Un film de Robert Zemeckis (2013 - USA) avec Denzel Washington, Kelly Reilly, Don Cheadle, Bruce Greenwood, John Goodman, Tamara Tunie
Mal fichu.
L'histoire : Le commandant Whip Whitaker a un avion à prendre, son avion. Il est pilote de ligne. Après une nuit alcoolisée, cocaïnée et sexuellement agitée, l'homme a du mal à sortir de son lit et sa petite amie, hôtesse de l'air, le houspille tout en s'habillant : on va être en retard ! Quelques instants plus tard, notre homme est dans son cockpit et il assure. Il fait ce métier depuis longtemps, il est même un as de la voltige, passionné d'aviation depuis toujours, et il va montrer à ce jeune copilote inexpérimenté et craintif de quel kérosène il se chauffe. Un petit shoot de vodka dans la bouteille de jus d'orange, et hop, c'est parti. Beaucoup de turbulences. Whip se livre à des manoeuvres risquées mais payantes, comme d'habitude. Les passagers applaudissent. Mais c'est lorsque le ciel s'annonce plus serein que les ennuis commencent vraiment ; l'avion réagit mal, problèmes techniques graves. Malgré l'alcool, Whip contrôle son appareil avec le plus grand sang froid et parvient à le poser dans un champ... Six victimes, dont son hôtesse de l'air, mais quatre-vingt-seize rescapés. C'est la gloire. Tout le monde salue son exploit. Mais bien sûr, le protocole impose une enquête. L'avion était véreux ? Peut-être. Mais les analyses de sang de Whip montrent qu'il avait dans le corps de nombreuses substances indésirables...
Mon avis : Le début était super prometteur. Drôle : un Denzel, pas dessaoulé de la veille, en train de larver dans son lit, incapable d'en sortir... et hop soudain on le voit fringant, le pas décidé, en uniforme de pilote, prêt à prendre les commandes ! Spectaculaire : avec toute la séquence du crash, incroyablement réaliste... brrr... Moi qui ADORE les avions (même pas peur), j'ai super apprécié le vol sur le dos (je ne savais pas qu'on pouvait faire ça avec les gros !), la coupe du clocher du bout de l'aile et l'atterrissage d'urgence dans un champ... Dans ces deux aspects paradoxaux, alcoolisme et maîtrise de soi, je croyais réunis les éléments de ce qui s'annonçait comme un film judiciaire : réquisitoire (il était ivre) et défense (mais il a sauvé ses passagers).
Mais on s'aperçoit peu à peu que Zemeckis court plusieurs lièvres à la fois. Tout en assistant à la détresse d'un homme qui tombe du statut de héros national à celui d'ivrogne inconscient et irresponsable... nous avons aussi deux autres bouts de ficelle à tirer : une vague histoire d'amour avec une toxicomane, pas du tout aboutie ; et la souffrance de l'alcoolique qui veut arrêter mais n'y arrive pas. Beaucoup de longueurs et de bavardages ennuyeux renforcent cette impression de film coupé en trois, manquant cruellement de fluidité. S'il avait fait moins long (2h15...), Zemeckis aurait peut-être pu régler ces problèmes, avec un montage plus dynamique. Il n'empêche que l'on ne sait pas trop quel est son véritable objectif : film catastrophe (spectacle) ou rédemption d'alcoolique (intimiste) ?
Etrange aussi le parti pris politiquement incorrect du début (rails de cocaïne, femme nue...) et le côté moralisateur de la seconde partie.
Au final, j'ai donc été plutôt déçue, malgré la prestation, royale, de Denzel Washington, et les brèves mais irrésistibles apparitions de John Goodman, dealer en bermuda et sac à dos.
Les critiques, professionnelles et public, sont comme moi : partagées.