[Critique] FACE À FACE
- 12 fév 2014
- Gilles Rolland
- CRITIQUES
- 0 commentaire
Titre original : Killing Season
Note:
Origines : États-Unis/Belgique
Réalisateur : Mark Steven Johnson
Distribution : Robert De Niro, John Travolta, Milo Ventimiglia, Elizabeth Olin…
Genre : Action/Thriller
Date de sortie : 10 février 2014 (DTV)
Le Pitch :
Emil Kovac nourrit un désir de vengeance depuis la fin de la guerre de Bosnie, à l’égard de Benjamin Ford, un soldat américain. Quand il retrouve sa trace, bien des années plus tard, il se rend aux États-Unis dans le but de le tuer.
Benjamin Ford, de son côté, ne se doute de rien. Depuis la fin de la guerre, il vit plus ou moins retiré dans une maison isolée et passe son temps à photographier les animaux, à lire, et à écouter de la musique. Quand il tombe sur Emil Kovac, ils sympathisent et ce dernier l’encourage à l’accompagner à la chasse. Bien sûr, Ford ne se doute pas que le gibier, c’est lui…
La Critique :
Il fut un temps où Face à Face était promis à John McTiernan. Depuis, McTiernan a été condamné à une peine de prison, qu’il purge actuellement, pour une affaire d’écoutes illégales et le projet est passé entre d’autres mains. En l’occurrence entre celles d’un certain Mark Steven Johnson. Un réalisateur qui ne joue définitivement pas dans la même catégorie que McTiernan et dont la filmographie cache de vilaines purges, comme Daredevil et Ghost Rider. De film prometteur, Face à Face est donc passé au statut de petite production, atterrissant directement dans les bacs DVD chez nous. Et ce malgré la présence au générique de deux superstars, à savoir Robert De Niro et John Travolta.
Le truc avec De Niro et Travolta, c’est qu’ils ne sont plus vraiment bankables (c’est à dire fiables au niveau du box office). Surtout Travolta à vrai dire, qui contrairement à Bob, n’a pas bénéficié depuis longtemps de rôles aux petits oignons (voir par exemple les rôles de De Niro dans Happiness Therapy, American Bluff…). Est-ce alors pour compenser que Travolta se sent obligé d’en faire des caisses ? Parce que là, il apparaît particulièrement en forme, en campant un ex-soldat serbe affublé d’un accent à couper au couteau et d’un look un poil improbable.
Un cabotinage qui n’est pas sans intérêt, car plutôt amusant, mais qui sent le déjà vu. Une aubaine pour Robert De Niro, lui aussi parfois adepte du cabotinage, qui, à côté, paraît bien sobre dans les pompes d’un vétéran de la Bosnie, aspirant au calme d’une retraite méritée.
Les deux compères se retrouvent alors en rase campagne, au milieu des bois pour une partie de chasse improvisée. Rapidement, Bob comprend que John n’est pas clair. Même après s’être sifflé la moitié d’une bouteille de Jägermeister, il pige qu’un truc ne tourne pas rond chez ce type louche qui débarque dans sa vie par hasard. Quand il manque de se recevoir en pleine poire une flèche, lancée par ce même individu partiellement barbu, il comprend que de chasseur, il est passé à chassé et qu’il vaut mieux filer vissa. Débute ensuite une chasse à l’homme qui voit tour à tour De Niro et Travolta prendre le dessus sur l’autre. La valse typique dans ce genre de situation inextricable…
Rien d’original ici. On imagine qu’un mec comme McTiernan aurait pu tirer de ce face à face mortel un trip viscéral. Une sorte de déclinaison non fantastique de Predator, qui était lui-même largement inspiré des Chasses du Comte Zaroff. Il n’y a d’ailleurs qu’à voir ce qu’à fait William Friedkin d’une histoire de ce genre, lui qui avec Traqué, avait su sublimer un récit aussi simple que rentre-dedans, pour livrer une bombe à retardement redoutablement marquante.
Le film de Mark Steven Johnson n’a pas grand-chose de marquant. Pour autant, il n’est pas mauvais non plus. En soi, il s’impose même comme un divertissement très honnête. Le réalisateur signe même certainement son meilleur film (gardons à l’esprit que c’est lui qui a commis Daredevil et Ghost Rider, ça aide à relativiser). Il sait faire preuve d’un bon sens notable en ne cherchant jamais à en faire des caisses. Il laisse ça à Travolta, qui assure le show avec De Niro, sans défaillir jusqu’à la ligne d’arrivée.
En outre, mieux vaut ne pas se concentrer sur les thématiques abordées assez maladroitement, comme la rédemption, le pardon et le sens de la guerre. Ce genre de plat a déjà été servi mille fois ailleurs et bien mieux cuisiné. Disons juste que les questionnements que soulève le film servent surtout à lui donner suffisamment de corps et de crédibilité pour l’extirper de justesse de sa condition de film d’action bas du front.
Au final, cet affrontement forestier entre deux gloires du cinéma américain, se laisse regarder sans peine. Ni trop long, ni trop court, Face à Face n’a pas inventé l’eau tiède et ne prétend pas l’avoir fait. Il faut bien garder ça à l’esprit et prendre le long-métrage pour ce qu’il est : un film d’aventure à l’ancienne dans la lignée de À Couteaux Tirés (dans lequel Alec Baldwin et Anthony Hopkins se tiraient la bourre) et d’autres choses du genre. Un voyage en compagnie de deux acteurs malgré tout en phase, physiquement crédibles dans l’action, orchestré avec sobriété et honnêteté. Ni plus ni moins.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport action critique Elizabeth Olin Face à Face guerre john travolta Killin Season Mark Steven Johnson Milo Ventimiglia Robert De Niro thriller