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Comment lui-dire ?

Publié le 11 février 2014 par Gentlemanw

Aujourd'hui, je suis restée derrière mon téléphone, moi, tranquille étudiante en droit, pas trop addict aux réseaux sociaux, mais fille préoccupée. Hier je suis passée déjeuner avec mes parents, un dimanche habituel avec cette routine si agréable pour papoter en cuisine, pour préparer des recettes, des crèpes hier pour le goûter. Je peux ainsi, moi la grande, croiser mes deux frères et soeurs, issu de notre famille recomposée, plus jeunes, et si aimants. 

Ils adorent m'emmener dans ma chambre, vide la plupart du temps, où à chaque fois ils me déposent une surprise : un petit paquet, un jeu, un bracelet brésilien fait maison, des dessins, ils sont adorables, nous sommes complices car nos parents sont heureux ensemble. D'ailleurs ma soeur est blonde comme ma mère, moi brun comme personne, les liens de sans sont dépassés par nos évolutions, par nos facettes et nos similitudes. Une famille bien actuelle !

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Je suis donc venue pour le rôti de boeuf du dimanche, la purée de mon beau-père, mais il y avait un silence dans les mots de ma mère. Alors dans un coin, dans le salon, pendant qu'ils piaillaient devant les jeux olympiques, je l'ai regardé, elle me fuyait, elle était ailleurs. Oui, moi, sa grande fille, je l'ai prise dans mes bras, sur mon épaule, pour lui parler plus bas, plus doucement. Son recul en m'approchant de sa poitrine, de sa robe chiné grise, toujours avec son élégance, sa taille fine, marquée d'une ceinture de cuir. J'ai compris.

Nous avons parlé, nous avons été voir sur internet sur les sites d'informations officiels des spécialistes de la santé, elle m'a sorti  ROSE MAGAZINE, j'ai feuilleté les pages, celles pour les malades, celles sur la maladie, celles sur les effets des traitements, les plus nombreuses, celles pour les proches, si utiles, celles aussi sur l'après maladie. J'ai reçu un message positif malgré le ton alarmant de ses yeux. Trop jeune ma mère, jeune quadra, heureuse en amour avec ce nouvel homme, elle qui avait digeré le divorce avec force, je la vois si faible soudainement.

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Oui aujourd'hui je regarde mes sms pendant les cours, je ne le fais jamais, enfin si quand je suis amoureuse, au début, enfin presque jamais. J'attends des nouvelles de ses examens, ceux sur sa santé.

Et puis demain, comment va-t-on l'accompagner dans les prochaines étapes ?

Comment va-t-on le dire à mes frères et soeurs ?

Comment va-t-elle le vivre ? 

Tant de comment, avec aussi des pourquoi si nombreux. C'est soudain, c'est comme toujours impossible, c'est comme toujours injuste, et puis cette maladie sournoise qui brise la vie. Heureusement j'ai lu, je n'ai pas dormi, j'ai lu encore, j'ai appelé une amie tard le soir, qui a eu sa mère dans la même situation. J'ai parlé à ma colocataire qui m'a parlé avec des larmes dans les yeux de son père, de son grand-père, de ses épreuves. De la vie surtout ! 

Chacun était là, pour moi, enfin pour m'aider à comprendre ce que je vais faire pour ma mère, à positiver car on guérit de cette maladie, car on vit encore après. J'ai pleuré un peu pour me libérer du poids ce matin, durant mon footing, mais j'ai souri ensuite, croquant l'envie de la voir plus souvent. Un sms, un autre, j'attends le sien.

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Et puis non, je vais sécher ce cours, une première fois si justifiée, je vais aller la récupérer à la sortie de l'hôpital, la prendre avec moi, pleurer peut-être, la rassurer, lui donner la main pour l'emmener sur un chemin où elle ne sera jamais seule. Nous serons là, proches et amies, des soutiens, des épaules pour les moments de creux, des sourires pour lui donner de l'amour, une maladie contagieuse et incurable.

Nylonement


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