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The Life and Death Of A Porno Gang

Publié le 26 février 2014 par Olivier Walmacq

life and death of a porno gang

Genre: horreur, trash, hardcore (interdit aux -18 ans)
Année: 2009
Durée: 1h52

L'histoire: Marko travaille en temps qu'assistant pour Cane, un réalisateur underground. Désireux de produire ses propres spectacles, Marko détourne une partie des fonds du dernier film sur lequel il travaille. Il recrute alors plusieurs personnes afin de monter des shows pornographiques itinérants. Chassée de Belgrade, la troupe entreprend de silloner la campagne serbe. C'est là qu'un soir, Marko rencontre Franz, un allemand expatrié. Celui-ci lui propose beaucoup d'argent s'il consent à se lancer dans le tournage de véritables snuff movies.

La critique d'Inthemoodforgore:

Souvenez-vous en 2010, A Serbian Film provoqua un immense scandale sur le net et dans tous les festivals où il fut présenté. Mis à l'index par un public outré, ce thriller extrême concentra sur lui toutes les polémiques. A tel point qu'un autre film, sorti l'année précédente et serbe lui aussi, passa totalement inaperçu. Et pourtant, The Life and Death of A Porno gang, puisque c'est de lui dont il s'agit, franchit encore un palier supplémentaire dans la transgression. En effet, en moins de deux heures de bobine, le film de Mladen Djordjevic accumule à peu près tout ce que l'on peut de pire en matière de bassesse humaine: urophilie, sodomie masculine, snuff animalier, fellation d'un travesti sur un cheval, échange de seringues entre séropositifs et j'en oublie volontairement. Si, par curiosité, vous allez faire un tour sur la toile, vous verrez que les mots "abject", "immonde" ou "dégueulasse" ponctuent fréquemment les commentaires sur ce film.

Oui, The Life and Death of A Porno Gang atteint des sommets dans l'ignominie. Cela en fait-il pour autant un mauvais film ? Curieusement, j'aurais tendance à dire que non. Enfin, pas aussi mauvais que certains ont pu l'affirmer. Oh, ce n'est certes pas le chef d'oeuvre du siècle, loin s'en faut. Et pourtant, faut-il jeter le tout à la poubelle ? Au risque de passer pour le détraqué de service, je ne le pense pas.
Attention spoilers: 1998, Marko, jeune cinéaste amateur, travaille pour Cane, un réalisateur de porno underground. Marko a pris l'habitude de tenir un journal vidéo intime.
L'action du début se déroule donc sur plusieurs mois où on le voit végéter dans sa situation d'assistant et aspirer à voler de ses propres ailes. Lassé d'être cantonné au rôle de faire valoir, il décide de détourner une somme importante d'argent, destinée à la réalisation du prochain film de Cane. Celui-ci furieux, alerte son frère policier et Marko se retrouve activement recherché par les deux hommes.
Entre temps, il contacte plusieurs de ses connaissances, junkies, homosexuels, drogués pour la plupart, afin de monter une troupe de théâtre itinérante qui proposerait des spectacles mélant burlesque et pornographie. La première a lieu à Belgrade et se trouve aussitôt annulée par les forces de police parmi lesquelles le frère de Cane.

Arrêtés et passés à tabac, Marko et ses amis décide alors de quitter la capitale serbe et de lancer dans une série de représentations à travers la campagne profonde. Hélas pour eux, la mentalité des paysans autochtones ne correspond pas du tout avec la liberté des moeurs qu'ils pratiquent sur scène. La tournée s'avère être peu lucrative et très vite, l'argent commence à manquer. Un soir, Marko fait la connaissance de Franz, un vieil allemand expatrié. Celui-ci lui propose de grosses sommes d'argent pour réaliser de véritables snuff movies. Après avoir hésité quelque peu, le groupe se met à la recherche de personnes dépressives, désespérées voire carrément candidates au suicide. L'argent qu'elles toucheront à titre posthume sera alors reversé à leur famille.
A partir de là, The Life and Death of A Porno Gang défonce allègrement toutes les barrières de la moralité et le ton du film, relativement joyeux et insouciant jusque là, bascule franchement dans l'horreur la plus outrancière. L'exemple le plus symptomatique sera le cas d'un grand père se portant volontaire à son exécution filmée, en présence de toute sa famille, afin que l'argent récolté serve à l'opération de sa petite fille atteinte d'une malformation au visage. Difficile de faire plus malsain.

Parmi les autres meurtres, nous aurons droit à une auto scarification maousse et à une décapitation à la tronçonneuse pour le moins réaliste. Finalement emportés dans cette spirale infernale et à nouveau recherchés par la police, les membres de la troupe se sépareront, non sans que deux d'entre eux se soient pendus. De retour à Belgrade, Marko retrouvera Cane et le tuera. Il abattra aussi Franz, son mauvais génie, tournant la page définitivement sur le passé. Au final, Marko et sa petite amie se sucideront dans une carrière abandonnée.
Malgrè son titre et son sujet, le film de Mladen Djordjevic n'est absolument pas une oeuvre pornographique. Il y a certes quelques brefs passages de sexualité explicite mais ce n'est pas en cela que le film est le plus choquant. Le malaise provient plutôt dans la déviance qui est faite de cette sexualité et de cette violence. La faute en incombe aux excès d'un scénario fourre-tout, si j'ose me permettre. Comment dire, ça part un peu dans tous les sens.

Durant plus d'une heure, The Life and Death of A Porno Gang s'apparente à une comédie débridée, hyper trash certes, mais gardant une certaine fraicheur dans les situations et l'interprétation. Même le viol collectif dont sont victimes les membres de la troupe par des paysans, se passe dans la bonne humeur, c'est tout dire! Par contre, la fin plonge violemment dans un gouffre nihiliste qui n'est pas sans rappeler A Serbian Film. Curieux de voir ces deux films se terminer de la même manière, à savoir par le suicide de leur principal protagoniste. Personnellement, j'y vois comme un signe de désespoir que le réalisateur envoie au public. Une métaphore négationiste sur l'avenir d'une nation marquée au fer rouge par des guerres intestines dont elle n'a pas encore réussi à faire le deuil. Dans cette région d'Europe qui, durant des années, a été victime de la barbarie des hommes, la noirceur du cinéma serbe n'est peut être que le triste reflet de ces blessures qui mettront très longtemps à cicatriser.

Scandaleux, dépravé, subversif, The Life and Death of A Porno Gang, qui accumule les qualificatifs en même temps que les scènes chocs, s'adresse à un public particulièrement averti. Le film de Mladen Djordjevic repousse comme rarement au cinéma, les limites de la provocation. Certains n'y verront qu'un nouveau film venu s'ajouter à la longue liste d'oeuvres extrêmes qui sont apparues ces dernières années. Cependant par sa décadence ostentatoire, son odieuse perversité et une désespérance toujours en filigrane, The Life and Death... a le mérite d'exister en tant que témoignage cinématographique des tourments les plus profonds de la nature humaine. Et des remèdes parfois radicaux de les exorciser.

Note: 09,5/20


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