Ces deux poèmes sont extraits du livre La connaissance du Soir (1945).
Pensefable
Le ciel est un songe innocent
Qui meurt des clartés qu’il s’ajoute
Quand le soleil jaunit la route
Dont il est le dernier passant
A force de rire avec elle
L’espoir nous a pris la raison
Dans la nuit qui sort des maisons
Nos étoiles battent des ailes
La terre s’ouvre et sent le pain
Quand la mort des feuilles l’embaume
Le vent ne sait où vont les hommes
Et conte aux ailes de moulins
Que sous des iris d’azur sombre
La mort a caché les yeux noirs
Où chaque larme est le miroir
D’un monde trop lourd pour des ombres
Le Large
Ce n’est pas son nom qui le grise
Mais qu’il soit murmuré tout bas
Le secret d’un cœur qui se brise
Dans des voix qu’il ne connaît pas
Quand toute plainte lui révèle
De quoi sa peine avait pleuré
L’homme entend son cœur qui l’appelle
Dans les voix qui l’ont ignoré
Ainsi chaque étoile voit-elle
La nuit des sommets s’accomplir
En formant dans la nuit des ailes
Le bruit que quelqu’un va venir
Lui son mal est la pitié même
Ce qu’il est s’efface à son tour
Et pour lui rendre ce qu’il aime
Retourne à la pitié du jour
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