La blanche de Bruges représente la bière de l'amitié entre le héros Brice et le jeune militaire en permission Tanguy. Cet alcool populaire poursuit Brice puisque c'est à l'occasion de la mise en bière du corps paternel, qu'il éprouve l'envie de reprendre contact avec le mentor de ses premières fois : premier pot alcoolisé, première clope, première balade en scooter, premiers émois sexuels (premiers ébats aussi). Tanguy l'a fait grandir. Brice a maintenant atteint la quarantaine, il ressent le besoin d'un retour vers le passé.
Roger Wallet alterne la description de la fin de vie du père (avec un enterrement d’anthologie, proche d'une scène de Mauvaises nouvelles de Donald Westlake) et la période trouble de la guerre franco-algérienne (conflit armé et exactions là-bas, manifs et répression ici). Le retour des permissionnaires les met face à cette réalité : ce qu'ils vivent sur le terrain est monstrueux, fait de tortures, de violence à autrui, de viols aussi. La volonté de déserter cet enfer en devient salutaire, pour leur âme, pas pour celle des hauts dignitaires de l'armée qui gèrent/ digèrent la situation sans la subir frontalement. Des hommes de Laurent Mauvignier parle également avec délicatesse de ces civils blessés, à jamais meurtris par ce conflit qui mit un temps fou à se nommer guerre. Roger Wallet l'aborde au détour de réflexions de pilier de bar souvent choquantes ou d'anecdotes, sans pour autant en faire un thème majeur. L'heure est à la réconciliation : familiale avec les derniers adieux au père détesté à tort, amicale avec les retrouvailles avec les copains d'avant
Éditions G&g (101 pages)
LV de Zazy que je remercie !!!!!!
