Cuba, 1958. Le président Batista a du mal à contenir la
révolution castriste et les barons de la pègre locale s’inquiètent. Le meurtre
d’un américain va mettre le feu aux poudres. Une mallette de billets qi
disparaît et le jeune Joaquin, serveur sans histoire dans un casino de La
Havane, va voir sa vie basculer. Impliqué malgré lui dans une affaire qui le
dépasse, il part pour la Floride avec Elena, jeune chanteuse au charme vénéneux
promise à Trafficante, le plus grand parrain de l’île. A leurs trousses, une
horde de tueurs sans pitié...
Voila un pitch somme toute classique. Du noir bien serré à
la trame simplissime mais d’une redoutable efficacité. Berthet a demandé à
Régis Hautière de lui écrire une histoire après avoir lu et adoré Abélard (on
peut le comprendre). Le scénariste lui a concocté un récit aux petits oignons
dans une ambiance qui n’est pas sans rappeler le « Privé
d’Hollywood », l’une de ses plus célèbres séries. En prime, j’ai retrouvé
dans ce premier tome plusieurs éléments inspirés d’Abélard : le jeune naïf
fou amoureux d’une femme fatale ne s’intéressant pas à lui, l’exil volontaire vers un
avenir que l'on pense meilleur, la rencontre impromptue avec un inconnu croisé au cours du
voyage... tout ça dans un diptyque. Pour le coup, on peut craindre le pire pour
notre jeune naïf quand on connait la fin d'Abélard !
Le graphisme est somptueux et Berthet s’en donne à cœur
joie. Cuba et la Floride des années 50-60 sont restitués avec une déconcertante
facilité. Voiture, vêtements, architecture, tout y est. Sans compter les femmes
à la plastique de rêve, une des « spécialités » du dessinateur des
incontournables « Pin-up ».
Un excellent premier volume, qui se dévore d’une traite. Moi qui ne suis pas
amateur de polar, je me suis régalé. Et connaissant Hautière, je ne doute pas
une seconde que la conclusion de ce road trip trépidant soit à la hauteur.
Perico T1 de Philippe Berthet et Régis Hautière. Dargaud,
2014. 64 pages. 15,00 euros.