l'histoire : En 2022, le crime devient légal pendant une nuit. Les Sandin, petite famille tranquille, ne risquent pas de l'oublier. Car ils vont vivre un calvaire, et vont se montrer aussi bestiaux que leurs agresseurs, pour défendre leurs vies.
La critique d'hdef :
Sorti à l’été 2013 (en août, pour être précis), American Nightmare (The Purge en VO) a fait son petit effet.
De quoi ça cause ? D’un futur proche où le crime est légal pendant 12 heures, une seule fois, une seule nuit dans l’année. Cela a non seulement pour but de nous « purifier » de notre violence intérieure, mais aussi de réduire la criminalité…et la pauvreté, car les plus modestes n’ont pas les moyens de se défendre face à une horde de gosses de riches fanatiquement cathos qui débarquent dans leur maison à coups de pied de biche pour les massacrer, car ils sont « des éléments inutiles de la société ».
Et je ne vous parle pas des SDF, embrochés sans aucun problème en pleine rue. Le film commence par une succession de flashs infos nous montrant la « purge » de 2019, de 2020, de 2021 dans des états des USA différents. Puis nous débarquons dans la voiture d’Etan Hawke, avec un plan séquence en contre plongée où nous le voyons téléphoner. Il vend des systèmes de sécurité pour se protéger le jour de la purge, et vient de faire aujourd’hui un chiffre de vente excellent. Nous découvrons ensuite que sa famille est dans une passe un peu compliquée. Le fils a les yeux rivés sur la télécommande de son petit « timmy », un jouet télécommandé avec caméra incorporée, qu’il balade à distance dans la maison. Sa sœur, elle, aime en secret un homme un peu plus vieux qu’elle, ce qui fait enrager son père. Le dîner en famille s’avère donc glacial, froid, plein de ressentiments et de non-dits, captés avec talent par James DeMonaco grâce à une caméra à l’épaule judicieusement choisie. Puis la « nuit » commence. La nuit de la « purge ». La purge représentant évidemment une mesure extrême d’un groupe de catholique d’extrême droite, qui y voie surtout un moyen d’exterminer les immigrés dans les rues.
Etan Hawke met donc en marche son système de sécurité. Tout se passe bien pour l’instant. Mais tout va basculer ! Je ne vous raconte pas la suite (mais en fait, je vais un peu le faire quand même), car ce serait vous gâcher le plaisir du trip ultra-jouissif que propose DeMonaco (désolé !). Le home-invasion devient double, car un SDF pénètre chez eux dans le but de se cacher, et une bande de terrifiants yuppies violent le système de sécurité pour venir chercher le SDF en question et, au passage, tuer la famille de Hawke, les Sandin. Le tout est toujours filmé en caméra à l’épaule, mais de manière très lisible, grâce à un montage savant. Le point noir reste le suivant : l’idée d’avoir coupé l’électricité ne s’avère pas si géniale, car le film devient à un certain moment une sorte de partie de cache-cache un peu trop étirée, et filmée comme dans Paranormal Activity. Lorsque les yuppies pénètrent dans la maison, le film entame sa seconde partie, après une heure de belle frousse et de réflexion sur la nature humaine. Dans le cas des Sandin, auriez-vous livré ce SDF pour être tranquille ? Obsédante question, qui nous fait remonter au débat philosophique de Rousseau et de Hobbes, comme quoi l’homme est ou non violent par nature.
Mais revenons-en à la seconde partie. Ne pouvant revenir en arrière, les Sandin sont obligés de jouer le même jeu que leurs adversaires, et être aussi cruels. Ils n’ont pas le choix. Le père tue ainsi plusieurs des assaillants à coups de fusil à pompe, et participe à une scène de combat captivante contre deux des « méchants », l’un ayant une hache. Il finit par les tuer tout les deux, et repart de la pièce, le sang sur les mains. Dans un sens, il s’est lui-aussi « purifié ».
