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House of cards saison 2 (2014): un plus haut degré d’intensité

Publié le 17 février 2014 par Jfcd @enseriestv

La deuxième saison de House of cards a été mise en ligne sur le site de Netflix le 14 février et commence là où la première nous avait laissé : la nomination de Frank Underwood (Kevin Spacey) à la vice-présidence. Si l’affront qui lui avait été fait au début de l’autre saison a été réparé, le machiavélique politicien ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’il ne lui reste qu’une marche à graver et ainsi devenir l’homme le plus puissant du monde. Tel un acrobate, il doit au cours des 13 épisodes faire des pieds et des mains afin de faire bonne figure dans ses nouvelles responsabilités, tout en sapant en coulisse la crédibilité du président qui appartient à son propre parti. La tâche sera beaucoup plus complexe qu’il ne l’imaginait, en partie entravée par les journalistes, lobbyistes et un système démocratique des plus complexes. L’attente de la deuxième saison aura valu son pesant d’or. Sans jamais tomber dans la caricature, House of cards nous offre un merveilleux exutoire à notre perception on ne peut plus négative de la politique. La force dans la série, c’est que tous les scandales, frasques et mensonges que l’on imagine être monnaie courante se concrétisent à l’écran. Et c’est le réalisme des sujets qu’elle aborde (l’âge de la retraite, cyber terrorisme,  le futur du nucléaire, l’économie chinoise, etc.) qui contribue en grande partie à son succès.

House of cards saison 2 (2014): un plus haut degré d’intensité

Faits saillants (mais sans spoilers)

L’une des meilleures initiatives dans cette deuxième saison, c’est d’avoir eu le courage de rayer de la carte certains personnages principaux qui certes avaient marqué la série, mais dont le rôle était désormais rendu caduc. Ainsi, Zoey Barnes (Kate Mara) tire sa révérence après le premier épisode et ses collègues Lucas (Sebastian Arcelus) et Janine (Constante Zimmer) feront de même plus tard. C’est qu’ils ont beau essayer d’inculper Frank du meurtre de Peter (Corey Stroll), les preuves manquent et les menaces qu’ils reçoivent viennent à bout de leur résistance. Mais ce n’est pas leur départ qui sonne le glas de la partie journalistique de la série, puisque d’autres en auront amplement à se mettre sous la dent. L’un des combats provoquant le plus de flammèches est sans contredit celui que mènent l’homme d’affaires multimilliardaire Raymond Tusk (Gerald McRaney) et Frank pour s’attirer les faveurs du président Garret Walker (Michel Gill). Le premier finance en catimini les campagnes électorales démocrates et connaît Walker depuis des années, alors que le second à un accès privilégié au chef d’État pour l’influencer selon ses vues. En parallèle, entre en scène Jackie Sharp (Molly Parker), la nouvelle whip nommée par Frank et qui entretient une liaison avec le lobbyiste Remy Danton (Mahershala Ali).

Du côté des Underwood, le couple n’a jamais affiché pareille symbiose. Claire (Robin Wright) s’installe auprès de son époux au Capitole et décide d’enterrer la hache de guerre avec Gillian (Sandrine Holt) en lui confiant la direction de l’organisation Clear Water. Mais son nouveau rang dans la hiérarchie ne l’empêche pas d’être la cible d’attaques virulentes de la presse, en particulier lorsque celle-ci expose au grand jour des photos compromettantes de sa liaison avec Adam (Ben Daniels). Son moment le plus poignant de la série est lors du quatrième épisode alors qu’elle est interviewée par CNN au sujet de sa vie privée. Ses révélations accompagnées d’un calme olympien lors d’un long monologue tiendront n’importe quel adepte de la série rivé à l’écran. Ces coups bas dont elle est l’objet, elle le rend très bien à ses adversaires, tout comme Frank. Ce qu’on aime dans cette seconde mouture de House of cards, c’est que plus que jamais, le protagoniste se retrouve au bord du précipice et perd le contrôle à plus d’une reprise. Mais des éléments du scénario viennent confirmer l’esprit combattif de l’homme. En plus de révéler ses cartes en regardant droit vers l’objectif, on le voit tout au long de la saison régler des problèmes alors qu’il confectionne une recréation miniature d’un champ de bataille. Chaque soldat est peint avec soin, à l’image des autres politiciens qu’il traite en pions et qui déclenchent une guerre politique trouvant son apogée en fin de saison. De plus, les scènes où il mange des côtes levées seul ou avec ses hôtes sont légion; de le voir ainsi ingérer la viande qu’il arrache des os avec ses dents lui donne un aspect cannibale et primaire que le veston cravate peine à dissimuler.

