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Kiffe kiffe demain de Faïza GUENE

Par Lecturissime

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♥ ♥

L’auteur :

 Faïza Guène est une romancière et réalisatrice.

Française d'origine algérienne, elle est la cadette d'une famille de trois enfants. Elle a grandi et vit dans la cité des Courtillières à Pantin.

Au collège, elle participe aux ateliers de lecture et doit réaliser pour le journal de l'établissement un reportage sur l'association " Les engraineurs " qui propose aux jeunes du quartier un atelier d'écriture cinématographique. Faïza Guène n'a jamais quitté l'association depuis ce reportage. Grâce à l'association, elle réalise en 2002, son premier court-métrage, RTT qui raconte l'histoire de Zohra, mère célibataire joué par Mme Guène. Le film remporte trois prix dans les festivals. Cinq courts-métrages suivront et un documentaire sur le 17 octobre 1961.

Son premier roman, Kiffe kiffe demain, a été l'une des meilleures ventes de l'année 2004. Elle publie en 2006 Du rêve pour les oufs, puis, en 2008, Les gens du Balto, aux éditions Hachette Littératures.

L’histoire :

Doria a 15 ans, un sens aigu de la vanne, une connaissance encyclopédique de la télé, et des rêves qui la réveillent. Elle vit seule avec sa mère dans une cité de Livry-Gargan depuis que son père est parti un matin dans un taxi gris trouver au Maroc une femme plus jeune et plus féconde. Ça, chez Doria, ça s'appelle le mektoub, le destin : " Ça veut dire que quoi que tu fasses, tu te feras toujours couiller. " Alors autant ne pas trop penser à l'avenir et profiter du présent avec ceux qui l'aiment ou font semblant. Sa mère d'abord, femme de ménage dans un Formule 1 de Bagnolet et soleil dans sa vie. Son pote Hamoudi, un grand de la cité qui l'a connue alors qu'elle était " haute comme une barrette de shit ". Mme Burlaud, sa psychologue, qui met des porte-jarretelles et sent le Parapoux. Les assistantes sociales de la mairie qui défilent chez elle toujours parfaitement manucurées. Nabil le nul qui lui donne des cours particuliers et en profite pour lui voler son premier baiser. Ou encore Aziz, l'épicier du Sidi Mohamed Market avec qui Doria essaie en vain de caser sa mère. Il se mariera sans les inviter ? Peu importe, " Maman et moi on s'en fout de pas faire partie de la jet-set ".Kiffe kiffe demain est d'abord une voix, celle d'une enfant des quartiers. Un roman plein de sève et d'humour.

Ce que j’ai aimé :

Doria, jeune fille appartenant à la deuxième génération d’émigrés algériens en frace, nous raconte son quotidien dans la cité de Livry Gargan. Elle nous offre ainsi un point de vue de l’intérieur des banlieues. Avec beaucoup de recul et d’humour elle évoque sa mère illetrée, son père qui a déserté le foyer familial, les assistantes sociales qui défilent, sa psychologue, ses amis, Hamoudi, Nabil qui lui donne des cours particuliers…

Son récit est dynamique et drôle là où il pourrait être déprimant, Doria portant un regard empli de tendresse et d’optimisme pour sa cité. Elle n’occulte pas ses dérives, la détresse des femmes, la délinquance des jeunes, la prison pour certains, les trafics en tous genre,  les vols, l’argent qui manque sans cesse et oblige à s’habiller au secours populaire ou desna les vide greniers…

« L’avenir ça nous inquiète mais ça ne devrait pas, parce que si ça se trouve, on en a même pas. On peut mourir dans dix jours, demain ou tout à l’heure, là, juste après. » (p. 22)

Alors bien sûr, Doria s’interroge sur son avenir, comme tous les jeunes de son âge :

« Le problème, c’est qu’en cours, je suis nulle. Je touche la moyenne juste en arts plastiques. C’est déjà ça mais je crois que pour mon avenir, coller des feuilles mortes sur du papier canson, ça va pas trop m’aider. » (p. 24)

Leurs rêves sont à leur image, simples et baignant dans leur univers comme pour Nabil qui rêve de participer au Bigdil et de gagner la voiture.

« C’est peut-être ça la solution : garder toujours un petit espoir et ne plus avoir peur de perdre. » (p. 130)

Mais cette vie de bric et de broc est éclairée par une tendresse infinie pour sa mère et pour son monde. L’humour, l’espoir illumine le récit.

Premières phrases :

« C’est lundi et comme tous les lundis, je suis allée chez Mme Burlaud. Mme Burlaud, elle est vieille, elle est moche et elle sent le Parapoux. Elle est inoffensive mais quelquefois, elle m’inquiète vraiment. Aujourd’hui, elle m’a sorti de son tiroir du bas une collection d’images bizarres, des grosses taches qui ressemblaient à du vomi séché. Elle m’a demandé à quoi ça me faisait penser. Je lui ai dit et elle m’a fixée de ses yeux globuleux en remuant la tête comme les petits chiens mécaniques à l’arrière des voitures. »

Kiffe kiffe demain, Faïza Guène, Le libre de poche ; 2004 ; 5 euros


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