merci à José M
On vendit le chien, et la chaîne,Et la vache, et le vieux buffet,Mais on ne vendit pas la peineDes paysans que l’on chassait.Elle resta là, accroupieAu seuil de la maison déserte,A regarder voler les piesAu-dessus de l’étable ouverte.Puis, prenant peu à peu conscienceDe sa forme et de son pouvoir,Elle tira d’un vieux miroirQui avait connu leur présence,Le reflet des meubles anciens,Et du balancier, et du feu,Et de la nappe à carreaux bleus Où riait encore un gros pain.Et depuis, on la voit parfois,Quand la lune est dolente et lasse,Chercher à mettre des embrassesAux petits rideaux d’autrefois. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle