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Rencontre : Christophe Gans, réalisateur de «La Belle et la Bête»

Publié le 09 février 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Mardi 4 février, après avoir assisté à la projection de « La Belle et la Bête », le réalisateur, Christophe Gans, et le producteur, Richard Grandpierre, sont venus à notre rencontre. Ils partagèrent avec nous leurs réflexions, idées et expériences dans un ton très simple et dès plus amical.

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Christophe Gans et Richard Grandpierre après la projection de « La Belle et la Bête »

Christophe Gans commença par qualifier son long-métrage de « film pour tous ». Un conte de fées, tel que « La Belle et la Bête » lui permet de regrouper une vaste étendue de spectateur de tous âges et de toutes cultures. Le fantastique est un genre très peu répandu dans le cinéma français, ce même cinéma qui est ringard pour une génération de spectateurs … Christophe Gans continu en affirmant voulant prouver le contraire. Il pense que de nombreux bons films français sortent tous les ans mais qu’ils sont perdus dans la masse, constituée de nombreux films très dispensables. Le réalisateur ajoute qu’il a été très pointilleux avec ce genre, prêtant attention à chaque détail du décor ou encore des costumes.

« La Belle et la Bête » fût une production évidente ! Les producteurs et différentes aides financières furent très simple à convaincre, le nom du réalisateur et des acteurs aidant à cela. De plus, le film ne coûtera que 35 millions d’euros : une production peut coûteuse par rapport à des films de ce genre.

Christophe Gans et Richard Grandpierre rigolent sur le fait que la production de « La Belle et la Bête » se révéla à l’opposer de celle de « Le Pacte des loups », qui fût plus catastrophique. D’ailleurs, même si les deux films possèdent un côté fantastique, Christophe Gans souligne que les deux films sont bien différents. « Le Pacte des loups » est un one-shot, un condensé de plusieurs genres et de plusieurs références bien distincts. Il serait impossible de refaire un film dans le même esprit et l’inscrire dans une cohérence. « La Belle et la Bête » s’inscrit plus dans un ensemble, un genre singulier : celui du conte de fées. D’ailleurs, les studios américains n’ont cessé d’en produire comme « Blanche-Neige et le chasseur » ou « Jack, le chasseur de géants ».

Le réalisateur marque bien une différence entre ces productions américaines et la sienne. Avec « La Belle et la Bête », il est resté dans un respect de l’œuvre littéraire et ne cherche pas à démanteler ses principaux axes. À l’inverse, les productions américaines prennent juste le nom des personnages et livrent quelque chose de très différent. Il remarque que la Blanche-Neige de « Blanche-Neige et le chasseur » lui fait plus penser à une Jeanne D’Arc plutôt qu’à l’héroïne du conte de fées. « La Belle et la Bête » est plus culturel et ne cherche pas à créer une nouvelle franchise …

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Christophe Gans a pris le temps de répondre aux questions

Christophe Gans et Richard Grandpierre continuent en précisant que si le film n’a coûté que si peu d’argent, c’est grâce à la minutie et au travail rigoureux établit avant le tournage. Ainsi, un story-board détaillé, où tout était réglé au millimètre près, facilitait les prises de vues sur le tournage.

Le fait de tourner intégralement le film sur fond vert, mise à part une scène, aida également au bon déroulement du tournage. L’équipe du film n’a pas été surprise par des intempéries ou autre retard dû à la météo comme il avait été le cas sur celui de « Le Pacte des loups ». Ses fonds verts ont permis à Christophe Gans de mieux gérer son long-métrage et avoue avoir été rassuré par cela, par peur que le tournage dérape de nouveau comme avec « Le Pacte des loups ». Richard Grandpierre rigole en ajoutant que lui n’était pas plus rassuré car il ne voyait que des acteurs sur des fonds verts. Il entendait Christophe Gans lui dire : « T’en fais pas, là il y aura de l’herbe, là des arbres et là un écureuil » mais lui n’arrivait pas à visualiser tout cela ! Au final, le tournage de « La Belle et la Bête » n’aura duré que 57 jours.

La post-production se déroula tout aussi bien malgré les nombreux effets spéciaux à créer. Ils ont eu la bonne idée de les répartir dans différentes boîtes d’effets spéciaux, suivant les spécialités de celles-ci. Ainsi, les spécialistes des arbres s’occupaient des arbres, les spécialistes des poils et fourrure de la Bête, et ainsi de suite …

Un blogueur demanda si Christophe Gans et Richard Grandpierre avaient présenté le film à des enfants et s’ils avaient bien réagi au visuel de la Bête. Le réalisateur s’empressa de rassurer tout le monde, car oui il a présenté le film à des enfants et oui, ils ont bien réagi ! Christophe Gans pense que tout fonctionne avec des enfants si les péripéties mènent à de l’émotion, à laquelle les enfants sont très réceptifs. Il souligne qu’il voulait une Bête sexy et avait dit, avec humour, à Vincent Cassel : « De toute façon, la Bête sera plus belle que toi ! ».

