La Fille du Puisatier

genre: comédie dramatique
Année: 1940
durée: 2h50

l'histoire: Fille aînée du puisatier Amoretti, Patricia s'éprend de Jacques Mazel, un jeune aviateur, issu d'une famille de riches commerçants. Lorsque la guerre éclate, Jacques part rejoindre son escadrille, ignorant que Patricia attend un enfant de lui. Blâmée par son père, la jeune fille est également rejetée par les parents de Jacques.

La critique d'Alice In Oliver:

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le tournage de La Fille du Puisatier, réalisé par Marcel Pagnol en 1940, se déroulera dans des conditions difficiles. En effet, La Fille du Puisatier fait partie de ces rares films à avoir été tournés en pleine invasion allemande.
A cause des bruits des canons, certaines prises étaient totalement impossibles. Le tournage sera même interrompu plusieurs fois. Ensuite, ce contexte de guerre va profondément bouleverser le scénario. Ce qui devait être au départ une banale histoire d'enfant naturel s'est retrouvé imprégné de l'actualité, bien au delà des intentions de Marcel Pagnol.

Pour l'anecdote, le film sortira sous l'Occupation. Et comme il ne fallait pas mécontenter l'ennemi, la censure décidera de supprimer la séquence où Josette Day parle du culte qui doit être rendu à ceux qui sont morts pour leur patrie.
C'est une séquence qui est jugée trop patriotique et qui sera donc censurée jusqu'à la Libération. Au niveau de la distribution, cette comédie dramatique réunit Fernandel, Josette Day (que j'ai déjà évoquée), Raimu, Fernand Charpin, Line Noro, Georges Grey, Milly Mathis, Claier Oddera et Félicien Tramel.

Aujourd'hui, La Fille du Puisatier fait partie des grands classiques du cinéma français. D'ailleurs, en 2010, le long-métrage donnera lieu à une adaptation au théâtre, puis à une nouvelle version cinéma en 2011, réalisée par et avec Daniel Auteuil.
Attention, SPOILERS ! En 1939, Patricia, la fille du puisatier Pascal Amoretti, se retrouve enceinte de Jacques Mazel, un jeune aviateur, fils de bonne famille. Or, celui-ci est mobilisé et ses parents refusent de reconnaître l'enfant. Amoretti chasse sa fille de la maison.

Peu de temps après, Jacques Mazel est porté disparu, son avion s'étant écrasé en flammes derrière les lignes allemandes. Puis survient l'armistice et les Mazel tentent maladroitement de renouer avec Amoretti dans l'espoir de retrouver un peu de leur fils dans l'enfant qu'ils ont si bassement repoussé.
Sur le fond, La Fille du Puisatier apparaît comme un témoignage de la France rurale au moment de la capitulation. Pourtant, à la base, ce film ne devait pas prendre cette direction. Le long-métrage sera donc marqué par le contexte international.

C'est aussi pour cette raison qu'il sera victime de la censure. Sur ce dernier point, le long-métrage sera taxé de film propagandiste, vantant les valeurs de la France de Vichy. C'est évidemment faux. Avec La Fille du Puisatier, Marcel Pagnol évoque surtout les relations conflictuelles entre un père et ses filles. Avec ce film, le réalisateur conte une nouvelle fois l'histoire d'une jeune femme (Josette Day) victime des hommes et de la rumeur dans un petit village. 
En ce sens, La Fille du Puisatier n'est pas sans rappeler La Femme du Boulanger.

Ici, la morale patriarcale et son influence sur une communauté tiennent une place prépondérante. En résumé, les valeurs "famille, travail et patrie" en prennent pour leur grade. Finalement, contrairement à ce qu'ont pu dire certaines critiques, La Fille du Puisatier est bel et bien un film anti-vichiste.
Bref, l'air de rien, ce long-métrage nécessite plusieurs niveaux de lecture et d'analyse. C'est en tout cas un très beau film, l'un de mes préférés de Marcel Pagnol. Enfin, le film peut également s'appuyer sur d'excellents acteurs.

Note: 17.5/20