Les trois frères

De : Didier Bourdon et Bernard Campan.
Avec : Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus, Antoine du Merle, Marine Jolivet, Annec Jacquemin, Bernard Farcy, Elie Semoun, Marie-Christine Adam, Yolande Moreau, Bruno Lochet, Claude Berri...
Genre : Comédie.
Origine : France.
Durée : 1 heure 40.
Date de sortie : 13 décembre 1995.
Synopsis : Le même jour, trois hommes découvrent qu'ils sont frères et héritent de 3 millions. Mais dix jours plus tard, l'héritage est détourné... et la galère commence pour trois frères qui n'ont que faire d'être frères.
Bande annonce française
"- Et en plus vous fumez ?
- Bah j'ai pas ma seringue, t'as pas du shit ?"


Il y à des films (comme "Love actually" dont je parlais récemment), je peux les voir des centaines de fois, je ne m'en lasse jamais et le résultat est toujours aussi efficace sur moi. Et bien "Les trois frères" fait parti de ses films. Culte par excellence, à l'approche de la sortie en salles d'une suite qui me tarde de découvrir, j'ai donc décidé de replonger dans cette famille pour mon plus grand plaisir.
Faut dire aussi que le scénario écrit par Didier Bourdon, Bernard Campan et Michel Lengliney est juste excellent. Pourtant comme ça il ne paie pas de mine mais il reste diablement efficace avec ses répliques cultes à chaque minutes, cet humour qui fonctionne à merveille et aussi cette touche de tendresse qui fait que malgré leurs défauts, on ne peut pas détester ses frangins. On à même beaucoup de sympathie pour eux et on à envie de les soutenir dans leurs déboires tant il semble aussi égoïste et hypocrite que maladroit et touchant.
C'est d'ailleurs, au delà de l'humour qui marche toujours sur moi, un aspect de cette histoire que j'ai toujours beaucoup aimé. Oui, leurs caricatures est poussés à l'extrême mais à côté de ça, ils réussissent à faire vivre avec beaucoup de crédibilité leurs personnages. On ressens les fêlures de ses grands enfants orphelins qui au final vont se chercher et apprendre à grandir un peu, à faire face à leurs responsabilités. Certes l'évolution est facile, elle est aussi prévisible mais dans leurs imperfections, je trouve que le portrait qu'on nous dresse d'eux et très tendre au point qu'on à du mal à vraiment leur en vouloir, on a même envie de les aider.
J'ai beaucoup aimé aussi le regard acide sur la société. Le film à beau avoir plusieurs années au compteur maintenant, il reste autant d'actualité qu'un sketch des Inconnus. C'est d'ailleurs aussi ce qui fait la force de ce film, ce petit côté intemporel qui fait qu'on arrive à se moquer des travers d'une société, des travers que l'on peut encore rencontré. Justice, famille, consommation, travail... tout y passe et si parfois on à l'impression de retrouver un peu l'âme de "la télévision des Inconnus", ce long métrage réussi cependant à avoir son identité propre en tapant toujours juste.
Le film doit aussi son succès au trio des Inconnus qui fonctionne toujours. Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus - respectivement Didier, Bernard et Pascal Latour - porte vraiment le film sur leurs épaules. Il y à une alchimie dans ce trio qui fonctionne, une alchimie que l'on retrouvé déjà dans leurs sketchs et qui saute encore plus aux yeux dans ce long métrage tant ils sont complémentaires à tel point qu'on est jamais choqués de les considérer comme des frères. Ils ont beaux être demi-frère dans le récit, il y à un côté fraternel dans leurs interprétations qui fait que l'on y croit.
