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Conversation avec Nosfell

Publié le 23 février 2014 par Nomdezeus80 @nom_de_zeus

Il était une fois, une rencontre très spéciale entre une petite femme rondelette fort curieuse et un grrrrand homme chantant des histoires magiques. Cet homme, sorte de héron cendré, sourcil relevé et corps replié, observe le monde perché depuis la canopée. Qui est-il ? c’est ce que la petite femme va découvrir en bavardant avec lui.

Après-midi pluvieuse à Paris, je suis trop en avance comme toujours. Je flâne à l’abri des passages couverts histoire de me détendre, car dans moins d’une heure je rencontre Nosfell. Difficile de ne pas avoir le trac face à un artiste que j’admire depuis 10 ans et dont la musique et les mots m’ont accompagnés si souvent. Étrange aussi, car j’ai l’impression de le connaître et de le comprendre un peu.
Malgré un début intimidant je me suis très vite sentie à l’aise, il faut dire que Nosfell est loquace et c’est un véritable plaisir de le suivre sur les chemins de sa pensée. Je vous invite donc à voyager dans son univers ! Préparez-vous, nous allons traverser la forêt obscure, faire une halte dans un village et danser autour du feu, écouter les histoires de femmes et hommes arrêtés dans un entre-deux, prendre le bateau pour voguer vers des îles lointaines, regarder les mondes virtuels et les mondes intérieurs, et puis monter sur scène. En route !

ENTRE "NOSFELL" ET "AMOUR MASSIF"

NZF ! : 5 années ont passé depuis ton dernier album studio, heureux de revenir sur le devant de la scène ?
Ouais déjà… Oh oui je suis ravi ! C’est étrange parce que j’ai l’impression de ne pas être parti. On a fini la tournée de l’album "Nosfell" en 2010, puis j’ai enchaîné avec Octopus, le spectacle de Philippe Decouflé, dont j’ai crée la musique et joué live lors des représentations jusqu’au printemps 2013. En fait je n’ai jamais arrêté, ce qui me fait plaisir parce que j’ai beaucoup de désir pour faire de la musique. Effectivement, je me suis rendu compte que j’ai quitté un "endroit"… Les scènes de musiques actuelles, par exemple en concert, ne sont pas les mêmes lieux, et n’ont pas forcément le même public que le spectacle vivant.

NZF ! : Durant ces années tu n’as donc pas cédé à l’oisiveté, tu as multiplié les collaborations, c’est vital pour toi de rester dans une émulation créative ?

Nosfell
Oui je ne me vois pas faire autre chose. Les jours où j’ai peut-être l’occasion de me reposer j’ai plutôt tendance à me sentir comme un lion en cage… ça me cause défaut, parce que pour mon bien-être je devrais être capable de me reposer… Je suis accro au travail… mais ce n’est pas un travail, c’est une passion !

NZF ! : Octopus (spectacle de danse imaginé par Philippe Decouflé) était un travail de commande, que t’as apporté cette expérience ?
Ben ça a failli être un travail de commande et puis ça s’est plutôt transformé en collaboration, ce qui moi m’intéressait davantage et je pense que Philippe était en demande de ça aussi… Decouflé est un garçon extrêmement talentueux, qui a beaucoup de choses à transmettre.
Moi j’ai appris énormément de lui, il a un sens du spectacle extraordinaire, même si on ne se retrouve pas toujours sur des choix esthétiques, je l’admire beaucoup parce qu’il expérimente énormément. Il a un univers baroque, très syncrétique dans lequel il essaye de proposer son imaginaire… Il est très intelligent… son univers est foisonnant. Mais c’est aussi quelqu’un qui doute beaucoup, donc il faut s’en occuper, et ça je pense que ça m’a permis d’avoir un peu plus confiance en moi à certains endroits, de développer un certain déterminisme aussi. Car pendant longtemps je me suis demandé ce qu’on pensait de moi ? ce qu’on attendait de moi ? En particulier quand le premier disque a eu plus de succès que ce à quoi je m’attendais. Je me souviens des premiers plateaux télé où j’avais quand même un balai dans le cul ! … Je manquais de répartie… J’étais à la fois prêt à jouer un personnage et en même temps je sentais que ce n’était pas possible.

