Au Bonheur des Ogres // De Nicolas Bary. Avec Raphaël Personnaz et Bérénice Bejo.
J’avais raté Au Bonheur des Ogres à sa sortie en salles et je me suis donc rattrapé. Mais j’aurais vraiment pu m’abstenir. Adapté du livre de Daniel Pennac, ce
film tombe dans les pièges du téléfilm français manquant cruellement de poésie. Car au final l’histoire qu’il y a derrière ce film avait largement de quoi devenir mignonne et touchante à l’écran.
Sauf qu’il ne se passe vraiment rien et du coup le spectateur que je suis a été particulièrement frustré. La bonne humeur de Bénérice Bejo ne suffit pas à effacer le talent plus que discutable de
Raphaël Personnaz ou encore l’adaptation assez ronflante du récit que nous délivre ici Nicolas Bary. D’ailleurs, le réalisateur du très discutable Les
Enfants de Timpelbach fait ici bien pire. Certes, le livre n’a pas l’air d’être dénaturé par le film mais on a l’impression que tout ce que l’on voit à l’écran est comme figé. Du coup,
le spectateur ne parvient pas à ressentir l’émotion ou même l’humour qui pourrait se dégager d’une telle petite histoire. Car le but n’était certainement pas de nous ennuyer au fond de notre
fauteuil.
Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement
bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel et frère aîné responsable de cette marmaille,
la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital
pour le héros de trouver pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste
intrépide surnommée Tante Julia pour trouver des réponses.
Je trouve d’autant plus incompréhensible l’avis dithyrambique de certaines personnes qui classent ce film parmi les meilleurs de l’année 2013. Je dois avouer que pour le coup, c’est tout de même
étonnant. Au Bonheur des Ogres tente donc de nous vendre du rêve sauf que pour le vendre il aurait fallu aussi titiller un peu plus le spectateur en ajoutant un peu de piquant.
Au début cette charmante comédie m’a presque eu. Je dois avouer que j’étais charmé par le côté particulièrement sympathique des personnages et puis tout d’un coup patatra, le charme n’opère plus
et le spectateur que je suis fût particulièrement déçu. J’avais envie de rire devant un vrai spectacle. Nicolas Bary tente des choses ici et là mais tout n’est malheureusement
pas réussi et l’on finit petit à petit par décrocher. C’est la faute à des personnages qui manquent cruellement d’intérêt. On a l’impression de les avoir déjà vu ailleurs, dans des comédies à la
mord moi le noeud de TF1. Vous pouvez me frapper mais je pourrais presque comparer Au Bonheur des Ogres à un épisode de Clem.
C’est vous dire à quel point je n’ai pas aimé ce film. C’est visuellement rarement bon. Il y a de la suite dans les idées mais j’ai vraiment fait une indigestion au bout de l’heure et demie de
film. J’aimerais connaître l’avis de Daniel Pennac sur l’adaptation de son roman. Je suis certain que s’il était sincère, il ne pourrait pas trouver ça bon. Ce n’est pas
possible. Surtout quand l’on voit à quel point les personnages sont particulièrement vidés de leur substance au fil de l’histoire. Même la rencontre entre Bérénice Bejo et
Raphaël Personnaz était particulièrement ridicule. Engoncé dans un objet assez peu digeste, le film termine donc sa course dans une effusion de bons sentiments dégoulinants sans
grand intérêt. Au Bonheur des Ogres est bel et bien la preuve que le cinéma français a toujours des problèmes et que certaines bonnes idées sur le papier ne devraient servir par
moment que des téléfilms sans grande envergure comme cela a pu être le cas pour celui-ci.
Note : 2/10. En bref, indigeste adaptation bourrée de bons sentiments et sans grande ambition.
Date de sortie : 16 octobre 2013