Alors que nous nous cassions le nez sur la porte du musée Carnavalet (en grève), nous avons cherché quel musée nous pourrions visiter à proximité. Notre choix s'est porté sur le musée Cognacq-Jay, que nous ne connaissions que de nom. Nous avons profité d'une belle petite exposition de quatre salles consacrée à l'éventail aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Petit accessoire féminin et aristocratique, l'éventail est un indispensable de la dame de cour qui l'utilise comme un véritable langage. Ce qui est amusant, c'est que le décor de l'éventail, loin d'être purement décoratif, reprend des scènes de la vie quotidienne, vues pittoresques des marchés de Paris par exemple, des événements marquants du royaume comme des naissances, sacres, baptêmes des personnages princiers ou le rattachement d'une province à la France, voire des avancées scientifiques comme le ballon. Bien entendu, on retrouve aussi des motifs mythologiques, très à la mode à ce moment, et des scènes galantes inspirées de peintres comme Boucher.
Ce qui est particulièrement frappant dans les éventails présentés, c'est la beauté de leurs matières (ivoire, écaille, métaux précieux) et la finesse du travail des tabletiers. On remarque également des jeux coquins ou savants dans des mécanismes coulissants, qui transforment Actéon en cerf, une vieille femme en jeunette près de la fontaine de jouvence, voire des visages en scènes coquines. En outre, certains sont équipés d'un thermomètre ou d'une loupe.
Cette petite exposition est tout à fait plaisante. Elle apporte beaucoup d'informations sur cet objet quotidien. Si les artisans qui les ont réalisés sont visiblement peu identifiables, ils sont malgré cela virtuoses. Courte, avec des cartels clairs et un petit film, c'est une belle réussite.