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Travailler sur Octopus m’a aidé à mettre en place des dispositifs de production musicale que je n’avais pas eu les moyens de creuser auparavant. Pas simplement les moyens financiers, parce que ce n’est pas vraiment ce qui compte, mais plus les moyens temporels, un temps de recherche…
Ce qui me fais du bien quand je travaille avec Philippe, c’est de travailler pour lui et avec lui, donc j’ai une part de mon égo qui est satisfaite, j’arrive à m’y retrouver. Et puis le fait d’être en mode "au service de", ça me pousse à proposer des choses qui me taraudent depuis longtemps. Par exemple sur la pièce Octopus, j’avais proposé que l’on ai, Pierre le Bourgeois et moi (violoncelliste et ami de Nosfell), chacun un petit atelier avec notamment des tables préparées, des petits objets etc. Je me souviens très bien qu’à la Cigale en 2005, je voulais déjà faire ça, mais ça n’avait pas été possible parce qu’on avait pas trop de moyens, mon tourneur me suggérait plutôt d’aller à l’essentiel et moi je voulais déjà passer à autre chose !! Au lieu de ça, j’avais plutôt proposé que l’on joue derrière des écrans qui nous servaient de décors, tu te souviens de ça ?
Nom de Zeus, fabuleux ! : ah ça c’était top ! ça marchait super bien ! Je t’avais vu au théâtre de Vanves à cette époque et à La Lune des Pirates 2 ans avant.
Nosfell : Oh à Amiens ? Elle est drôle cette salle ! J’ai adoré cette salle, je me souviens très bien il fallait traverser le public pour monter dans la loge, et c’est une espèce de petit escalier… Alors évidement moi j’agrandis tout les espaces comme un enfant qui essaie de se souvenir des endroits ! Mais j’ai l’impression que l’escalier est très étriqué, qu’il n’a pas de rampe et qu’il faut monter très haut, comme dans les "5000 doigts du Dr T" !!! Je me souviens très bien de l’accueil chaleureux, je me souviens très bien cette date.
 NZF ! : : J’espère que tu reviendras !
Nosfell : Oh ben moi j’aimerai bien, je demande qu’à jouer ! Des fois je reçois des messages "il faut que tu revienne !!" … comme si ça dépendait de MOI !!!! Mais malheureusement on sait tous que ce sont les programmateurs et les tourneurs qui décident.

 Nom de Zeus, fabuleux ! : Plus jeune tu as étudié le japonais, quel relation entretiens-tu avec ce pays et cette culture ?

nosfell-concert-japon-2011
Nosfell : Étudier la structure de la langue japonaise m’a fasciné. Et puis je suis tombé amoureux d’une fille que j’ai suivi là-bas. Je me suis retrouvé au Japon à rencontrer des musiciens, à faire des concerts, à vivre à droite et à gauche. J’avais pas un sous. Durant mon séjour au Japon, j’ai également étudié la littérature classique japonaise, et ça c’est une nourriture que je garde, un patrimoine dans lequel je puise très régulièrement.
NZF ! : Tu parle couramment le japonais ?
Nosfell : Non j’aimerai bien mais je parle comme un enfant ! Je me débrouille… si j’ai la chance de rester un peu plus de 3 semaines ça revient, il faut pratiquer quoi.
NZF ! : Tu as fais un peu le tour de l’île ou bien t’es concentré sur une ville ?
Nosfell : D’abord, j’ai passé du temps dans un quartier de Kobe qui s’appelle Sannomiya, et après on s’est pas mal balladé à Kyoto, on avait des amis à Osaka, beaucoup dans la région du Kansai, l’espèce de "Sud" du Honshū. Et puis la deuxième partie de cette année, pas mal à Tokyo. Et sinon on a fait un long voyage à Okinawa dans pas mal d’îles. On a fait un petit voyage dans le Shikoku, qui était un peu anecdotique mais assez intense ! Très drôle ! On avait rien, j’étais avec 3 copines, dont ma copine de l’époque, à faire le tour de l’île en bagnole, bagnole dans laquelle on dormait et mangeait des udon à 8h du matin !… Avec le recul je me rends compte que j’ai eu de la chance d’arriver par la bonne porte, directement chez des japonais, qui m’ont fait confiance et avec qui j’ai partagé des choses très fortes d’amitié. Encore aujourd’hui ce sont des amis, comme de la famille.

