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Carrefour de la Libération, à Vitry-sur-Seine (94)

Publié le 04 février 2014 par Onarretetout

dub

Cette œuvre de Dubuffet, placée fièrement au milieu d’un carrefour de Vitry-sur-Seine, près du Mac-Val (Musée d’Art contemporain du Val-de-Marne), je ne l’avais toujours vue que comme symbole phallique. J’aurais dû me douter qu’il y avait autre chose à y voir. Mais je ne fais souvent qu’y passer. Elle est aussi comme un phare, une balise, une indication sur le chemin.

Jusqu’à cette écoute d’une émission de Vincent Josse, sur France Inter. Le ton de l’émission hebdomadaire me plaît, cette sorte d’intimité qui s’en dégage, et qui accompagne les déplacements qu’il m’arrive de faire en voiture le samedi soir. C’était L’atelier d’Edmond Baudouin. Je ne connaissais pas cet auteur – illustrateur de bande dessinée et je découvrais ce qu’il disait de son intérêt pour les poètes, de sa technique.

Je traversais, ce soir-là, Vitry, regrettant de n’avoir pas à portée de main mon appareil photo pour saisir ce visage sur l’immense mur peint à ma gauche. C’est à ce niveau qu’Edmond Baudouin raconta qu’il dessinait, vers l’âge de quatre ou cinq ans, les images de charniers que les journaux publiaient au sortir de la guerre. Aujourd’hui, disait-il, on se serait inquiété, on m’aurait présenté à un psychiatre… Mais c’était pour lui d’étranges images. Il savait ce que c’était, des corps entassés, il y voyait aussi des racines enchevêtrées.

La sculpture de Dubuffet était alors devant moi. Les traits que je vis sur son socle se mêlèrent aux mots de Baudouin. Le socle devint un siège sur lequel était assis un étrange personnage décharné, dont l’énergie était toute tendue vers le ciel. Et je passai. Je devais y repasser quelques heures plus tard et je m’étais promis de vérifier mon impression au retour.

Cette impression fut confirmée ce soir-là.

J’ai appris par la suite le titre de l’œuvre : Chaufferie avec cheminée. Sur le site du Ministère de la Culture, on peut lire ce texte de Raoul-Jean Moulin : «Flamme de résistance et de liberté, elle s'élance familièrement au devant de nous, en laissant affleurer, dans la contorsion de ses formes et de ses couleurs, la mémoire d'une espérance dont il nous faut anticiper les signes». Mais ce n'est pas une flamme, c'est la fumée qui rejoint les nuages...

Merci à Dandylan pour la photo (suivre le lien dans la colonne de droite)


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