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Théodore, Paul & Gabriel - L'arche, Tréguier.

Publié le 16 février 2014 par Euphonies @euphoniesleblog

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Théodore, Paul & Gabriel - Théâtre de l'Arche - 15 février 2014

Théodore Paul et Gabriel sont vraiment des chics types. Je le savais depuis notre première (brève) rencontre aux Transmusicales de Rennes. Et hier soir à Tréguier, j’ai pu confirmer tout le bien que je pensais d’eux. D’elles.

Le rendez-vous est fixé à 18h00 pour l’interview après les balances. C’est le deuxième concert pour Louise, nouvelle recrue à la basse, mais tout le monde a l’air détendu. Si la décence m’interdit de reporter la teneur des vannes qui fusent, je reconnais dans cette ambiance un je ne sais quoi de familier : on se sent très vite comme à la maison chez Théodore Paul et Gabriel, et avant même de poser les premières questions on a envie d’échanger sur plein de sujets qui ne sont pas écrits sur mon calepin : la pluie, l’appropriation d’un briquet, la Bretagne.

 

1° Connaissez-vous la Bretagne ? Avez-vous des souvenirs dans le coin ?

 

C’est l’une des régions où on a le plus tourné. Le Vauban à Brest, Morlaix, les Bars en Trans à Rennes qui nous a laissé un super souvenir… Et ce soir Tréguier ! (Pauline rajoute qu’elle a fait du camping à Quiberon et je lui ai promis d’en témoigner ici-même)

The Silent Veil est sorti en 2011, Please her, Please him en 2012. Comment s’est passée la promo et les concerts qui ont suivi ?

Très bien. La promo on s’en passerait bien parfois. Mais on a pas mal tourné en France comme à l’étranger (Allemagne, Angleterre (au Half-moon club), Belgique, Suisse, Turquie pour cinq dates… On y a d’ailleurs appris que le concept du rappel n’était pas universel… On avait prévu un morceau pour le coup, bon tant pis…

Avez-vous perçu d’autres différences en jouant en dehors de l’hexagone ? 

 

Pas vraiment. D’un soir à l’autre, il y a autant de différences entre Lyon et Paris qu’entre Paris et Berlin. Ca dépend pas d’une ville, plutôt d’une ambiance.

3° La théorie du genre gronde en ce moment dans les écoles.  Vous qui avez su jouer de votre féminité tout en proposant une musique universelle, vous en pensez quoi ? Vous conseillerez aux filles de se lancer dans le monde de la musique ?

 

Théodore Paul et Gabriel, c’est pas anodin. Cette théorie du genre on trouve ça complètement con. On ne peut pas forcer quelqu’un à être autre chose, du coup faut arrêter leur délire que faire porter une robe à un garçon va changer la donne. Ca marche pas comme ça. Après c’est un acte libertaire. (Louise intervient) : quand on est une femme et qu’on joue dans un groupe, il y a une suspicion d’incompétence. Des maladresses, on veut nous aider tout le temps.

Benjamin, (l’homme batteur) se manifeste : ça me pèse !

Clémence ironise: bon par contre si notre affiche fait venir du monde au physique, ça peut être un avantage !

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Please her, please him a selon moi cette grande qualité de ne pas compter de morceaux faibles, ce qui est de plus en plus rare.  Comment avez-vous envisagé la construction de l’album ?

Merci… Pas vraiment de concept. Ce premier album était l’occasion de graver sur disque cinq ans d’influences, d’envie. Le seul concept, c’était de proposer un album Folk-Pop en 2012.

 

5° Comment vous situez-vous par rapport à la scène francophone ? Que pensez-vous des phénomènes Daft Punk, Fauve, Stromae ?