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AMOUR MASSIF, UN NOUVEAU TRÉSOR
NZF ! : Dès la première écoute d’"Amour Massif " on découvre un nouveau Nosfell, moins sombre, moins seul et enclin à la douceur, estimes-tu tes plaies pansées ? te sens-tu grandi ?
Je me suis toujours efforcé de ne pas être une caricature de moi-même, de ne pas ronronner. Comme j’avais fait le triptyque autour de mon père avec les premiers albums et puis "Le Lac aux Vélies" qui me permettait de résoudre une équation narrative, le chapitre était clôt. En travaillant avec Philippe Decouflé, je me suis dis "là je suis en train de traverser un sas de décompression" et qu’est-ce que je fais de ça ? J’ai pas nécessairement envie de parler de moi. J’ai envie de continuer à raconter des histoires qui puissent être fantasmées mais je vais peut-être distillé un peu plus de choses personnelles.

 NZF ! : Plusieurs morceaux ont vu leurs paroles écrites par Dick Annegarn et Dominique A. Pourquoi faire appel à d’autres pour l’écriture de tes textes ?
J’ai toujours eu la volonté de collaborer avec des gens que j’admire beaucoup. Avec Dick et Dominique on s’est retrouvé à l’endroit du texte. Je me rends compte qu’en écrivant Amour Massif, j’ai pris le processus inverse de ce que je m’imposais de manière très dogmatique dans les disques précédents. Avant je partais de mes histoires et j’écrivais, j’avais un canevas qui était défini comme une espèce de dramaturgie. Là, la dramaturgie je l’ai crée après, avec la matière que j’avais. Cependant je ne voulais pas que Dick et Dominique soient les seuls auteurs en français, donc moi aussi j’ai écris en français. Ça aurait été bizarre que lorsque je m’expose à chanter dans cette langue, rien ne vienne de moi. Ce disque permettra aux gens de ressentir ma voix autrement, de se raconter un autre personnage. Je me suis posé beaucoup de questions à ce sujet, ça m’a pas mal tracassé : est-ce que je continue d’être dans une posture de Griot, de choses un peu enfantines ? Le fait de conter des histoires, oui pas de problème, c’est mon plaisir et c’est comme ça que j’aime écrire. Mais j’ai envie de me trouver un autre personnage, j’ai envie d’évoluer avec les gens qui me donnent leur attention.

