
La quatrième de couverture parle d’un huis clos à ciel ouvert et c’est exactement ça. Le face à face entre le révérend et le garagiste est d’une grande force. Le premier est un orateur hors pair, un homme qui sait se montrer convaincant. Le second est un taiseux, profondément athée : « Les affaires du ciel ne l’intéressaient pas. La religion était faite pour les femmes et les hommes faibles. Le bien et le mal, c’était une autre histoire : ça, c’était une question quotidienne, concrète, que l’on pouvait affronter avec son corps. La religion, d’après lui, était une façon d’éluder ses responsabilités. S’abriter derrière Dieu, attendre d’être sauvé, ou rendre le diable responsable du mal qu’on était capable de faire. » Entre eux, l'affrontement ne pouvait que couler de source.
Un excellent premier roman. Chapitres courts, écriture sèche et très visuelle, aller-retour entre le présent du récit et le passé des personnages, Selva Almada possède à l’évidence un vrai sens de la narration. Il y a quelque chose d’hypnotique dans ce texte. Chacun à l’air sûr de soi, maître de ses paroles et de ses actes. Et pourtant on sent que l’étincelle qui va mettre le feu au poudre ne demande qu’à jaillir. Tout tient dans l’ambiguïté des attitudes, dans cette atmosphère immobile et irrespirable qui finit par électriser le décor et les protagonistes. Le début de ma réconciliation avec la littérature argentine à 15 jours du salon du livre, c’est parfait !
Après l’orage de Selva Almada. Métailié, 2014. 134 pages. 16 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Valérie et une participation de plus à son challenge.
