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Une époque formidable où la châtaigne est mieux traitée que la femme

Publié le 02 février 2014 par Pimprenelle2

Il y a peu de jours deux infos se sont télescopées sur mon écran. Le choc fut rude. J’ai préféré oublier, attendre le moment d’en parler sans emballement inutile sans colère qui puisse paraître aux yeux des malveillants hystérique.

Donc le même jour je lis que la châtaigne d’Auvergne bénéficie dorénavant d’une appellation protégée alors que le(s) droit(s) des femmes à disposer de leur corps est mis à mal mort chez nos voisins ibériques.

Bien sûr je suis heureuse pour la châtaign

e, non en fait je m’en tape, je me refuse d’entrer dans cette polémique, me retrouver avec la communauté corse sur le paletot en léopard, la communauté du marron qui va me ramener sa fraise hérissée de piquants pourquoi pas moi pourquoi pas moi. Mais moi les fruits protégés, je m’en méfie.

De protégé à défendu il n’y a qu’un pas, on connait le processus, il y a un précédent, une pomme qui nous est restée en travers le gosier une pomme qui nous poursuit depuis la nuit des temps, nous reléguant nous les femmes, nous la moitié de l’humanité, à jamais au rang de minorité, minorité de coupables, condamnable

s condamnées à la peine capitale à volonté.

Contester l’existence de nos âmes, nos droits à la parole, nier nos corps, les enfermer, les martyriser, les lapider, les exciser, les violer, les marquer à la lettre rouge de l’infamie, j’en passe sous silence, pour des siècles et des siècles. Et de couvrir nos corps, appel à la luxure, nos cheveux rappel d’une pilosité autre, plus basse, appel à la concupiscence. Parce que le vrai mystère nous l’abritons dans nos ventr

es, parce que l’arcane majeur de la voix royale nous le maintenons bien à l’abri des regards. Nos ventres si vivants palpitants, sanguinolants, chauds et humides. Nos ventres, ces continents noirs qui se déchirent pour donner la vie, qui explosent dans la surgissante jouissance. Car nul ne peut comprendre le secret de nos évanescentes et violentes petites morts, nul homme ne peut savoir où nous nous évadons, évadons dans un cri libérateur, les yeux intensément clos,  de l’emprise de leurs bras. Nul ne peut comprendre nos jouissances, s’en attribuer la cause ou la raison, nul ne peut se targuer d’en avoir le mode d’emploi. Notre plaisir nous appartient, nos org

asmes sont indomptables.

Et l’homme faut comprendre n’aime pas ne pas comprendre, l’homme qui ne comprend pas a peur. L’homme bousculé de la répulsion à la fasci

nation dans un incessant va et vient, a appliqué la manière forte durant des millénaires.

Et puis … Times are changing. La terreur avait coulé à flots sur les champs de bataille, la force est devenue accessoire de foire, la société a dû faire une place aux femmes , redéfinir leur place leur rôle, leur donner le droit de

vote, au travail, et enfin enfin à la contraception, à disposer librement de leur corps.

Times are changing, mais pas tant que ça. Times are changing. Rétro-pédalage. La crise s’abat sur le vieux monde, l’homme a peur. Encore. Certains évoluent, légifèrent,  accueillent les changements avec bienveillance. Chaque action provoque une réaction, chaque avancée une reculade, et voilà donc nos droits fondamentaux, nos acquis de haute lutte remis en cause.

Et je me souviens des larmes de Simone Veil, sa dignité insultée, debout, belle et courageuse, victorieuse, face à des gougniafiés élus du peuple.

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Je me souviens de Gisèle Halimi portant la parole et rendant leur honneur à 343 salopes déclarées et combien d’autres.

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Je me souviens de ma grand-mère si vertueuse, si parfaite qui du bout des lèvres avouait être passée maître dans l’art de la manipulation du persil et de l’aiguille à tricoter. Je me souviens de l’autre grand-mère celle que je n’ai pas connue, morte des œuvres d’une faiseuse d’anges, à 27 ans à peine.

Battage de pavés, battages médiatiques, enfumage étourdissant, nos libertés ne sont pas leurs valeurs, nos libertés leur fait froid dans le dos. C’est ballot.

Parce que moi, j’ai eu de la chance, la chance de n’avoir pas à me faire avorter, à ne pas avoir me mettre la conscience au court-bouillon, parce que toutes n’ont pas eu, n’ont pas, n’auront pas cette chance, je suis fière de m’auto-clamer, si nos illustres prédécesseurs(ses) m’y autorisent SALOPE, SALOPE en lettres capitales, SALOPE comme lettres de noblesse.

Alors vous les défenseurs des valeurs chrétiennes, vous les chevaliers pourfendeurs de nos avancées libératrices, nul ne songe à vous imposer l’avortement, le divorce, le mariage gay, rien ni personne ne vous oblige à commettre des actes que vous jugez abjects, personne ne vous juge, soyez sympas, faites en de même. Et puis allez donc bous chercher une cause à défendre une pomme, une poire, un autre fruit que celui de nos entrailles


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