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Le livre du mois, heu… du trimestre : Harpignies par Elric et Darnaudet

Publié le 17 février 2014 par Hongkongfoufou

Eleve Moinet 2 Par l'élève Moinet

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Ça y est, oui ça y est ! On en tient un. Un qui a fait quelque chose dans sa vie. On peut dire que le prestige rejaillit sur nous. Nous qui serrons la main qui dessine Harpignies aux éditions Paquet, pour lui dire "bonjour". Heu, un prestige qui rejaillit sur moi et pas sur les autres, parce qu’ils ont fait quelque chose dans leur vie, eux. Pourtant ils lui serrent la main aussi. J’ai rajouté eux pour qu’on comprenne. Le problème, c'est qu'on ne peut pas se serrer la main à plusieurs à la fois, c’est trop difficile. Néanmoins on peut faire des choses, en même temps. Comme eux. Heu, je crois qu’on n’y comprends rien… D’un autre côté, si on n’y comprend rien, c’est normal que je n’aie jamais rien fait dans la vie, moi. Bon, j’arrête de parler de moi, parce que ce n’est pas de moi dont il s’agit, mais plutôt de lui, dont le prestige rejaillit sur nous, heu, sur moi.

Ça, c’était pour faire une introduction. Passons donc aux questions. Qui s’imposent, à nous.

EM : Alors comme ça, ça y est ?

E : Oui !

EM : Pourrais-tu définir ton style ?

E : Nonchalant(d).

EM : Je parlais de ton style vestimentaire.

E : Alors nonchalant avec une pointe de dandysme.

EM : Une petite ?

E : Non.

EM : Une grosse ?

E : Oui.

EM : Dis-moi, tu te rappelles quand Panoramix donne de la potion magique à Téléféric dans "Astérix chez les Goths", qu’il brise ses chaînes et qu’Astérix il dit : "Il est déchaîné" ?

E : Oui, je m’en souviens très bien. Déjà, petit ça me fascinait parce que Goscinny était assez sûr de lui et de sa vanne pour en faire rire son propre personnage (Obélix) pendant plusieurs cases.

EM : Et quand Cloridric il dit à Téléféric : "Ta vie ne tient qu’à un fil Téléféric" ?

E : Ah non, celle-là je ne m’en souvenais plus. Mais je ne l’ai pas relu depuis longtemps. C’est aussi une très bonne vanne.

Dans ma BD il y a des vannes mais ni sur les fils et ni sur les nazis.

EM : Elric, Elric… Est-ce-que tes parents ne t’auraient pas donné un nom de Goth par hasard ?

E : Bien joué la transition ! Non, ça vient des romans de Michael Moorcock, avec son personnage Elric de Ménilboné. Il a commencé à écrire ça dans les années 60. Il a aussi écrit des paroles et chanté avec le groupe Hawkwind. J’aime bien ce groupe. J’aime tout ce qui est psychédélique.

Sinon, je crois que le prénom est d’origine gaélique. Il y a eu des BD reprenant ce personnage. Si je m’en occupe un jour ça fera Elric par Elric. C’est rigolo.

EM : C’était pour faire une habile transition avec ton livre. Il parle de tes ancêtres je crois ?

E : Un ancêtre peintre paysagiste, Henri Harpignies. Du côté de ma mère.

Il était très connu de son vivant et a reçu à peu près tous les hommages possibles en France.

EM : Y as-tu mis un peu de toi-même ?

E : Bien sûr mais comme on l’a écrit à deux avec François Darnaudet il y a un peu de lui aussi. Ou un peu de ce qu’il imagine de moi.

EM : Sans l’avoir lu, j’imagine une histoire gorgée de mélancolie. Me trompe-je ?

E : Il y a des sentiments, de l’amour, de la haine, des vannes. Plein de choses, donc forcément un peu de mélancolie. Mais ce n’est pas gorgé, juste teinté de mélancolie.

EM : Es-tu toi-même mélancolique ?

E : Ben, ça dépend.

EM : Dans ton livre, traites-tu de l’adolescence et es-tu parvenu à illustrer l’ambiguïté propre à cette période de la vie, âge trouble par excellence ?

E : Non, parce que les personnages ont plus de 20 ans. Ils ont des problèmes de jeunes adultes plus liés à des problèmes de confiance en soit et des problèmes matériels. Ils ne sont pas dans l’ambiguïté.