On se concentre sur l’écriture, la mélodie, la composition. On a envie de chanter en anglais, même si l’anglais est partout. C’est un parti-pris. Pas du tout l’idée de cacher un vide de sens. On assume. Après un groupe comme Fauve, c’est clivant. (au sein même du groupe) Stromae l’album est très bon. Et les réactions hystériques sur les réseaux sociaux, c’est très francais. Une forme de jalousie, et puis une suspicion de médiocrité parce que c’est francais. Pour nous, si les gens sont heureux quand ils nous écoutent, c’est l’essentiel.

6° Peut-on espérer un nouvel album de Théodore, Paul & Gabriel en 2014 ? Quelle direction prenez-vous ?

 

Non, plutôt 2015. Notre premier album était l’occasion de canaliser beaucoup d’ignorances, d’envies. Là, on cherche un son plus live, composé sur la route.

C’est le moment où je propose un blind test, histoire de parler musique et connivences :

 

Desire – Anna Calvi

 



  

(Pauline trouve en quatre secondes) Anna Calvi !!! Elle est fascinante. On a ouvert pour elle au festival des Inrocks en 2012. Quelle puissance ! Un vrai univers.

Love is to die - Warpaint



Pauline toujours, au bout de dix secondes : Warpaint !!! Chez nous c’est un groupe qui divise (Louise n’a effectivement pas l’air emballé)

The Greatest - Cat Power

 



Encore Pauline : Cat Power ! J’aime ce côté revival. Très beau morceau.

 

Becoming a Jackal –Villagers (évidemment je fais exprès, je sais qu’elles sont fans)


Encore et toujours Pauline (qui gagne haut la main le concours du blindtest) : Ah Conor !! Incroyable. Ce talent d’écriture. Clémence rajoute : il écrit des textes denses, ciselés. (Elle en jouera un morceau dans les loges avant de monter sur scène).

Me & Bobby mc Gee – Janis Joplin

 



 

Clémence : j’ai écouté ce titre un milliard de fois. Si on reprend Mercedes Benz en concert, c'est parce qu'elle nous laisse une liberté d’interprétation. On se l’est appropriée. Ce côté ironique, distancié sur le texte. Par contre Me & Bobby mc Gee, c’est juste indépassable.

 

I’ve seen that face – Beatles (ou comment ouvrir un boulevard à Clémence, grande fan devant l’éternel des Beatles, qui connaît jusqu’au morceau le plus obscur, expérience à l’appui…)


Elles chantent en cœur le morceau. J’improvise un blind-test dans le blind test. 5/5. On ferme la page avec For no one

Le temps de l’amour – Françoise Hardy (morceau repris par Théodore, Paul & Gabriel)


A faire un choix de reprise en francais, c’était celle ci. Pour le texte. 20 ans d’insouciance. Et ce côté précurseur d’un son anglais.

Il est 19h45. Dans une heure et quart, Théodore, Paul et Gabriel montent sur scène.

Pour un très beau concert. La salle est pleine, enchantée de (re)découvrir la générosité de ces trois nanas + 1. Clémence n'a besoin que d'un clignement de paupière pour envouter l'auditoire. Pauline rend possible la délicatesse mélodique de la soirée. Et Louise semble être là depuis le début de l'histoire, équilibrant de sa présence l'harmonie de ce concert.  il, elles sont heureux sur scène et ça se sent.  Résultat, le set balance entre confessions sauvages et explosions intimes. Les tubes de Please her, Please him, (Mystical melodies, Slow Sunday, le renversant Chasing the sea...) une reprise de Softcell (Tainted Love), de vrais moments de poésie et de grâce : au final, un public conquis à l’issue de la soirée. Elles terminent le concert par un nouveau morceau excellent, entrainant, séduisant.  De quoi donner hâte de retrouver le groupe en 2015…

Mercedes Benz en live sur Euphonies très vite !!!

 Je profite de cet article pour remercier Clémence, Pauline, Louise, Benjamin, pour leur gentillesse et leur disponibilité, ainsi que toute l'équipe. Et un grand merci à Jean-Marc Rauscher, le directeur de la salle de l'Arche, d'avoir organisé cette belle rencontre musicale. 


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