Les Sandin reçoivent ensuite l’aide de leurs voisins pour éliminer les agresseurs, qui étaient même prêts à tuer les enfants et à violer la mère. Certains passages intenses évoquent d’ailleurs Straw Dogs (comme le fait remarquer Jean-Baptiste Herment dans Mad Movies) mais aussi The Hill have Eyes de Craven. Mais le sommet de l’ironie sociale arrive là : après avoir SPOILERS SPOILERS SPOILERS !!!!!! aidé les Sandin à éliminer leurs bourreaux, on se rend compte que les voisins ne l’ont fait que pour pouvoir tuer les Sabdin eux-mêmes ! Comme dans une partie de chasse. Ils les attachent donc tous, et se préparent à les tuer, car ils les détestaient depuis le départ, pour des raisons d’une affolante puérilité (vous êtes plus riches que nous, vous nous faites de l’ombre dans le quartier). Mais le SDF arrive au dernier moment (comme à chaque fois dans le film) pour sauver la petite famille, et à sept heures du matin, une fois la purge finie, tout le monde retourne chez soi… en attendant l’année prochaine ! FIN DES SPOILERS.
Et à ce moment, il est temps d’émettre un avis sur le film. Tout d’abord, personnellement, ce film est un film d’horreur, et on peut considérer un film d’horreur comme réussi si l’on y flippe. Logique ? Logique. J’ai flippé. American Nightmare arrive effectivement à terrifier le spectateur grâce à des méchants d’autant plus abominables qu’ils sont finalement… réalistes. (« Plus le méchants est réussi…
- Oui, ça va on connaît !!! »)
Cela est encore amélioré par une excellente interprétation, notamment pour la voisine blonde, absolument exécrable. Et pour le coup, quand madame Sandin lui fracasse la tête contre une table au point de lui exploser le nez, on se dit en son for intérieur « Dans ta face, là !!!!!!!!!! ». Réaction débile, j’en conviens, mais que vous aurez tous à la vision de ce trip très agréable et ficelé avec métier.
Néanmoins (ah ! Je passe en mode rabat-joie), The Purge possède aussi un certain nombre de défauts, qui n’enlèvent rien à son statut d’œuvre prometteuse, mais qui gâchent réellement le plaisir que l’on a à suivre les mésaventures de la famille Sandin.
Premièrement il y a le gros problème des incohérences : d’abord le postulat de départ franchement con (pas très logique de réduire la criminalité en l’autorisant, car on peut se douter que certains « purgeurs » vont vouloir recommencer avant la prochaine purge), ensuite la manière ont chaque protagoniste est tiré d’affaire : toujours au dernier moment. Le fils à un flingue posé sur le front, et juste avant que l’assassin tire, papa Hawke débarque. Idem pour la mère. Idem pour la fille. Idem pour toute la famille en même temps, lorsqu’ils sont sauvés par le SDF. Donc bon, une fois, ça va, mais si le petit cliché est amusant a début, il devient carrément gavant à la fin (tiens ! Je fais du Jean-Baptiste Herment !).
Deuxième problème : le personnage d’Henry, amant de la fille Sandin. Sa mort est expédiée, alors qu’il aurait été plus malin de le faire vivre jusqu’à la fin, et qu’il tente de tuer Hawke à la dernière minute, pour faire un rebondissement final !
Il y a aussi le chef des assaillants, parfaitement répugnant, qui aurait mérité une mort plus violente qu’un coup de pistolet. Vu qu’ils ont des haches, il y aurait pu avoir autre chose que des tirs sans arrêt, car ces haches prometteuses d’une vraie boucherie dans les règles de l’art (de lard) sont trompeuses. C’est aussi un peu ce que je reproche au film. Si les scènes de violence sont plutôt efficaces, c’est surtout la brutalité psychologique qui confère tout son pouvoir au film. Et ce film, ce n’est pas You’re Next !
Enfin bon, quoiqu’il en soit, American Nightmare reste une critique couillue de la société américaine… de demain.
Note :13.5/20