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Prix Nadal 2010 pour ce roman, Clara Sánchez aborde les rivages troubles et
pourtant lumineux sur lesquels vivent, dans le sud de l’Espagne, des criminels
nazis. Non des moindres. Julián, presque aussi vieux qu’eux, les a longtemps
chassés en compagnie de Salva, un ami comme lui rescapé de Mauthausen. Salva
lui a écrit une lettre posthume pour suivre une nouvelle piste, la dernière.
Une belle piste : toute une communauté d’anciens responsables du régime
hitlérien, soudée et organisée en confrérie dans laquelle ont été introduits
des éléments plus jeunes. Sandra, une jeune femme enceinte, vient d’y tomber
sans le savoir.
Julián, qui connaît la puissance du mal, ouvre les yeux de Sandra pour qui
il se prend d’affection. Tout en l’utilisant afin d’atteindre son but :
punir les criminels. Il assume la haine qui le tient encore debout alors qu’il
attend surtout la mort. Il sait qu’il fait prendre des risques à Sandra même
s’il lui conseille souvent de s’éloigner pour échapper à la vengeance qui
s’abattra sur elle quand son rôle d’informatrice de plus en plus volontaire
aura été dévoilé.
Roman à deux voix, celles des personnages
principaux, Ce que cache ton nom
dessine une trajectoire tendue comme celle d’une flèche vers sa cible. Clara
Sánchez introduit, dans ce parcours, une enquête sur un mystérieux produit
grâce auquel les membres de la race dominante, ayant échoué à dominer le monde,
conservent une partie de leur jeunesse. Comme ceux-ci, on y croirait presque.
Mais le voile se lèvera sur tous les éléments d’un récit auquel on s’attache
malgré les ambiguïtés de quelques protagonistes, ou plutôt grâce à ces
ambiguïtés. Car, si les fautes des uns sont évidentes, les motivations des
autres le sont en réalité beaucoup moins : les nombreuses années passées
depuis la guerre auraient pu atténuer la haine et conduire à protéger les
innocents. Ce n’est pas tout à fait le cas.