Toujours dans la caricature et dans l'auto-dérision, ils ne sont en tout cas jamais risible car au delà de la finesse du scénario qui ne nous fait pas tomber dans des dialogues trop clownesque (c'est drôle sans avoir à se forcer), les acteurs ont réussit aussi à ne pas surenchérir dans leurs jeux. Il ne surjoue que lorsque c'est nécessaire, chacun équilibrant bien la balance afin que personne ne soit mis plus en avant qu'un autre. Les Inconnus sont aussi bien aidé par le jeune Antoine du Merle qui fait un excellent Michael. Très touchant lui aussi, j'ai beaucoup aimé sa façon tout en légèreté de jouer son rôle avec en plus dans le regard un petit quelque chose qui fait que l'on ressens bien l'admiration et le plaisir que son rôle peut avoir vis à vis de la découverte de cette nouvelle famille.
Et c'est vraiment ce quatuor qui va réussir à nous émouvoir et à nous faire rire durant tout le long métrage. Cependant, bien que secondaire, le reste de la distribution n'est pas en reste pour autant. Marine Jolivet est agaçante juste comme il faut en Christine, Anne Jacquemin fait ce qu'elle a à faire en Marie même si son personnage est parfois un peu lisse et c'est toujours un plaisir de revoir Bernard Farcy en Steven accompagné d'Elie Semoun en Brice dans le rôle des collègues de Pascal. Que dire aussi de la "famille" de Didier, caricature très jouissif de la famille jouant sur les préjugés ou encore de l'huissier et du notaire qui nous offre des scènes forts marquantes également. Au passage, c'est aussi sympathique je trouve, même si c'est le temps d'une apparition de revoir Yolande Moreau et Bruno Lochet dans le rôle des patrons du PMU ou encore Claude Berri en juge même si ce dernier ne fait pas grand chose.
La réalisation de Didier Bourdon et Bernard Campan est elle aussi très soigné. On est loin de la simple comédie française lambda qui ne fait que poser sa caméra et raconter son histoire. Ici, les réalisateurs optent vraiment pour une démarche artistique en cherchant à avoir des plans variés qui permettent au film de ne jamais tomber dans la monotonie. Alors oui, il n'y à pas toujours de très grandes recherches, le sujet n'en ayant pas besoin, mais j'ai trouvé la succession des plans plutôt bien pensés et la mise en scène loin d'être linéaire. On suit le récit mais la caméra semble vraiment vivre l'aventure et bouger en même temps que les protagonistes comme lors de la scène du polaroid qui est bien pensé je trouve.
Le très bon montage aide aussi à rendre l'ensemble très fluide et très dynamique. On ne s'ennuie vraiment pas une seule seconde et même lorsque l'humour redescends un peu au profit de l'émotion, le film ne nous perds pas grâce à cette réalisation soignée et efficace. Les différents décors sont bien exploités au même titre que les costumes jouant sur les caricatures également tout en reflétant aussi un peu l'évolution sociale de nos héros. Quant à la bande originale composée par Didier Bourdon et Olivier Bernard accompagne bien cette comédie aussi sans jamais l'étouffer avec en prime "Doux daddy" interprété par Catherine Ringer dont le thème accompagne bien le film et la chanson qui clôture bien ce spectacle.
Pour résumer, "Les trois frères" est la comédie populaire française réussie par excellence. Culte, le film se bonifie vraiment avec les années et s'avère être toujours aussi efficace avec des scènes et des répliques qui nous restent toujours en tête. Faisant bel et bien parti du patrimoine cinématographique français, les Inconnus prouve qu'il est possible de faire une comédie qui fonctionne sans avoir à tomber dans le grand guignol ou le sur-plein de surenchère. Avec un scénario assez fin je trouve mêlant humour et tendresse, une distribution convaincante et une réalisation très plaisante, ce long métrage n'as décidément pas fini de me faire marrer et c'est toujours un plaisir pour moi que de le redécouvrir. Reste plus qu'à attendre la suite (j'ai quelques craintes car la barre est quand même haute avec ce film) mais en tout cas des années après sa sortie, "Les trois frères" continue de me faire rentrer dans leurs familles pour mon plus grand plaisir. A voir et à revoir.
Liens divers :

• "Doux daddy" interprété par Catherine Ringer