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Subbuteo : 22, les flicks !

Publié le 10 février 2014 par Hongkongfoufou

hkff logo Par Hong Kong Fou-Fou

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A Fury Magazine, on aime le foot. Certains ont plutôt la science du terrain, d'autres celle des gradins. Il y en a même un qui croit que le foot, ça se joue à quinze, avec un ballon ovale. Etre assis dans une tribune, dans le vent ou la pluie, à regarder vingt-deux types décérébrés (souvent) et surpayés (toujours) se disputer une baballe, ça peut sembler ridicule, et pourtant c'est aussi intense et poignant qu'une tragédie grecque (surtout si l'Olympiakos est sur le terrain, évidemment). Je vais être honnête, moi je n'y connais pas grand-chose en foot. Je confonds Mario Balotelli et Diego Forlan ; pour moi l'équipe de France, c'est toujours Marius Trésor et Rocheteau ; je ne peux dire qui a gagné la Coupe du Monde en 1978 que parce que c'était écrit sur mon sac de sport : Argentina 78. Côté pratique, ce n'est guère mieux, je raterais un pénalty face à un gardien coincé du dos en train de finir pépère sa grille de sudoku. J'ai des circonstances atténuantes, bien sûr : j'habite une ville où le foot n'a pas vraiment droit de cité et, enfant, ma santé fragile me disposait plutôt aux maths qu'aux matches.

Mais j'aime le foot. Surtout sa dimension sociale et culturelle. Combien de bonnes chansons ont été écrites en hommage à ce sport ? Combien d'écrivains ou de réalisateurs de cinéma ont été inspirés, directement ou indirectement, par ce sport ? J'aime la culture casual, enfin, avec sa passion immodérée pour les belles fringues.

La réédition du célèbre jeu de football de table, le Subbuteo, c'était une aubaine pour moi. Pas besoin de courir pour de vrai, pas besoin d'enfiler un moche survêtement, on peut jouer en peignoir de soie, en buvant un cognac et en fumant sa pipe, on n'en est pas essoufflé pour autant. Alors comme les enfants, ça se manipule facilement, je n'ai eu aucun mal à convaincre mon fiston d'en commander un à Noël. Après quelques parties, le constat est rassurant : un vrai jeu, c'est quand même autre chose qu'une bête simulation sur console style FIFA.

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Le Subbuteo a été inventé en 1947 par le sujet britannique Peter Adolph. même si le genre existait déjà depuis les années 20, à l'initiative de marins qui ne pouvaient pas jouer pour de vrai sur leur bateau par manque de place ("Un ballon à la mer !", au bout de dix fois, ça ne fait plus rire). Il voulait baptiser son jeu "hobby" mais comme on lui a refusé ce nom, il s'est rabattu sur "subbuteo", qui est le nom latin du faucon hobereau. Bizarre ? C'est simple, en fait : falco subbuteo ou Eurasian hobby, c'est la même bestiole Et Peter Adolph était ornithologue. Qu'est-ce qu'on élargit ses connaissances en lisant Fury Magazine, on devrait être subventionné par le Ministère de la Culture. Le principe du jeu est simple, chaque protagoniste fait glisser l'un de ses joueurs sur un terrain en feutrine, en lui donnant une pichenette (flick, en anglais. D'où le slogan de la marque : "Flick to kick". Ils sont pénibles, ces gens, les choses sonnent toujours mieux dans leur langue), pour qu'il déplace à son tour le ballon. Le but étant de le propulser dans les buts, justement. La boîte originale contenait deux équipes, chaque joueur étant une vulgaire silhouette en carton fixée sur un socle lesté. Le terrain n'était pas fourni, il était expliqué dans les règles qu'il fallait prendre une couverture de l'armée (c'est vrai qu'en 1947, il devait y avoir des stocks conséquents) et tracer dessus le terrain à l'aide d'une craie, présente dans la boîte. Ce n'est qu'en 1961 que les silhouettes en carton ont été remplacées par des figurines en plastique. Le jeu a alors véritablement explosé, de très sérieuses compétitions ont été organisées et perdurent encore aujourd'hui. Avec de vrais arbitres, parce que ce qui est bien, dans le Subbuteo, c'est qu'on peut faire preuve d'autant de mauvaise foi que dans le vrai foot, on peut déplacer le ballon avant de tirer un coup franc, jouer la montre, tout ça. Le Subbuteo était le jeu N°1 pour les gamins dans les années 60-70, surtout en Angleterre mais aussi en Espagne et en Italie. Outre l'intérêt du jeu lui-même, ce qui a fait son succès, c'est aussi certainement la multitude d'accessoires qu'il était possible de se procurer pour ajouter du réalisme  à la partie : des tribunes, des bancs de touche, des pylônes avec projecteurs. Pour animer ces décors, arbitres, entraîneurs, journalistes et spectateurs étaient disponibles. Même des policiers à cheval pour éviter les débordements. La Reine d'Angleterre a aussi eu droit à sa figurine Subbuteo. Tous les grands clubs, toutes les équipes nationales, existaient à l'échelle OO. Il y avait même des figurines vendues non peintes, pour que le supporter frustré d'une obscure équipe de troisième zone puisse les peindre à ses couleurs et recréer ainsi ses défaites récurrentes.