House of cards saison 2 (2014): un plus haut degré d’intensité

Un jeu qui se joue à trois

Qu’on soit aux États-Unis ou dans une autre démocratie, les journalistes font souvent écho de rumeurs, avérées ou non, de scandales en tous genres entourant les politiciens. Ce qu’il y a de quasiment jouissif en regardant House of cards, c’est que celles-ci sont justement fondées et qu’on est les premiers spectateurs des nombreuses gestions de crise. En même temps, on assiste à une hypocrisie à trois niveaux où prennent part politiciens, journalistes et électeurs qui croient tous détenir le pouvoir. Lors d’un épisode, une journaliste qui interviewe un politicien au sujet d’une fraude, affirme pour se justifier :« I think Americans deserve answers ». Foutaises! Ces journalistes ne font pas leur travail pour le bien collectif, mais pour leur notoriété et celle du journal pour lequel ils travaillent. C’est une course ininterrompue aux scoops; à qui aura la nouvelle en premier. En effet, pourquoi passent-ils autant de temps sur un scandale relevant de la vie privée (le cas d’Adam et de Claire) que sur une histoire de pot-de-vin?

Du côté des politiciens, ceux qui se hissent au sommet sont ceux comme Frank qui en connaissent les rouages. Ils côtoient les lobbyistes qui peuvent leur être utiles et connaissent la constitution à la virgule près afin de l’interpréter à leur convenance. Nombre d’entre eux sont aussi prêts à marcher sur des convictions personnelles par avancement ou tout simplement pour faire tomber leurs adversaires. Ils ne gagnent pas des élections par honnêteté, mais bien par calculs. Lors d’un épisode, le président Walker doit tenir un point de presse après qu’on ait révélé que lui et sa femme aient vu un pasteur qui est aussi thérapeute. Il admet que leur relation de couple n’est pas au beau fixe et qu’ils étaient à la recherche de soutient spirituel. Résultat : les intentions de vote en sa faveur augmentent entre-temps de 4 %.

House of cards saison 2 (2014): un plus haut degré d’intensité

Vient finalement l’électeur. Celui-ci peut croire qu’en fin de compte, c’est lui qui a le dernier mot puisqu’il vote. Mais qu’exige-t-il exactement de ses élus? Parfois, jouant le jeu des journalistes, il peut condamner un politicien pour des affaires de mœurs qui n’entravent nullement la marche des affaires. Le contenant équivaut au contenu et celui qui vote, sans nécessairement s’en rendre compte, a été soumis au cours d’une campagne à nombre de publicités, de coups médiatiques, à l’influence des chiffres; bref, des facteurs que l’argent et des maîtres de la communication manipulent à merveille. L’électeur peut être aussi volatile que superficiel dans ses choix et les élus le leur rendent bien. Après tout, le mot populace ne figure pas pour rien dans le dictionnaire…

Malgré quelques remplissages qu’on remarque davantage parce qu’on a le loisir de regarder la série d’une seule traite, House of cards S. 2 est à la fois cynique, subtile et divertissante et vient aisément accoter The politician’s husband de BBC Two qui dans ses intrigues, rejoint davantage un public comme le Canada ou l’Australie fonctionnant avec le même système parlementaire. Quelques jours avant la mise en ondes de la seconde saison, Netflix a annoncé que la série aurait une troisième saison, ce qui est une excellente nouvelle considérant que ses autres séries originales sont de qualité assez médiocre. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter au distributeur davantage de séries de qualités, ou l’original prendra le dessus sur le mainstream.


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