Nom de Zeus, fabuleux ! : chaque morceau de cet album est une invitation au voyage, qu’est-ce que qui t’as inspiré ?
Nosfell :
Je crois que j’ai vraiment voulu, sur chaque chanson,  créer une espèce de tableau ou de photographie de personnages qui sont dans un changement. Ils sont photographiés à un moment donné où il ont fait un choix, ils ont atteint un point de non retour, mais ce n’est pas grave ! Ils regardent devant eux et ils avancent, chacun à leur manière. Dans "Rubicon" j’imagine que ce sont deux amantes, ou peut être des soeurs, en tout cas qui sont en amour l’une pour l’autre et elle mêmes ne savent pas exactement pourquoi. Là il y a l’image de traverser le Rubicon, on sait tous ce que c’est "Alea Jacta Est" (le sort en est jeté) etc. Pour moi c’est une bonne référence, elle me permet de garder un pied dans la mythologie et en même temps d’aller ailleurs, vers une culture qui est peut être plus palpable et populaire. Ces deux filles pour moi c’est tout un roman ! Mais j’ai voulu juste recadrer sur ce petit moment de keur vie. Quant à "Île Mogador", j’imagine que c’est deux frères ou alors un père et son fils, je sais pas exactement…
Nom de Zeus, fabuleux ! :
Ah celle ci elle est vraiment bien construite parce qu’on voyage, je trouve vraiment que les rythmes et la mélodie font que l’on se sent sur un bateau. Cette chanson est l’une de mes favorites !
Nosfell :
Ah c’est cool ! Ben écoutes je suis ravi, ça me fait plaisir !
Nom de Zeus, fabuleux ! :
Où est située cette île ?
Nosfell : Alors l’île Mogador est au large d’Essaouira, qui est le commencement du pays Berbère en fait, il se trouve que mon père est né dans les montagnes berbères. On s’est retrouvé avec Dick Annegarn, qui est l’auteur du texte, à cet endroit. Moi j’étais venu avec une bribe de texte qui était quand même bien avancée, mais pas avec cette région. Nos différents échanges ont poussé Dick à proposer "Île Mogador". "Mogador" je trouve que c’est un très beau mot ! Pour moi ça racontait une histoire qui se mêlait un peu la mienne, c’est comme ça que la chanson est née. Sinon l’Île Mogador a traversé plein d’états. À l’époque où les Romains étaient très puissants, ils avaient envahi toute l’Afrique du Nord dont une grande partie de la Berbérie, et ils avaient mis à la tête des pays – comme font les Américains aujourd’hui, ou les pays du Nord avec certains pays – des rois qui allaient plutôt dans leur sens politiquement. Et en l’occurrence le Roi de la Berbérie de cette époque – dont j’ai oublié le nom, je dois t’avouer – commercait avec les Romains le corail qui n’existait qu’autour de ces îles, que l’on appelait "les îles purpuraires", pourquoi ? parce que ça donnait le pigment pourpre des étoles romaines. D’où dans le refrain "pourpre romain" qui est un peu énigmatique. Je trouve cette histoire géniale ! Voilà ! ça confirme que j’aime raconter des histoires, que je ne suis pas dans une "nostalgie", c’est une histoire dans laquelle on se reconnait même pas ! Cette chanson c’est comme un récit mythologique.

Nom de Zeus, fabuleux ! : Le klokobetz ouvre et ferme l’album comme une parenthèse de mystère entourant un monde sonore chatoyant, est-ce un abandon progressif de ta langue ?

KLOKOBETZ-NOSFELL-EXPO-LANGuES IMAGINAIRES- POMPIDOU
Nosfell : Non !! c’est mon histoire, celle de mon père, de ma famille, c’est gravé dans ma peau. Ce n’est pas quelque chose que je vais laisser tomber, mais je n’ai pas envie que cela devienne ma marque de fabrique. Moi je suis musicien, je suis chanteur, j’aime "performer"…
Ce langage me pousse à invoquer des choses de mon histoire intime qui sont assez douloureuses… C’est un travail qui est important mais j’ai envie de lui donner une autre forme aujourd’hui. Le fait de faire de la musique pour la danse, le fait d’avoir participé à une musique de film, où on m’a demandé d’écrire dans ma langue et d’interpréter un personnage… J’ai trouvé ça génial, parce que du coup cette langue c’est comme un instrument que je décide ou pas d’intégrer à des arrangements, de la même manière que je décide de jouer plus ou moins de guitare sur un album.

