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Chinese Man x JBMT

Publié le 04 mars 2014 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

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Faut-il encore présenter Chinese Man ? Groupe/collectif composé des deux DJ’s High Ku et Zé Matéo, ainsi que du beatmaker SLY, il a su s’imposer dès 2008 avec son tube I’ve Got That Tune. Mais loin de se limiter à ce succès, les trois garçons ont enchaîné en 2011 avec Racing with the Sun, toujours nourri de rythmes bien lourds et de mélodies un brin rétro. Les voilà de retour avec Once upon a time, un EP solaire teinté de reggae qui fait tanguer les enceintes.

Bonjour à vous trois,

Débutons avec la question bateau : quelles sont vos principales influences ?

Elles sont multiples et variées. Beaucoup de hip hop américain des années 90, du reggae, de la musique brésilienne (sud-américaine dans l’ensemble), de la soul, de la funk. Après, chacun a ses petites déviances musicales !

Des noms en particuliers ?

Les grands classiques : DJ Shadow, DJ Premier, Nina Simone, Paolo Conte…

On vous présente souvent, trop rapidement, comme un collectif de rappeurs venant de Marseille… Ce qui a son lot de préjugés. Vous ressentez un peu ce cliché ?

Non, on n’a jamais vraiment mis en avant le fait que l’on vienne de Marseille. On le dit, parce que ce n’est pas un problème, mais ce n’est pas vraiment flagrant dans notre musique. Pendant longtemps, les gens ne savaient pas d’où on venait, et encore maintenant beaucoup sont surpris de savoir que l’on est français. On nous croit américain, anglais… ou même chinois. On n’est d’ailleurs pas véritablement des rappeurs !

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Comment se passe votre processus de création ?

Mal. Non, notre façon de travailler est une des rares choses qui n’a pas vraiment changé depuis le début. On part toujours d’un ou plusieurs samples, on trouve la structure rythmique du morceau, puis on développe tout ça. On est toujours trois à créer, et si quelque chose ne plait pas à l’un d’entre nous, on passe à autre chose. Donc c’est assez démocratique et participatif !

Zé Matéo : Après, dans la pratique, SLY travaille le plus sur l’ordinateur. C’est lui qui a la capacité à rester le plus longtemps les yeux ouverts.

SLY : Mateo fait lui beaucoup les pianos et les basses… grâce à son toucher. C’est son côté italien ça !

High Ku : Et moi… on cherche encore.

Est-il plus difficile de composer après que ses titres ont déjà été des tubes ? Avez-vous l’impression de faire face à une certaine exigence de la part du public ?

A vrai dire, on s’est mis une petite pression pour Racing with the sun, puisque c’était notre véritable premier album. On a eu la chance qu’il marche bien, même si on sera toujours associé au morceau I got that tune.

Zé Matéo : C’est un peu comme le Week-end à Rome d’Etienne Daho.

SLY : Excellente comparaison.

High Ku : Je crois qu’on a eu le temps de digérer la chose depuis le temps. Non, et puis on n’a pas fait un véritable tube, on n’a jamais vendu 100 000 albums, remporté de Victoire de la Musique…

SLY : On n’a jamais eu de Victoire de la Musique ?

High Ku : On reste dans un public qui est « le nôtre », avec des gens plutôt ouverts et prêts à nous laisser évoluer.

Vous êtes donc originaires du sud de la France : pensez-vous que cela a une incidence sur votre travail ?

Zé Matéo : Certainement plus dans notre façon de vivre que dans notre musique. Il est clair que l’on est relativement tenu à l’écart d’un certain microcosme journalistique, de soirées hype… Mais je pense que vivre dans le Sud est plus facile au quotidien : on t’aborde moins, et quand tu rentres à Marseille après une tournée, tu as vraiment la possibilité de te couper de cet univers.

SLY : Plus que d’être dans le Sud, c’est le fait de ne pas être à Paris qui change la donne.

Quelles sont les choses que vous préférez et que vous aimez le moins en live ?

Les meilleurs moments sont ceux passés sur scène, on ne va pas se mentir ! Et le catering aussi, quand c’est bon. Les mauvais côtés, comme toujours, sont les déplacements et l’attente. Nos journées sont plus ou moins centrées sur les 90 minutes de scène le soir. Mais c’est normal, ça fait partie des contraintes du métier !

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Le travail que vous faites au sein de votre label a-t-il influencé votre musique ?

Le label est arrivé avant le groupe, donc il a eu forcément une influence sur nous. D’abord, parce que c’était à la base un label de vinyls : on sortait des maxis de trois ou quatre titres, ce qui a vraiment donné la couleur des deux premiers Groove Session. Aussi, le côté indépendant du label joue beaucoup pour nous.

