Petit Chou, 11 ans, a des grands parents; mes parents et ceux de son papa. Il ne voit ces derniers que très peu souvent, 2 à 3 fois par an, la dernière fois qu'il les a vus c'était en décembre lors de l'accident de son papa et la fois d'avant remontait à pâques 2013. Autant vous dire qu'il ne se sent pas très à l'aise avec eux, d'autant qu'ils sont ... comment dire ... pas très doués en matière de sentiments et en psychologie infantile ni même psychologie tout court mais bon passons. Son papa ne s'entendait pas avec eux, d'où le peu de visites.
Toujours est il qu'après le décès de son papa, même si je n'adore pas mes ex beaux parents, j'ai souhaité qu'il garde un lien avec eux, ce sont ses grands parents et la seule famille qui lui reste du côté de son papa, je trouve ça donc important qu'il les voit, ça me semble même primordial. Oui mais voilà Petit Chou n'adore pas être chez eux, il n'en a pas de très bons souvenirs et "ce sont des étrangers pour moi maman".
Il était prévu qu'il passe 5-6 jours chez eux lors des vacances d'hiver, vers Blois, donc à 600 bornes de chez nous. Le départ était prévu dimanche matin, il a plusieurs fois émis l'idée d'annuler les vacances les semaines qui ont précédé, montré qu'il n'avait pas envie et la veille ce fut une véritable catastrophe, pleurs, lamentations "mais je ne veux pas y aller maman, je ne veux pas quitter mon univers".
Inutile de vous dire à quel point chaque mot et larme me serrait le coeur, je sais à quel point il a besoin de moi en ce moment, que nous avons établi un rituel le soir, qu'il est fragilisé par ses angoisses... mais en même temps je sais qu'il adore faire du vélo là bas avec son grand-père, qu'il court dans l'immense jardin avec le chien, qu'il se régale de conduite le tracteur, ramasser les feuilles... même si ces souvenirs datent un peu ...
Je n'ai pas cédé, le matin fatidique est arrivé et la séparation s'est très bien passée, il souriait, ne m'a pas collé, on s'est embrassé plusieurs fois c'était inouï. C'est lors de l'appel vidéo du soir que tout s'est compliqué. Il était 20h45, il avait une mine défaite, un cafard comme jamais "maman je n'y arriverais pas, je veux pas être là" .On lui avait dit que si c'était vraiment trop dur on remonterait le chercher il n'a pas tardé à me demander si on pouvait venir dès le lendemain. Bref un cauchemar au téléphone qui ne voulait pas se terminer puisque les "au revoir" duraient, c'était sans fin.
Dur, très dur de voir son bonhomme dans cet état, je n'arrêtais pas de me dire que c'était normal, chaque départ en colo ou voyage en famille à l'étranger se passe de cette façon, le cafard est toujours au rendez-vous le jour du départ et surtout le premier soir, je me souviens de mon premier été en angleterre à 11 ans, seule dans une famille pour 3 semaines. Mais quel bonheur au final.
Ceci dit ce n'est pas tout à fait pareil, les paramètres sont différents dans le cas de mon fils, il a perdu son papa il n'y a même pas 3 mois, je sais qu'il a de fortes angoisses le soir et que ses grands parents ne sont pas les rois de l'affection alors j'ai eu mal, j'ai forcément culpabilisé au final de l'avoir envoyé là bas, chez eux, j'ai eu comme l'impression de l'avoir un peu abandonné ...
Et puis ce matin j'ai reçu un mail de lui me disant que j'avais raison, qu'il avait juste eu un gros coup de cafard, qu'il avait très bien dormi et qu'il partait faire du vélo, "bye maman, bisous". Tout allait donc très bien, comme il m'avait semblé que cela se passerait en le laissant partir dimanche... ce n'était qu'un coup de mou, évidemment, mais bon sang ce que cet appel m'a fait trembler et douter.