Nom de Zeus, fabuleux ! : Sur cet album, tu as toi même réalisé les arrangements, qu’est-ce qui t’a donné l’envie de t’essayer à cet exercice ?
Nosfell :
Ben j’en avais vachement envie. Et puis c’est arrivé au moment où Pierre le Bourgeois s’est interrogé : "bon est-ce que je continue à accompagner ce mec encore ? …Je vais plutôt me consacrer à des projets personnels". Ça tombait très bien pour chacun de nous intimement même si ça a été un peu dur au début.
NZF ! : il faut dire que vous avez été compagnons de scène pendant très longtemps !
Nosfell : Ouais, pendant super longtemps ! Il a apporté beaucoup à mon travail, il a été très généreux. Très souvent ça a été notre travail commun. J’ai beaucoup de respect et d’amitié pour Pierre et ça ne changera pas, on se retrouve toujours pour faire de la musique avec beaucoup de plaisir. Néanmoins, Amour Massif ce n’était pas possible de le faire ensemble, pour des raisons intimes mais aussi de calendrier. Du coup, pour moi c’était l’opportunité de me recentrer, de me ressourcer aussi, de provoquer de nouvelles rencontres et puis de voir un peu ce dont j’étais capable ! De voir où mon travail s’arrêtait et où celui des arrangeurs commençait, ça c’était super enrichissant. J’ai pas mal étudié, j’ai appris les contrepoints et les tessitures des instruments, comment écrire pour être au service des différentes textures, bien travailler les tonalités… Des aventures de musiciens que j’avais envie de traverser. Et puis c’était très émouvant pour moi de voir les musiciens jouer mes arrangements et apporter leurs arrangements additionnels.

 Nom de Zeus, fabuleux ! : Tes 3 premiers albums découlent de la relation singulière qui te lie à ton père, à qui ou à quoi dédierais-tu "Amour Massif" ?
Nosfell : Ah !…. c’est une bonne question !… (long silence)
NDZ ! : Question piège…
Nosfell : Ouais c’est un peu une question piège, mais c’est intéressant en même temps…
Pendant toute l’écriture du disque et la recherche du thème général, Amour Massif est un des premiers titres qui est venu. Après pendant des mois et des mois j’en ai cherché d’autres mais je revenais toujours à celui là. Je trouvais que la jonction des ces deux mots était assez évidente pour qualifier ce disque.
Je pense être, dans le quotidien, quelqu’un d’assez excessif et en même temps qui est toujours en recherche de se canaliser, d’être tranquille, concentré. Les questions que je me suis posées sur le sentiment amoureux, c’est aussi des questions que je me pose dans mon rapport à l’autre, soit dans mon rapport d’intimité, avec ma femme par exemple, ou avec ma famille, avec mes frères et soeurs, avec ma mère, avec mon père, parce qu’il est encore question de ça dans ce disque : l’amour filial.
Et de l’amour de soi aussi, parce que je suis toujours, comme beaucoup de chanteurs ou de gens qui montent sur scène, toujours entre "je me déteste, je m’aime". Comment être en paix avec ça ? Comment arriver à s’aimer pour être plus ouvert. Après il y a un autre enjeu avec le sentiment amoureux qui est cette espèce d’exclusivité, dont moi je me méfie cruellement et que je trouve destructrice. Où quand on se met à aimer quelqu’un on annule tout ce qu’il y a autour, Amour Massif c’est aussi une réflexion là dessus. Le choix de ces personnages c’est justement la fuite de l’exclusivité, mais pas une fuite qui enferme au contraire une fuite qui ouvre !
NZF ! : il est beaucoup question de l’eau aussi
Nosfell : Oui tout à fait ! L’eau c’est encore la seule matière qui est libre dans ce monde et qui n’a pas de frontières. Alors j’enfonce une porte ouverte quand je dis ça, mais c’est une idée qui m’a habité durant l’écriture d’Amour Massif. La notion de cartographie également, qui a toujours été une obsession chez moi. Que ce soit dans les régions de Klokochazia (pays inventé par Nosfell et présent dans ses premiers albums), ou dans l’histoire des invasions. Dans l’histoire actuelle aussi, avec la pseudo liberté que l’on aurait à travers les fenêtres internet, ou encore des réalités naturelles, un cataclysme qui arrive… bon comme il arrive sur un territoire qui est bien circonscrit il n’arrive pas chez nous ! Mais si ! on se rends compte que depuis Fukushima des ours polaires crèvent en Alaska parce qu’ils n’ont plus de poils ! J’enfonce encore une fois des portes ouvertes mais  ce sont des choses qui m’ont nourri, attristé, touché ou exalté, des notions qui demeurent inscrites en moi.