Vos clips sont toujours travaillés sur le plan artistique, avec un côté très créatif. C’est un aspect important pour vous ?

SLY : Oui, ce travail visuel a tout de suite fait partie du projet. Par la force des choses, on était entouré de graphistes, vidéastes, dessinateurs…  Au début, on était seulement tous les trois sur scène, avec des machines ; on a choisi d’intégrer la vidéo au live, en se disant que ça ajouterait une « plus-value » en quelque sorte.

Zé Matéo : L’image est justement l’une des particularités du label. Le collectif s’est enrichit progressivement de ce côté-là, en plus de Fred & Annabelle.

SLY : L’image nourrit la musique et vice-versa, c’est une émulation.

Il y a souvent des extraits de films et de séries dans vos morceaux ; avez-vous un film mythique commun ?

Fight Club certainement. On aime avant tout les vieux films, Rebecca d’Hitchcock par exemple.

Où allez-vous chercher  la musique que vous écoutez en dehors du label? (disquaire, radio…)

Galette [31 Rue des Trois Rois] pour les disques à Marseille. Après, il y a beaucoup de sites internet : Juno, un classique pour les DJ’s, LeMellotron, le blog Pigeons & Planes, ou encore Chances with Wolves, une radio new-yorkaise qui ne passe que du très bon rap groove. On en trouve même sur Youtube et Soundcloud, en se perdant dans les suggestions de titres.

Passons à un sujet plus sensible : que pensez-vous du téléchargement illégal ?

Le téléchargement illégal nous a certainement aidés à un moment, donc on ne va pas cracher dessus. Après, évidemment, on est toujours plus content de recevoir de l’argent que l’inverse ; mais au vu de la taille de notre projet, c’est plutôt un moyen positif, qui permet de faire circuler la musique. Et au final, il arrive souvent que les personnes qui n’achètent pas notre album viennent à nos concerts.

Les gens ont aussi besoin de savoir où va leur argent. A un moment donné, les majors ont pleuré en disant que le téléchargement allait tuer les artistes, alors que l’on savait très bien qu’il allait surtout tuer les actionnaires. Beaucoup viennent nous voir au merchandising, nous disant qu’ils veulent nous acheter nos disques directement, sans passer par un intermédiaire. Il arrive même qu’ils achètent un exemplaire d’un CD qu’ils ont déjà chez eux, simplement pour nous soutenir, puisqu’ils savent que leur argent est réinvesti dans de nouveaux projets.

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Si vous deviez associer Chinese Man à un objet ou un personnage de fiction, lequel serait-ce ?

Totoro [protagoniste d’un film d’animation de Miyazaki]. Parce qu’il est gros et mignon, qu’il vole et qu’il habite dans un arbre. Et surtout, il a un chat-bus ! D’ailleurs, il faut demander à ce qu’on ait un chat-bus pour les tournées. On devrait vraiment coller des poils sur notre tour-bus.

Si vous deviez faire revenir sur terre un chanteur/musicien décédé, qui choisiriez-vous ? Qui enverriez-vous prendre sa place ?

Zé Matéo : Moi, j’échangerais bien David Guetta contre Nina Simone.

High Ku : Je ferais bien revenir Bob Marley quand même. En échange de… Il ne faut pas me demander ça, sinon j’en renvoie des chats-bus entiers !

Quelle est la chanson catégorisée honteuse que vous adorez secrètement ?

Zé Matéo : J’aime bien « Toxic » de Britney Spears, mais elle n’est pas vraiment honteuse en fait.

SLY : Moi, j’aimais bien tout l’album des Destiny’s Child. Richard Gotainer aussi !

High Ku : Et moi, Baby boy  de Sean Paul et Beyoncé.


Et pour terminer, quelle chanson vous donne la patate en toute circonstance ?

SLY : Sweet Child O’Mine des Guns N’ Roses. Ce qui pourrait presque valoir pour la question précédente.

Zé Matéo : Pour me donner la patate sérieusement, peut-être un morceau de Prodigy. Plus doux, pour le matin, Mr. Intentional de Lauryn Hill.

High Ku : Ganja Smuggling de Eek a Mouse, le dimanche matin quand il fait beau, en faisant mon ménage.

 Zé Matéo : C’est pas vrai, il fait pas le ménage, il a un personnel de maison !

 

Merci Chinese Man !


Louise Deglin

Once Upon a Time EP :

Retrouvez Chinese Man :


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