EM : Peut-on dire que ton livre, malgré son coté passéiste, ouvre des réflexions sur l’actualité à partir de thématiques ultra-contemporaines en se jouant des conventions sociales ?

E : Haha ! Tu l’as trouvée dans Chroniqu’art ta question ou quoi ?

Je réponds quand même… Je parle du passé pour mettre en résonance deux visions de l’art. Celle de mon ancêtre, peintre paysagiste, et une plus moderne. Les deux se rejoignant parfois.

EM : Y trouve-t-on de l’ironie tranchante ou de l’ironie mordante, ou bien les deux ?

E : On y trouve tout ça et bien plus encore !

EM : Te connaissant, n’as-tu pas essayé de brouiller les pistes entre le réel et la réalité ?

E : Mais dis-moi, tu me connais bien !

On a commencé à écrire l’histoire sérieusement il y a presque 3 ans. Avec François on s’envoyait des pages de storyboard et chacun apportait un élément nouveau ou modifiait légèrement une scène écrite par l’autre.

La bibliothèque de Valenciennes m’a gentiment prêté la biographie de mon ancêtre. J’ai défriché ça en choisissant des passages et des citations. Ensuite c’est surtout François qui a dit ce qu’on gardait ou pas et qui l’a mis en scène. Je n’étais pas très à l’aise avec ces passages, sauf le dernier qui parle d’art.

Tout ça pour dire que ce qui concerne mon ancêtre est tiré de faits réels.

Ensuite il y a Eric, le personnage contemporain, qui est clairement un ersatz de moi mais ce n’est pas moi. Il a mes vannes mais pas ma vie.

Le plus étrange c’est le personnage de Marie. Alors que le scénario était écrit à 75% une fille qui s’appelle Aurélie est apparue dans ma vie et elle avait des similitudes troublantes avec la Marie fictionnelle.

EM : Je crois que tu aimes bien dessiner, non ?

E : C’est fatiguant quand même. C’est plus rigolo d’écrire les histoires.

EM : Y a-t-il une question que tu aurais aimé que l’on te pose ?

E : Il y a plein de questions que j’aurais aimé…

En revanche il y en a une que je trouve très con : "Comment vous faites pour dessiner aussi bien ? De la main gauche en plus ?!"

Et vu que le blog fait régulièrement des sélections musicales, tu aurais pu me demander ce que j’ai écouté pendant que j’ai fait l’album.

Alors, je le fais en estimant que tu m’as posé la question !

PJ Harvey dont le dernier album (2011) est génial :

http://www.youtube.com/watch?v=5tFBo1QunlA

J’ai fait découvrir La Femme à tout l’atelier. Je suis vraiment fan depuis longtemps.

Un morceau tout récent, qu’ils ont fait à Noël :

http://www.youtube.com/watch?v=saFBRrxZyI0&feature=youtu.be

Et une reprise de Chuck Berry :

http://www.youtube.com/watch?v=8A16XIQ8oTk

Et plein de trucs électro dans ce style là (ici Gold Zebra) :

http://www.youtube.com/watch?v=_Seo6uGOsNg

Ou plein de trucs garage dans ce style là (ici Jacco Gardner dans sa première formation avec une reprise de Los Chijuas) :

http://www.youtube.com/watch?v=iT6HzUl2I3w

J’aime énormément les Limiñanas (et je remercie énormément Lionel pour m’avoir donné un morceau pour la bande annonce de la BD).

Une reprise des Beach Boys qu’ils ont fait pour Mojo :

http://www.dailymotion.com/video/xs938y_the-liminanas-feat-nadege-i-know-there-is-an-answer_music?search_algo=1

EM : Pour finir, es-tu plutôt Akim ou plutôt Zembla ?

E : Kalar, moi je suis Kalar. Et ça vaut le détour ! J’ai découvert ça grâce à une conférence de Jean-Pierre Dionnet.

Bref, comme vous l’avez deviné, voila un album de bandes dessinées jubilatoire et à consommer sans modération dès le 19 février. Assurément un aller-simple pour la rêverie avec embarquement immédiat.

Dès que j’ai réussi à économiser 15 € je le confirme. Bon… c’est pas tout. Qu’est-ce qui y a à la télé ? Où j’ai mis mon Télérama a moi ? Et mon Chroniqu’art ?


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