Sorcières, sorcières, sorcières …
Votre esprit s’emballe, tout un imaginaire se déploie, vous vous mettez à penser chapeau noir, nez crochu, potion magique, baguette et balais volant.
Mais non.
Les sorcières que nous présente Katarzyna Majak ne trainent pas dans la rue Mouffetard, ne font pas frétiller leurs narines, ne descendent pas des pintes d’hydromel à Pré-au-lard avec le Crew Potter et ne plient pas non plus bagage d’un Woketi Poketi Woketi Wack.
Ces sorcières-là sont bien réelles, ce sont des femmes de la société polonaise aux croyances ancestrales, qui s’attachent à perpétuer leur culture religieuse dans un pays à 90% catholique.
Katarzyna Majak a parcouru la Pologne pendant presque 1an à la recherche des femmes des minorités religieuses du pays. Assez vite l’artiste s’est intéressée à l’expansion du mouvement paien et à la spiritualité féminine néo-paienne dans un pays où le catholiscisme a cherché à effacer toutes formes de pagnanisme. Son projet, Women of Power, permet alors de mettre en avant ces représentations plurielles dans une société monoreligieuse.
Katarzyna Majak a ainsi rencontré 29 femmes âgées de 30 à 90 ans, qu’elle a photographiées, vêtues de leurs habits de cultes et arborant fièrement leurs attributs : plumes, pierres, épées, coquillages, tambour, autant de figurines magiques.
Chaque femme représente un courant de spiritualité hérité des traditions slaves et du chamanisme asiatique. Au cœur de ces croyances, la Terre, la relation de l’Homme avec son environnement. Les activités de ces femmes de pouvoir sont depuis toujours basées sur l’utilisation des connaissances héritées du contact avec la nature, un savoir intuitif dont elles tirent leurs pouvoirs.
Certaines sont guérisseuses, guides, artistes spirituels, d’autres murmurent à l’oreille des arbres ou encore anticipent l’avenir.
Toutes ont, à leur manière, gagné du pouvoir en créant leur propre forme de pratique.
Lorsque l’artiste a demandé à l’une de ces femmes ce qu’était une sorcière, celle-ci lui a répondu :
« Une sorcière est une femme aux connaissances particulières qui prend un balai et nettoie le monde ».
Le projet de Katarzyna Majak nous rappelle ainsi qu’une pluralité de croyances traversent nos sociétés et qu’aussi différentes soient-elles, elles sont toutes des façons de se rapprocher avec sagesse de ce qui est indicible, de célébrer notre humanité et de participer à rendre notre monde meilleur.
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