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28 février /Mourir au beau milieu d'un bon repas

Par Blackout @blackoutedition
28 février Mourir au beau milieu d'un bon repas Une douce auberge au bord d'un gentil canal, ma douce me regarde amoureusement le temps est au beau fixe et une bise câline caresse un antique saule pleureur. Voici venir les escargots de Bourgogne portés par une serveuse charmante - ou une servante charmeuse - et ça fait des grands schmurf, et ça fait des grands schmurf, et le Mâcon blanc coule dans la gorge comme du miel d'acacia. Une bestiole rebelle échappe à ma fourche à deux dents et atterrit sur ma chemise blanche. Ma belle sourit, peu importe la chemise, nous sommes bien. Je lui rends un sourire gêné et le canal de Bourgogne clapote à nos pieds. Brochet beurre blanc Juste le temps de soupirer. J'adore ôter l'arête centrale avec le couteau plat, le poisson est cuit à point les filets se détachent merveilleusement. Je ferme les yeux et gobe la nourriture divine. Soudain Le drame. Une arête fourchue vient de se planter dans mon amygdale. Perdant toute correction je me mets à émettre des borborygmes insanes à cracher à rougir et à enfiler désespérément mes doigts dans ma bouche. Peine perdue. "Je suis secouriste !" La mort se signe : si vous voulez trépasser sûrement, croisez le chemin d'un secouriste. Trois jours de formation et ça se prend pour un médecin. Confirmation : je le vois attaquer ma gorge avec un couteau à poisson qu'il vient d'essuyer avec une serviette souillée. "N'ayez pas peur, trachéo, c'est un acte banal." Foin de trachéo le secouriste a cisaillé une carotide et le sang gicle jusqu'à une table d'Anglais qui n'avaient pas encore tout à fait compris ce qui se passait. Baignée de rouge la dame en blanc poussa un cri de hyène et fuit à toutes jambes au risque de tomber dans le canal. Je suis aussi blanc que la chair du brochet lorsque j'entends la sirène des pompiers. "Pense à fermer le gaz..." Furent mes dernières paroles héroïques à ma compagne trempée de ses larmes et de mon sang.

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