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Vincent Cassel dans le rôle de la Bête

Puis, Christophe Gans parla des différentes influences et références de « La Belle et la Bête ». Naturellement, des clins d’œil au long-métrage de Jean Cocteau sont présents. Plus surprenant, Il avoue être influencé par le rapport de taille des Totoros dans « Mon voisin Totoro » de Hayao Miyazaki. Il s’en est servi pour ces différentes créatures qui possèdent un rapport de taille entre eux, mêmes si ces créatures sont différentes entre elles. Il finit en nous informant que la mythologie a été aussi un facteur d’influence important dans son traitement de l’histoire, avec ses nombreux personnages.

Un blogueur remarqua les nombreux points communs avec le film de Ridley Scott, « Legend ». Christophe Gans ne nous cacha pas qu’il fût sûrement son inspiration première, c’est d’ailleurs le seul film qu’il demanda à son équipe de revoir avant le début du tournage. Les deux longs-métrages ont en commun le traitement très picturale de leur image. Ridley Scott et Christophe Gans ont les mêmes goûts en matière de peinture et cela se ressent dans ces deux films.

Une autre source d’inspiration fût les jeux-vidéos, dont le réalisateur français a livré une adaptation de l’un d’eux avec « Silent Hill » en 2006. C’est la notion d’espace en 3D qui l’a énormément aidé dans le traitement de « La Belle et la Bête », notamment le fait qu’il n’y ait pas réellement de frontière entre différents espaces comme la réalité et les rêves. C’est ainsi que les scènes de rêves dans « La Belle et la Bête » trouvent une fluidité très jolie.

D’ailleurs, avant de se pencher sur une adaptation de « La Belle et la Bête », Christophe Gans avait travaillé sur le conte « La Belle au bois dormant ». Dans cette ébauche, il y avait cette notion de rêve et ce traitement avec des frontières non-limitées. Même si le projet n’a jamais vu le jour, Christophe Gans s’est resservi d’idées et thèmes. Même si un film ne se fait pas, il ne travaille jamais pour rien car il se ressert régulièrement d’inspirations qu’il a eu dans ses projets non-finis.

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Christophe Gans nous prouva qu’il été avant-tout passionné

Il ajoute que le film n’a jamais été envisagé pour être en 3D, même s’il possède l’envie d’en réaliser un. La 3D n’a jamais fait parti du concept du long-métrage. Il souligne que même si « La Belle et la Bête » n’est pas en 3D, il possède un certain relief dans ses plans …

Christophe Gans nous parle alors du traitement des deux personnages principaux. Il a toujours vu la Bête comme un sur-homme raffiné. Il s’est énormément inspiré des films de la Hammer avec des monstres comme les loups-garous. À la manière de David Fincher et de Ridley Scott, notamment dans « Alien », il a travaillé sur le côté « vénération de l’ennemi » où c’est un être intelligent, menant la danse et étant plus malin que les héros du long-métrage. Avec le personnage de Belle, il souhaitait aller à l’inverse du film de Jean Cocteau, en mettant la part féminine en avant. Touché par ce côté de l’histoire et prenant ce nouveau point de vue, il livre une version à la fois différente et très complémentaire.

Il conclut cette rencontre en affirmant que son intention était clairement de faire un film d’effets spéciaux. Pour lui, le cinéma, dans ces débuts, amenait un dépaysement à travers des décors et lieux assez reconnaissables pour le spectateur. Puis, les réalisateurs ont amené les spectateurs dans leurs propres têtes, en offrant des décors et lieux uniques. C’était son but premier pour « La Belle et la Bête » : offrir aux spectateurs un véritablement enchantement et leur offrir un conte de fées aux décors exceptionnels.

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Christophe Gans est resté après la rencontre afin de dédicacer et prendre des photos avec les blogueurs présents

Avec cette rencontre, j’ai découvert un homme à la fois très simple et passionné Il a pris le temps de dédicacer et prendre des photos avec les blogueurs présents. Au final, ce fût une rencontre très riche en partage que nous proposa Christophe Gans durant plus d’une heure.

Rencontre avec Christophe Gans et Richard Grandpierre après la projection de « La Belle et la Bête », dans les locaux de Pathé à Paris, le 4 février 2014.


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