Par la suite, d'autres sports ont eu droit à leur version Subbuteo, comme le rugby, le cricket, le baseball, la course automobile. Même la pêche à la ligne... qui a évidemment moins bien marché.

Voilà ce qu'est le Subbuteo, que je vous conseille évidemment de pratiquer. Même si, au début, vous risquez d'être perturbés. Ben oui, dans ce jeu, vos pieds, ce sont vos mains. Ce qui ne vous empêche pas de faire des pieds et des mains pour gagner. Mais attention, si vous touchez le ballon avec le pied, il y a main. En fin de partie, n'oubliez pas de serrer celle de votre adversaire. Ou son pied, si vous êtes assez souple. Le Subbuteo, un super jeu d'adresse, qui plaît aux facteurs, donc. Mais aussi aux manucures, puisque vos petits doigts fébriles doivent toujours trouver le bon ongle de tir. Qu'est-ce que je peux écrire comme conneries, moi, les bras m'en tombent... Ce qui va nuire à ma carrière de joueur de Subbuteo.

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Les catalogues Subbuteo permettent de suivre l'évolution des modes vestimentaires et des tendances capillaires.

 

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Un 45t sorti en 1973, indispensable pour recréer l'ambiance du stade.

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Plus jeune, Sarkozy jouait au Subbuteo.

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Ah, ceux-là, pas sûr qu'ils aient compris le truc...

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Quelques célébrités du foot s'adonnant

Par ordre d'apparition à l'écran : Bobby Moore, Eusebio, le frisoté Kevin Keegan.

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Un numéro du comics "Roy of the Rovers".

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Une boutique Subbuteo, sur les ramblas de Barcelone.

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Ebay, here I come !

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Foot et rock ont toujours fait bon ménage mais certains groupes ont aussi montré leur passion pour le Subbuteo, comme les Undertones (le morceau "My perfect cousin"), Saint Etienne (la réédition en coffret de Foxbase Alpha, avec une figurine Subbuteo de 15 cm de haut arborant le maillot de la grande époque) ou encore Half Man Half Biscuit ("All I want for Christmas is a Dukla Prague away kit").

A Fury Magazine, nous aimons les jouets. Nous sommes de grands garçons, mais sommes restés de grands enfants. J'ai consacré le tout premier article de Fury Magazine (publié en mars 2007, quelle émotion ! Les photos n'avaient pas encore les coins ronds, quelle horreur !) au Scalextric. Plus tard, Action Joe a eu droit à l'hommage qu'il méritait. L'élève Moinet nous a parlé de sa collection de robots et des kits Aurora. Oddjob a évoqué les petits soldats Airfix ou Atlantic et les voitures Corgi et Matchbox. Wally Gator, lui, a parlé de sa conscience. Ah. Ses parents n'auraient peut-être pas dû lui acheter, à 6 ans, la panoplie du "Petit psychanaliste". Pour rester dans la philosophie, n'oubliez jamais que, comme l'a dit je ne sais plus qui, "vieillir est inévitable, mais devenir adulte est optionnel".

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