  infantile et dictatorial qui clôt tous les débats et empêche la rencontre d’esprits éclairés, informés et avisés. Et cette non-rencontre est à déplorer, toujours !

Et si une mobilisation conservatrice ou dubitative aura déployé autant d’énergie, mieux vaut un débat musclé... qu'une indifférence aux faits de société ou une adhésion béate irréfléchie et moutonnière. Des questions auront été posés et re-posées à l'occasion de ce projet de loi (Elisabeth Badinter, Sylviane Agacinski) qui fait aujourd'hui Loi. Le débat ré-ouvert au sujet de la filiation, de la famille... des notions importantes auront été rappelées à ce sujet.

Certes ! Le passé a prévalu chez ceux qui se sont opposés à cette loi. Gardons toutefois à l'esprit le fait que le Passé est une version du Présent, incomplète certes ! mais... notez qu'il s'agit quand même du Présent. Finalement, c'est un peu une partie de notre histoire qui nous aura été contée. 

Quant au camp d'en face,  qu'avait-il à dire, à rappeler sur la famille, les enfants, la filiation, l'adoption... le rôle parental, les religions... pas grand-chose sinon…moins encore, enfermés qu’ils étaient dans un « même droit pour tous » qui n’explique et n’éclaire rien et qui cache très certainement le vide d’une pensée « slogan » et « valise ».

Face de cette résistance au mariage homo, personne ne posait et ne se posait plus aucune question. Un seul verdict a prévalu à l’encontre des opposants à cette loi : "Homophobie » et « fascisme ».

Georges Bernanos (pour ne citer que lui) qui se serait opposé à ce « mariage pour tous » aurait donc rejoint le camp des fascistes et des homophobes ?

A tous, on leur laissera la responsabilité d’un diagnostic aussi farfelu qu’intellectuellement indigent tout en sachant que l’on préférera de loin des êtres revêches aux moutons bêlants. Et si la contestation d’un tel projet de loi fait exception, partout en Europe, cette exception culturelle propre à la France ne nous rabaisse nullement ; cette exception est porteuse d'espoir car elle fait de nous un Peuple encore insoumis. Et par les temps qui courent, ça peut être utile.

On accueillera toujours comme une bonne nouvelle tout débat même intolérant et personne ne nous imposera un communautarisme contre un autre.

***

   Privés de famille (couple avec enfants), tous ces militants-chercheurs de l’anti-genre sont-ils encore seulement capables de comprendre sur quoi se fonde la société ? Comment le lien social perdure-t-il ? Si nombreux sont ceux qui sont en rupture avec leurs origines, noyau familiale qui les a fait et vu naître et qui les a accompagnés jusqu’à la rupture, sont-ils encore néanmoins à même de garder à l’esprit que la société moderne, qui regroupe des individus autonomes, tient par la « convention », des usages et des normes au service d’un ordre social plutôt stable mû par la volonté d’agir conformément à la raison et à l’intérêt général ? Une raison qui se développe à travers une intériorisation de normes transmises par les institutions.

Et qui font-ils de cet homme indéterminé, dans un environnement qui le serait tout autant…  un environnement fluctuant, aux normes changeantes, voire…privé de conventions, un homme qui se construirait seul au gré de ses humeurs, de ses envies, de ses pulsions… sans aucun souci de l’intérêt général ?

Un monde dans lequel seul importerai la préoccupation suivante : « Qu’est-ce que je veux » et non pas… « qui suis-je ? Et qui sommes-nous, nous tous... tous ensemble ? ».

Si d’aucuns se complaisent dans l’indéterminisme, devons-nous pour autant faire semblant de le partager tout en refusant de comprendre ce que l’on sait : qui nous sommes, et pourquoi ?

Ou bien alors, nous proposent-t-ils d’organiser la société autour d’êtres humains incapables de se déterminer, des êtres humains centrés sur eux-mêmes, sur la satisfaction seule de leurs pulsions, envies, humeurs, sans responsabilité envers quiconque, sans chercher à contribuer au bien-être collectif et à l’intérêt général … errant dans les rues, tels des zombis, la dernière relation dite « sexuelle » qu’ils viennent d’avoir ne leur ayant toujours pas permis de savoir qui ils étaient pour eux-mêmes et pour l’autre non plus qui n’en avait sans doute rien à faire… et de son partenaire pas davantage ?

On se guérit comme on peut : soit avec des cachetons (merci la psychiatrie !) soit avec un investissement de soi sur soi dans un monde qui n’attend personne au bord de la route et n’écoute qu’une voix : celle du bon sens dans le sens de ses affaires et du contrôle… encore et toujours le contrôle.

De plus, la stratégie qui consiste à conspuer la majorité afin de parvenir à trouver sa place en tant que minorité - et plus encore si cette minorité est privée de tout prestige et d'influence -, est une erreur que cette majorité fait payer très cher à quiconque s'obstine à vouloir la discréditer ; quant au choix d'une posture victimaire, déjà très sollicitée sans relâche depuis un bon bout de temps, il semblerait, aux dernières nouvelles, que l'on ait déjà capter et pomper de cette majorité toute l'attention compassionnelle dont elle est humainement capable. Par conséquent, il ne reste que quelques miettes qui combleront difficilement toute espèce d'appétit, pantagruélique de surcroît, de commisération générale pour une cause qui, pourtant, en vaut bien d'autres.

   Il se pourrait bien que les "gender studies" dans sa composante qui nie le genre  ne soient qu’une version hypertrophiée du féminisme, sorte d’excroissance : perte de contrôle intellectuel et puis, celui des faits. Insatiabilité… toujours plus de raisonnements et d’affirmations péremptoires qui, là encore, doivent bien cacher, bon an mal an, une difficulté d’être au monde, et une culpabilité inconsciente ou non ; celle propre à tous les êtres en rupture dans une société du consensus mou et passif.

Car enfin… c’est bien la norme qui permet à quelques "happy few", pour peu qu'ils le soient "heureux", de s’en affranchir, en sachant que si l’exception est permise, si elle enfreint la règle, c’est qu’elle ne la remet pas en question ; et c’est souvent la solidité de cette règle (norme, usage, convention) qui permet de s’en départir en toute sécurité, ouvrant ainsi les portes de la dissidence et de la rébellion au service d’un vivre autrement tout à fait gérable par tous.

   Aussi, il a de fortes chances que tous les pourfendeurs du genre aient besoin d’un ordre social solide grâce à sa majorité hétéro et minorité homo socialement stabilisée – mariage, pacs ; ordre social qui bon an mal an nous protège du chaos d’une indétermination généralisée qui ouvrirait une boîte de Pandore libérant ainsi tous les maux qui jalonnent notre histoire et son parcours d’une cruauté auquelle la raison ne survivrait pas longtemps.

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   Une analyse des "études sur le genre" dans sa version extrémiste, celle qui nie le genre : on y trouvera à boire et à manger... il ne sera pas nécessaire d'avoir faim ou soif pour se laisser tenter.


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