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LA MUSIQUE ET L’IMAGE DANS LES MONDES VIRTUELS

NZF ! : Tu es présent sur les réseaux sociaux depuis 3 ans maintenant
Nosfell : Ouais c’est assez tard !
 NZF ! : c’est juste surprenant venant de toi !
Nosfell : Ben je reprends la main sur des choses que j’ai laissé un peu "aux fans"… bon j’aime pas le terme "de fans"… Je suis obligé d’admettre qu’aujourd’hui ton image peut t’échapper très, très vite et que c’est quand même important de proposer soi même des choses…
  NZF ! : tu semble apprécier animer ton profil
Nosfell : Ouais ça m’amuse ! Je fais des p’tits films, des p’tits machins, bon je suis pas aussi performant que certains collègues mais.. ce sont des outils incroyables !

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Il y a quelques années quand j’étais en maison de disques mon contrat s’est retrouvé chez Polydor Universal, je l’ai pas choisi mon label s’était fait "avalé". Moi j’étais content parce que je travaillais avec les mêmes personnes que dans le petit label mais avec plus d’argent pour produire. On a pu produire l’opéra (le Lac aux Vélies) ce qui était inouï ! J’avais ça en tête depuis tellement d’années, c’était extraordinaire ! Néanmoins ce sont de grosses machines qui ont à la fois besoin de résultats commerciaux très rapides – ce qui m’a poussé à auto-produire Amour Massif pour être tranquille, avoir un peu plus de temps, même si je prends un énorme risque – mais à l’endroit d’internet ils étaient complètement à la ramasse, en 2009 ils avaient un stagiaire pour internet ! A cette époque j’étais désireux de développer tout ça mais je n’avais pas les outils pour. Là en étant indépendant, j’ai un peu plus de marge de manoeuvre.

 Nom de Zeus, fabuleux ! : dans le même ordre d’idée Amour Massif a fait l’objet de plusieurs teasers
Nosfell : Ouais je fais des petits teasers ! J’ai jamais fait d’images avant parce j’étais dans une logique de "tradition orale", j’avais l’opportunité de faire beaucoup de concerts ça allait aussi avec une réalité, je dirais, presque économique. J’étais le petit jeune à qui on proposait pleins de dates et de performances. Et puis au bout d’un moment on a commencé à me proposer des collaborations dans d’autres milieux, ce qui m’a un peu coupé… Comme j’ai pris un virage dès le 2ème album, j’ai pas choisis d’être une caricature, j’ai pas voulu faire du réchauffé, parce ce que c’est pas bien de faire ça !! Pour la tête tu vois ce que je veux dire ! Le projet a pas grossi d’un point de vue commercial, ce qui me va très bien.
La carrière de gens comme Dick ou Dominique A, qui sont restés loin des sirènes de la célébrité, ça fait partie des choses qui résonnent en moi. Je sens qu’il a des choix à faire… des choix "vrais"! Des exemples comme eux c’est encourageant quand tu es plus jeune et que que tu souhaite être entier autant que faire se peut tu vois ?… Du coup je ne sais plus ce que je disais ! ha, ha ! Pardon !
NZF! : Je ne sais plus non plus !!… On voyage dans tout ce que tu racontes !! … je pensais que peut-être tu allais nous faire des petits clips ?
Nosfell : Ouiii voilà tu mets le doigt dessus, on parlait d’image !
Je me mets à nu à chaque fois que je suis sur scène. J’invoque des choses qui sont très intimes, sinon je ne peux pas faire de la musique. J’ai un peu la culture : "Ouaaiiiis chaque concert c’est le dernier concert ! C’est la fin " C’est un esprit que j’adore !!

