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Quand le Sionisme confronte l’Antisémitisme

Par Epastol

Aux abords de la Place Vendôme, sous des drapeaux d’Israël, un œillet blanc à la main, ils hurlaient tous à haut voix « Justice pour Ilan ». Il n’y avait plus d’enjeu – la garde des Sceaux eut écouté leurs revendications et fait appel au parquet pour un nouveau procès pour les quatorze membres de la bande de Fofana.Quand le Sionisme confronte l’Antisémitisme Quand le Sionisme confronte l’Antisémitisme- Et pourtant ils étaient tous là, 250 membres de la communauté juive, en « soutien à la famille d’Ilan ».

Des adolescents, kippas vissées sous le crâne, des femmes, mines graves, des hommes, visages assombris de colère. Plus d’enjeu, certes, mais aucun débat sur l’antisémitisme non plus. Car non depuis le Shoah un Juif n’a été tué car il est Juif, fait valoir le Bureau National contre l’antisémitisme. « On avait l’opportunité de mettre le débat sur la table, c’est une occasion ratée » regrette Gilles Taieb ; président de la Ligue de Défense Juive, estimant que les peines écopées par les complices de Fofana n’étaient pas « exemplaires ».

Bronzé, bouche dentue, c’est lui qui assure le rôle de porte-parole pour ce mouvement collectif asphyxié. Tenu par le silence qu’ils tiennent si fortement à vaincre. Comme s’ils revivaient les vingt-quatre jours de « calvaire » d’Ilan en direct. Une éternité qu’aurait pu être rompu d’un simple coup de téléphone anonyme. Au microphone, le président est loin de demander l’anonymat : « Tout le monde devait savoir la torture que Ilan a vécu…pour qu’il n’y ait plus de cas comme lui ».

Dans la foule, Ginnette Kamoun, 76 ans l’écoute d’un air affligé. Ancien enfant caché pendant la deuxième guerre mondiale, elle s’agrippe à son œillet blanc, pour elle symbole de l’antifascisme en 1939. Par peur que l’Histoire se reproduise. « Les complices d’Ilan, elles savaient ce qu’ils faisaient et après ils demandent pardon…c’est comme les Allemands », s’indigne-t-elle.

Non loin d’elle Marie Gasne, une sexagénaire bien soignée, hoche sa tête. « On ne savait pas qui ils s’étaient, ni ce qui s’est passé dans le prétoire » dénonçant ainsi comme beaucoup d’autres la tenue du procès en huis-clos.

Brandissant une pancarte à l’effigie d’Ilan Halimi, David Attia, 17 ans, lui ressemble. Même pommettes hautes, teint hâlé, il essaye de se frayer un passage à travers les cordons de gendarmerie. « Personne n’a bougé pour Ilan, nous on va bouger » s’écrie-t-il. A la révolte collective, s’accompagne la panique. « Fofana, il va sortir à 50 ans, à 50 ans il pourra faire encore la même chose » tressaille David comme une feuille. Un peu écarté, Sandra Abitboul, auréolé de ses cheveux roux, regarde le groupe des jeunes, visiblement anxieuse. « Moi, j’ai un fils de 21 ans, ça aurait pu être lui », dit-t-elle, émue.

L’émotion forte cède à la violence. Des paroles flambées évoquant un retour de « la peine de la mort », brisent la loi du silence. Des hurlements contre le ‘barbare’ Fofana qui « aurait été brûlé s’il se trouvait dans son propre pays (ndlr Côte d’Ivoire) », rime désagréablement du lynchage. La cruauté froide de Fofana qui a « sodomisé » Ilan, rencontre celle des Juifs. Intransigeant devant l’horreur des faits. Torture, séquestration, assassinat. Incapable de pardonner les complices de Youssef Fofana, dont la jeune femme appât, qui « à 17 ans était mûre », s’insurge Jean-Claude Bellaiche, moustache tombante. « Les Juifs n’avaient pas manifesté leur émotion pendant tout le procès afin de ne pas mettre la pression sur la Justice » explique Joel Magui, président du consistoire central de France. C’est ainsi qu’elle se manifeste maintenant. Sur les lampadaires, chacun y va placer leur œillet blanc. A la fin de la manifestation, les bouquets fluorescents débordaient.


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