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VI. Suite logique

Publié le 02 février 2014 par Romuald Le Peru @SwedishParrot

Une nouvelle plongée dans mon quotidien, un quotidien qui fait peur, plein de fantômes et de visions extatiques à l’intérieur des églises, de pleurs et de sourires. Je suis un grand romantique solitaire. La vie n’est pas si laide que ça, non ?

Samedi 01-02

La semaine prochaine promet d’être plus calme que la précédente. Comme tous les samedis, je me lève tôt, tout simplement parce que j’en ai pris l’habitude, pas de réveil ; je garde un rythme naturel.
Lors de mon prochain voyage, je vais me retrouver dans un pays qui vit avec le soleil, où la vie commence à six heures du matin, où le soleil se couche à six heures du soir et où l’on éteint les lumières à 22h00.
Je suis allé chercher mon permis de conduire international à la préfecture hier, après deux heures de queue interminable. C’est fou tous ces gens qui viennent chercher leur permis ici , ce sont autant de gens qui l’ont perdu à un moment donné et qui l’ont donc repassé. Autrefois, il n’y avait que ceux qui venaient de l’avoir. Les temps sont vraiment bizarres…

Il y a quelques jours, je cherchais une photo de classe sur laquelle je pouvais apparaître dans les innombrables tas de photos qu’on peut trouver sur internet, sur les sites d’anciens camarades et autres petites perversités dans ce genre et j’ai eu un choc, un vrai gros choc. J’ai retrouvé une photo d’une classe de terminale en 1993 sur laquelle j’ai reconnu un visage. Pas n’importe quel visage, le visage d’un démon déguisé en ange. J’ai connu cette fille en manteau vert qui pose d’un air très décontracté, très naturel, parce qu’en réalité cette fille était l’incarnation de quelque chose de hautement raffiné, quelque chose que j’aimais dans son regard clair et son visage innocent, en apparence. Derrière ces apparences brûlait le feu de la passion.

Julie

Lycée Romain Rolland - Argenteuil - Terminale A1 - 1993

Je suis impressionné de voir à quel point cette photo est fidèle à la réalité de l’époque. Qu’est-elle devenue ? Je n’en sais franchement rien et je crois que je n’ai pas tellement envie de savoir. Cette jeune fille est associée dans mon souvenir à la ville de Florence, parce que nous nous sommes retrouvés tous les deux au même endroit, la même année. Cette photo a été prise un an après. Aujourd’hui, si mes calculs sont bons, elle devrait avoir 38 ans. Et elle devrait toujours s’appeler Julie.
Je ne sais pas pourquoi, mais penser à elle me rend nostalgique.

Ezan (1’53”) - The music of islam (volume 10)
Qur’ân recitation, Istanbul

Aujourd’hui je me transporte à İstanbul, pour écouter l’ezan, tout en m’occupant de mes photos du 19 août 2012 prises entre Çavuşin et Avanos, jusqu’en des lieux que je ne pensais pas pouvoir exister sur terre. Ce soir là soufflait le vent mystique qui m’a emporté à tout jamais.

Hier soir, j’ai regardé à nouveau The place beyond the pines que j’ai eu la chance de voir dans l’avion pour la Thaïlande. C’est un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir ces dernières années. Si je suis capable de parler avec profusion d’un livre ou d’un tableau, je suis bien incapable de le faire avec un film, je ne sais pas bien pourquoi. La semaine dernière j’ai regardé La Taupe avec Gary Oldman ; je ne sais pas si c’est parce que je n’étais pas concentré ou quoi, mais je n’ai absolument rien compris. Du début à la fin.

Définitivement, je pense que ma capacité à me révolter ne fonctionne qu’à retardement, avec de la maturation.

Fugue de Nénin - Pomerol 2009
J’ai retouché plus de 200 photos dans la journée, fait une sieste de deux heures, acheté une bouteille de Pomerol 2009 (une fugue, Château Nénin, cépages Cabernet franc et Merlot), un vin complexe et intense, très boisé, que je vais boire avec un Pont-l’Évêque, parce que je sais vivre, bordel !
Le Pont-l’Évêque est le seul fromage qui mérite un aussi bon vin !

Dimanche 02-02

Il va quand-même bien falloir qu’un jour je termine ce carnet de voyage en Turquie qui remonte maintenant à l’été 2012. Voici bientôt un an et demi que je suis revenu et je n’ai toujours pas clos ce chapitre. C’est dire tout de même à quel point ces choses-là vivent encore en moi. Le plus dur est de retrouver les noms, mais en me plongeant dans les photos, en regardant les indications que je prends en photo quand je ne note pas, je finis par remettre un nom sur un lieu. Mes noms de photos sont pleins de mots turcs, je préfère les originaux aux copies, parce qu’en plus c’est tout de suite plus facile pour demander son chemin quand on est sur place. Parfois on se laisse surprendre par des lieux qui surgissent devant nous sans qu’on n’ait rien demandé à personne et parfois, ils n’existent dans aucun guide et c’est tout juste si on peut se repérer sur une carte. Je suis certain que parfois, les locaux doivent se dire « de toute façon, que veux-tu que les touristes viennent faire dans ce coin perdu ? du coup pas besoin de refaire la route, on va laisser comme ça… »

Mustafapaşa - Vallée des églises de Sarıca - Turquie - août 2012

Mustafapaşa - Vallée des églises de Sarıca - Turquie - août 2012

Je revis parfaitement clairement ces instants passés un peu rapidement à Mustafapaşa, notamment dans la Vallée des églises de Sinassos (Sinasos Vadisi), découverte parce que j’avais envie de sortir du chemin balisé par les panneaux, là où personne ne va, ou encore de la vallée des églises de Sarıca (prononcer sareudja) — je dis bien LES églises car si on se contente de regarder du côté indiqué par les panneaux, on ne rend même pas compte qu’il y a aussi des églises dans la vallée. Je pense aussi au petit chemin impossible, sur une crête rocheuse, qui va jusqu’à l’église de Pancarlık (prononcer pandjarleuk). Il y a tant encore à raconter. Dans peu de temps d’ailleurs pour cette partie-là de mon voyage.

Tranches de pain grillées, beurrées et confiture de poires, au soleil chaud, tandis que dehors fondent doucement les petites couches de glace qui se sont déposées sur les pare-brises.

Dix-huit heures de vol, je ne compte pas l’escale, plus six heures de décalage horaire, voilà ce que je vais me prendre dans la figure. Il ne faudra pas compter sur ces vacances pour se reposer, on verra ça plus tard.

Après-midi absolument pas productive. Un coup de barre après déjeuner et j’ai embrassé mon oreiller pendant deux heures, entortillé dans un plaid doux comme l’enfer ; ma coupe de cheveux trahit mon forfait. N’importe qui pourrait voir ce qui m’est arrivé. Je me suis fait un thé parfumé que j’ai bu brûlant, j’ai préparé de la pâte à crêpes (deux accents circonflexes) et j’ai larvé. Est-ce que par hasard les week-end ne serviraient pas à ça ?

Vocabulaire du jour :

  • hiç : aucun
  • uzak : loin
  • ama : mais
  • ile : avec, postposition, règle d’harmonie vocalique
  • lazım : nécessaire, il faut
  • yorgun : fatigué, yorgunum : je suis fatigué
  • şu anda : en ce moment
  • şimdi : voilà
  • gitmek : aller
  • gelmek : venir
  • kadar : jusqu’à
  • nazik : aimable
  • Bu et şu : le deuxième exprime quelque chose de plus lointain que le premier

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