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[anthologie permanente] Zbigniew Herbert

Par Florence Trocmé

Les éditions Le Bruit du temps mettent la dernière main à leur remarquable entreprise de publication, en français, des œuvres du grand écrivain polonais Zbigniew Herbert.  
Le Tome III des œuvres poétiques sera en librairie le 20 mars, ainsi qu’un recueil de récits et d’essais autour du voyage (Un barbare dans le jardin, traduction du polonais par Jean Lajarrige, revue par Laurence Dyèvre, 320 p., 24€). 
 
 
À Henri Elzenberg 
pour le centenaire de sa naissance 
 
Qui serais-je devenu si je ne t’avais rencontré – Henri mon maître 
Que j’appelle par son prénom pour la première fois 
Avec l’égard la déférence dus aux Grandes Ombres 
 
J’aurais été toute ma vie un garçon ridicule 
Qui cherche 
Essoufflé taciturne honteux de sa propre existence 
Un garçon qui ne sait pas 
 
Nous vivions en des temps qui étaient bien une histoire contée par un idiot 
Pleine de bruit et de crimes 
Ton aménité austère ta force délicate 
M’apprenaient à durer dans le monde telle une pierre qui pense 
Persévérant sensible et indifférent à la fois 
 
Les sophistes et ceux qui pensent avec une massue évoluaient autour de toi 
Les fourbes dialectiques les tenants du néant – tu les fixais 
À travers tes lunettes légèrement embuées 
D’un regard qui pardonne et ne devrait pas pardonner tout à fait 
 
De toute ma vie je n’ai su trouver des mots de remerciement 
Sur ton lit de mort encore – c’est ce qu’on m’a dit – tu attendais la voix de ton élève 
Terrassé par de cruelles nourrices 
Dans la ville aux lumières artificielles sur la Seine 
Mais la Loi les Tables la Règle - durent 
 
Gloire à tes ancêtres 
Et à ceux peu nombreux qui t’aimaient 
 
Gloire à tes livres 
Minces 
Rayonnants 
Plus durables que l’airain 
 
Gloire à ton berceau 
 
Henryk Elzenberg (1887-1967), docteur ès lettres de la Srobonne et en philosophie de l’université de Léopol, professeur de philosophie, auteur de plusieurs livres. Herbert, qui fut son étudiant, lui dédia la poème « à Marc Aurèle » (Corde de lumière).  
 
Zbigniew Herbert, Épilogue de la tempête, précédé de Élégie au départ et de Rovigo, Œuvres poétiques complètes III, édition bilingue, traduit du polonais par Brigitte Gautier, Le Bruit du temps,  368 p., 26€ (en librairie le 20 mars 2014), p. 122 à 125 
 
 
Do Henryka Elzenberga w stulecie Jego urodzin

Kim stałbym się gdybym Cię nie spotkał - mój Mistrzu Henryku 
Do którego po raz pierwszy zwracam się po imieniu 
Z pietyzmem czcią jaka należy się - Wysokim Cieniom 
Byłbym do końca życia śmiesznym chłopcem 
Który szuka 
Zdyszanym małomównym zawstydzonym własnym istnieniem 
Chłopcem który nie wie 
Żyliśmy w czasach które zaiste były opowieścią idioty 
Pełną hałasu i zbrodni 
Twoja surowa łagodność delikatna siła 
Uczyły jak mam trwać w świecie niby myślący kamień 
Cierpliwy obojętny i czuły zarazem 
Krążyli wokół Ciebie sofiści i ci którzy myślą młotem 
Dialektyczni szalbierze wynawcy nicości - patrzyłeś na nich 
Przez lekko załzawione okulary 
Wzrokiem który wybacza i nie powinien wybaczyć 
Przez całe życie nie mogłem wydobyć z siebie słowa dziękczynienia 
Jeszcze na łożu śmierci - tak mi mówiono - czekałeś na głos ucznia 
Którego w mieście sztucznych świateł nad Sekwaną 
Dobijały okrutne niańki 
Ale Prawo Tablice Zakon - trwa 
Niech pochwaleni będą Twoi przodkowie 
I ci nieliczni którzy Ciebie kochali 
Niech pochwalone będą Twoje księgi 
Szczupłe 
Promieniste 
Trwalsze od spiżu 
Niech pochwalona będzie Twoja kołysanka  
(source) 
 
○ 
 
La tendresse 
 
Que dois-je faire de toi tendresse enfin 
tendresse pour la pierre les oiseaux les gens 
tu devrais dormir au creux de la paume au fond de l’œil 
là est ta place que nul ne te réveille 
 
Tu gâches tout modifies tout de travers 
tu résumes la tragédie à un roman de gare 
le vol élevé d’une idée 
tu en fais des geignements exclamations sanglots 
 
Décrire c’est tuer car ton rôle enfin 
est de rester assise dans les ténèbres d’une salle froide vide 
d’être assise seule tandis que la raison babille tranquillement 
brume dans l’œil des marbres les gouttes s’écoulent sur le visage 
 
Zbigniew Herbert, Épilogue de la tempête, précédé de Élégie au départ et de Rovigo, Œuvres poétiques complètes III, édition bilingue, traduit du polonais par Brigitte Gautier, Le Bruit du temps,  368 p., 26€ (en librairie le 20 mars 2014), p. 342 et 343 
 
Cóż ja z Tobą czułości w końcu począć mam? 
A w uszach mi dziś gra ta piosenka Turnaua: 
"Cóż ja z tobą czułości w końcu począć mam
czułości do kamieni do ptaków i ludzi
powinnaś spać we wnętrzu dłoni na dnie oka tam
twoje miejsce niech cię nikt nie budzi
 
Psujesz wszystko zamieniasz na opak
streszczasz tragedię na romans kuchenny
idei lot wysokopienny
zmieniasz w stękania eksklamacje szlochy
 
Opisać to jest zabić bo przecież twoja rola
siedzieć w ciemności pustej chłodnej sali
samotnie siedzieć gdy rozum spokojnie gwarzy
w oku marmurów mgła i krople toczą się po twarzy
 (source)
 
 
Zbigniew Herbert dans Poezibao :  
bio-biliographie, extraits 1, ext. 2, ext. 3, ext. 4, ext. 5


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