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Porcherie

Publié le 15 février 2014 par Olivier Walmacq

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genre: drame, inclassable (interdit aux - 16 ans)
Année: 1969
durée: 1h40

l'histoire: L'histoire de plusieurs jeunes gens prise à des époques différentes: le Moyen-Age et l'Allemagne contemporaine.

La critique d'Alice In Oliver:

Dans la filmographie de Pier Paolo Pasolini, les fans citent régulièrement des films tels que Théorème, Oedipe Roi, Le Décaméron et bien sûr Salo ou les Cent Vingt journées de Sodome. En revanche, Porcherie, réalisé en 1969, fait souvent partie des films oubliés et/ou confinés dans l'oubli. Pourtant, bien que réalisé six ans avant Salo, Porcherie préfigure le futur film choc de Pasolini.
En effet, dans Porcherie, on retrouve déjà les thèmes de prédilection de Salo, à savoir la décadence, le pouvoir et les plus bas instincts primitifs de l'être humain.

Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Pierre Clémenti, Jean-Pierre Léaud, Alberto Lionello, Ugo Tognazzi et Marco Ferreri. Attention, SPOILERS ! Deux destins parallèles : celui d'un jeune homme qui vit dans une région désertique, pratique le cannibalisme et mourra condamné à être dévoré par des animaux ; celui d'un autre jeune homme, riche, qui révèle à sa fiancée sa monstrueuse passion pour les porcs, et mourra lui aussi dévoré par des animaux dans sa porcherie.
Encore une fois, Pier Paolo Pasolini signe un film choc dont il a le secret.

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A travers deux époques différentes et à travers le destin de deux personnages, Pier Paolo Pasolini brosse déjà le portrait d'un pays, donc l'Italie condamnée à sa propre perte. Le cinéaste exprime déjà toute sa révolte et tout son déchirement.
Là aussi, on retrouve deux personnages rejetés par la société et confinés dans la solitude. Ces sentiments profondément négatifs vont les ramener à leurs instincts les plus sauvages. Il est donc bien question ici de cannibalisme, mais de retour aussi à une nature primale, agressive et totalement déshumanisée.

il n'est guère étonnant de retrouver un certain Marco Ferreri parmi les acteurs. Pour information, ce dernier n'est autre que le futur réalisateur de La Grande Bouffe. Nul doute que le cinéaste a été grandement influencé par les films de Pasolini.
Tout comme Oedipe Roi, Porcherie, de son titre original, Porcile, fonctionne en plusieurs actes et se divise en deux segments bien distincts. Le premier suit le parcours d'un homme devenir cannibale et condamné à être dévoré par des animaux (je renvoie au synopsis). 

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Certes, présenté comme cela, les âmes sensibles pourront redouter un film gore et craspec. Ce n'est évidemment pas le cas même si Porcherie n'est pas non plus un long-métrage qui s'adresse à tout le monde. Encore une fois, pour Pasolini, le but est de délivrer un message, à savoir une vision pessimiste et nihiliste de l'Italie, mais ce, à travers deux époques et deux destins différents.
La seconde partie, beaucoup plus contemporaine, est encore plus jusqu'auboutiste que la première puisqu'elle nous présente deux hommes qui se découvrent une passion pour les porcs. Eux aussi finiront dévorés...

Avec Porcherie, Pier Paolo Pasolini signe une oeuvre engagée, assez difficile d'accès. En résumé, ne vous attendez pas à voir un gros film d'action ou beaucoup de dialogues. Pasolini est fidèle à son cinéma et utilise de nombreux symboles et métaphores pour exprimer toute sa colère et son désappointement. Il développera largement son déchirement et son désespoir dans Salo ou les cent vingt journées de Sodome, que j'ai déjà évoqué.
En ce sens, on peut donc considérer la fin de Porcherie comme une sorte d'introduction au même Salo, une oeuvre sale, engagée, malsaine et sans aucun espoir. Du Pasolini quoi...

Note: ?


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