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Ce qui était intéressant jusque là avec cette idée de toujours faire un concert différent, c’est le rapport direct hyper simple avec le public et moi j’étais vraiment en phase avec la manière dont j’avais envie de transmettre la musique et mes histoires. Et pour moi la finalité du livre "Le Lac aux Vélies", qui est un livre de conte, avec des gravures format à l’italienne, accompagné d’un opéra d’une heure avec l’orchestre qui est au centre de tout, et puis un choeur qui chante dans ma langue… Avec ce livre / opéra je suis allé au bout du concept. Et faire des clips à ce moment là, ça aurait figé l’image qu’on peut se faire d’une chanson, or moi le projet c’était de titiller l’imaginaire du public. Et sur Amour Massif c’est différent, parce que j’ai finis un cycle et que là je m’adonne à d’autres choses. Je m’intéresse un peu à l’image, j’ai rencontré des réalisateurs que j’aime beaucoup. J’aime bien prendre le temps et aller au bout de ce que je me suis fixé au début.

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NOSFELL ON STAGE

Je suis curieuse de savoir quelle sera la configuration scénique de la tournée à venir ? il y aura-t-il des cuivres par exemple ?

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 Oh j’aimerai bien !! Mais sur ce disque j’ai décidé dès le départ de ne pas me préoccuper de savoir comment j’allais le jouer sur scène, parce que c’était déjà un challenge d’écrire et d’enregistrer Amour Massif en auto-prod. Je me suis dis : "bon voilà j’appelle mes copains, on va faire de la musique ensemble avec un peu d’argent de côté". Tout le monde a joué le jeu, a été très généreux. Je trépigne à l’idée de monter sur scène… mais non, il n’y aura pas de cuivres malheureusement…
Nom de Zeus, fabuleux ! : Oooh !
Nosfell : mais peut être, peut être !! si ça a un peu de succès, si on peut revenir à Paris…
Nom de Zeus, fabuleux ! : il faudra venir en province aussi !
Nosfell : oui mais en province c’est difficile… c’est toujours à Paris que l’on peut faire des concerts un peu "spéciaux". Non il aura des claviers, des boites à rythmes mélangées avec des human beat box faites en live… Davantage de guitare acoustique… il y a un autre guitariste maintenant, qui est super !! C’est Thibault Frisoni, pour moi c’est vraiment super de lui transmettre des parties de guitares, du coup je serai dans une posture différente sur scène. Pour cet album, je vais revenir à des sonorités proches de la toute première tournée, des petites choses comme ça, un assemblage de bric et de broc mais fort de 10 ans d’expérience… J’ajouterai des petits dispositifs que j’ai mis en place chez Decouflé aussi, je vais également intégrer mes arrangements sur scène.
Nom de Zeus, fabuleux ! : j’ai hâte de voir tout ça à la Maroquinerie le 26 mars prochain !

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Nom de Zeus, fabuleux ! : Merci à toi Nosfell
Nosfell : Merci pour la conversation !

http://www.nosfell.com/

http://www.facebook.com/nosfellmusic
http://twitter.com/nosfell

Crédits photos : Nosfell, Bénédicte Desrus, Laurent Paillier

Un très grand merci à ÉPHÉLIDE pour cette fabuleuse opportunité qui m’a été donnée ! Nom de Zeus ! c’était génial ! Merci à Nosfell bien sûr pour cette passionnante conversation de près d’une heure, durant laquelle les échanges ont été fluides et hyper simples.

Cybercopains, si vous voyez des fautes d’avance pardonnez-moi ! Cet article a demandé quelques heures de travail. N’hésitez pas à me corriger mais surtout commentez copieusement !


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