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Le petit monde photographique de David Lynch

Publié le 13 février 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

David lynch interieur© David Lynch

Depuis quelques années, David Lynch semble avoir déserté le cinéma pour laisser s'exprimer sa créativité débordante dans divers autres domaines. Dernièrement, il s'est essayé à la musique, avant d'investir des lieux d'art contemporain tels que le FRAC Auvergne ou encore la Fondation Cartier pour y exposer ses dessins. Ce sont quelques photomontages, une quarantaine à peine, qui sont actuellement présentés à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. La légende raconte qu'après sa formation aux Beaux-Arts, il se serait tourné vers la vidéo afin de donner vie et de mettre en mouvement ses peintures, trop statiques à son goût. Ainsi ce retour aux arts plastiques trahirait un désir de retrouver ses premières amours.

Lynch immeuble
© David Lynch

Cependant, rien qu'en se fiant au titre de l'exposition Small Stories, on comprend que David Lynch peine à délaisser l'histoire au profit de l'image. Ces photographies sont de véritables tremplins pour l'imagination, elles sont la matière première qui permet à l'esprit du spectateur de divaguer, d'inventer les histoires les plus farfelues. Cela grâce au mystère qui plane sur ces « collages » absurdes inspirés des surréalistes, évoquant à la fois Man Ray, De Chirico et de manière évidente Magritte avec la série des Heads. On observe chez Lynch des éléments incongrus se côtoyer dans des paysages étranges – par exemple une rangée de bougies géantes en bord de mer –, se disperser sur des plans superposés, dont les échelles disproportionnées annulent toute notion de perspective. Chaque image est truffée de petits détails qui à défaut de nous donner des indices supplémentaires nous perdent davantage, entraînant l’œil dans un parcours vain en quête d'un sens qui définitivement nous échappe.

Lynch tete
© David Lynch

De la même manière, le caractère expérimental et l'aspect bricolé de ces photomontages, par endroit flous et pixélisés, rendent les œuvres visuellement insaisissables. Au final, on se sent devant ces images fixes exactement comme devant ses films, perdus et absorbés dans un univers à la fois poétique et effrayant. De ses films, on retrouve ici quelques éléments marquants, comme le cheval, qui apparaît au milieu du salon dans Twin Peaks, ou encore ces rampes d'escaliers, ces intérieurs de maisons vides, en référence aux scènes les plus angoissantes de Lost Highway. Ainsi, cette exposition retranscrit l'atmosphère si particulière que David Lynch insuffle à chacune de ses créations et qui constitue sa signature.

Lynch cheval

© David Lynch

Malgré tout, j'ai trouvé le résultat sans surprise et manquant légèrement de poids. S'agit-il d'une véritable démarche artistique ou d'une ligne directrice recyclée par opportunisme ? Si je me laisse toujours emportée par ses films, cela a été moins évident ici. Il ne faudrait pas que la marque de fabrique « David Lynch » devienne un écran de fumée, prenant le pas sur le contenu, épuisant à terme le public, jusqu'à l'overdose. Quelques interrogations que je sème mais qui ne doivent cependant pas vous dissuader d'aller découvrir l'univers incroyable de ce réalisateur – que j'admire par ailleurs – jusqu'au 16 mars à la MEP.

Ophélie.

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Infos pratiques :

David Lynch – Small Stories

Du 15 janvier au 16 mars 2014

à la Maison Européenne de la Photographie

5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris

Ouverture du mercredi au dimanche de 11h à 19h45

Plein tarif : 8 €. Tarif réduit : 4,50 €.


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