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[TechDays] "Plus que dans l’innovation, c’est par son esprit d’entreprise qu’Israël excelle"

Publié le 14 février 2014 par Pnordey @latelier

Israël est régulièrement cité en exemple comme pays des startups. Zack Weisfeld revient sur les raisons d’ordre culturel de l’évolution vers une "Startup Nation".

Entretien avec Zack Weisfeld, directeur de Microsoft Ventures Europe et responsable global du programme d’accélération Microsoft Accelerator.

Israël est reconnue pour sa politique d’innovation, comme une "Nation startup". Qu'est ce qui en fait, selon vous la Nation Startup?

C'est une combinaison de plusieurs facteurs. D'abord, il faut savoir que cette industrie n'est pas récente. L’engagement du pays dans le secteur technologique remonte à au moins, trente ans, et ce, via la création de nouveaux business, l'investissement dans des startups. Mais il y a aussi les facteurs culturels qui font d'Israël un endroit unique pour les startups.

Lesquels ?

Tout d'abord, la perception de l'entrepreneur est très bonne. Être entrepreneur, ici, est valorisant. Ailleurs, on peut percevoir l’entrepreneuriat comme à risques. Les Israéliens, heureusement mais aussi malheureusement, apprécient de prendre des risques. Et ceci vient aussi culturellement, de l'armée.

Pendant leur service militaire, on entraîne, on pousse les Israéliens à prendre des décisions, quand ils sont relativement jeunes. Dès l’âge de 19 ans, on les y enjoint, et apprennent quelque part à penser en entrepreneurs. Pour autant, on ne dévalorise pas l'échec. Si on échoue, ce n'est pas grave, tant qu'on en tire des enseignements. Et ça aussi, c'est penser entrepreneur. L’échec ne signe pas la fin définitive de l’entrepreneur, ce qui n'est pas forcément le cas dans d'autres écosystèmes.

Israël a une forte tradition de recherche universitaire, également, non ?

Oui, c’est aussi un facteur. La recherche universitaire y est très performante. L'université de Shanghai a établi un classement des meilleures universités technologiques. Dans le top 30 figurent beaucoup d’universités américaines, une du Royaume-Uni, une d'Hong-Kong, une de Suisse, et quatre d'Israël. On a une forte tradition en informatique.

Pour revenir à l'armée, nombreuses sont les technologies, désormais commercialisées et reconnues à y avoir été développées. L’armée a toujours su découvrir les jeunes talents. Pensez que via le service militaire, l'armée israélienne est en mesure de repérer de très jeunes talents,  et ce, dès 17-18 ans: les meilleurs mathématiciens, physiciens à qui elle essaie d’offrir le meilleur enseignement. Et on voit les résultats : aujourd’hui, si vous regardez vers le secteur du machine learning, de la machine vision, autant de secteurs devenus cruciaux, ces talents là y travaillent depuis des années.

Il y a une autre donnée culturelle à prendre en compte : un sens différent de la hiérarchie. Ici, quand vous recrutez un ingénieur junior, celui-ci peut émettre des critiques, même virulentes, auprès du directeur, sans être inquiété. Le plus "petit" élément peut apporter sa pierre. C'est culturel ! Nous aimons la confrontation, tant qu’elle est constructive. Tout ça concourt à créer une forte sensibilité à l'entrepreneuriat. A la question de savoir où Israël excelle, beaucoup répondent dans l'innovation. Mais les idées, tout le monde en a. Je pense que ce qui est spécial ici, c'est l'esprit d'entreprise!

Longtemps, les startups israéliennes se sont surtout démarquées dans le domaine de la cybersécurité. Chez Microsoft Ventures Accelerator Israël, y a-t-il d’autres domaines qui se détachent, inspirent les startups ? Big Data, IoT, cybersécurité, etc…

Toutes ces tendances là, oui. C’est très varié. Ca va de l’entertainment, au second écran, en passant par l’IoT. En revanche, ce qui est sûr, c’est que nous, nous nous dirigeons vers de l’accélération thématisée, et ce, dès l’été prochain.

Il y a trois ans, nous avions interviewé Yaniv Feldman, associé de l'accélérateur Venture Geeks, qui, s’il reconnaissait l’esprit d’innovation des startups israéliennes déplorait leur sens moins développé du marketing. Auriez-vous aujourd’hui le même constat ?

Oui, il est vrai qu’historiquement, nous avons toujours été plus performants sur le plan technologique. Nous péchions sur le marketing mais aussi l’expérience utilisateur. Chez MVA, on essaie justement d’offrir à nos startups de travailler avec des designers, d’avoir des mentors pour penser plus "user expérience". Depuis, on s’est amélioré, mais oui, ça reste encore un défi à relever.


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