Ken games (T0) Louviers

Chroniques : Ken games TO : Quant un couple de tueur se quittent, que peuvent-ils faire pour oublier ?

Scénario de José Manuel Robledo, dessin et couleurs de Martial Toledano

Public conseillé : Adolescents-adulte

Style : Polar / Thriller
Paru le 7 mars 2014, chez Dargaud.

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Histoire

Pour Louviers et Ciseaux, le couple de tueur, l’écume des jours se fait sentir. Aspirant à une vie simple, Anne (Ciseaux) claque la porte !
Pour oublier son échec amoureux, Louviers accepte un nouveau contrat, en Europe de l’est, dans un pays en pleine guerre civile. En arrivant dans la ville dévastée, Louviers usurpe une identité de journaliste et se joint aux correspondants qui rêvent de décrocher le “Pulitzer”.
Pour localiser sa cible (surnommée “La Hyène”), Louviers utilise, comme les autres journalistes, un groupe d’enfants qui vendent leurs services. Parmi ce groupe de traducteurs/informateurs, il choisit un enfant muet, particulièrement déterminé. Grâce à cette aide inespérée, il pourrait approcher “La Hyène”.
Dans la ville en pleine guerre civile, le tueur va croiser des personnages troubles et se remémorer son passé avec Ciseaux…

Ce que j’en pense

Trois ans après une trilogie exceptionnelle d’un polar raconté en mode subjectif (3 personnages = trois histoires), José Manuel Robledo et Martial Toledano reviennent avec une préquelle qui développe le passé du couple de tueurs « Ciseaux » / « Louviers ». Si vous connaissez cette série, c’est l’occasion d’en reprendre une petite rasade. Sinon, l’opportunité de découvrir un duo d’auteur espagnol de tout premier ordre.
C’est avec un grand plaisir que j’ai retrouvé quelques personnages de la brillante trilogie « Ken Games ». Faux semblants, construction du scénario tout en subtilité, personnages attachants et contexte documenté, Robledo et Toledano ont bien profité des trois années écoulées pour affiner encore leur style.
Investissant forme et fond, Robledo fait progresser parallèlement le récit du tueur cherchant sa cible et les questionnements de ce dernier. Si le grand nombre de Flashbacks a tendance à brouiller un peu la lecture, l’ensemble reste très digeste, pointu, aiguisé et particulièrement dense et profond (c’est rare pour un polar noir en BD). Conçu comme un One-shot, ce nouveau volume, nous explique la relation des deux personnages, tout en développant une vraie histoire finie et complexe dans un terrain où tout semble possible. Enfin, ce quatrième épisode complète habilement la trilogie initiale, sans donner l’impression d’une sur-exploitation commerciale.

Le dessin

Ce volume donne l’occasion à Martial Toledano de peaufiner encore son trait. Il durcit, affine, aiguise son dessin semi-réaliste, tout en gardant une filiation certaine avec la trilogie d’origine.
Faisant preuve d’une grande maturité, Toledano se met en osmose complète avec le scénario. Dans ce territoire en pleine guerre civile, sa virtuosité graphique explose à chaque cadrage. Dynamique et très expressif, son graphisme, abreuvé de références cinématographiques, fait mouche à chaque planche !
Parsemé de petites perles graphiques (admirez les scènes du Zoo dévastés tout droit sortis de « Pride of Baghdad » ; « Je suis une légende« ; ou de « L’armée des 12 singes« ), le dessin de Toledano m’a scotché par son implacable efficacité.

En résumé

Retour sur le passé pour le couple de tueurs “Ciseaux” et “Louviers”. José Manuel Robledo et Martial Toledano nous offrent un one-shot indépendant qui développe le passé des deux “héros” et raconte une histoire de contrat. En pleine guerre civile, “Louviers” cherche sa cible et se fait rattraper par ses démons. Scénario ciselé et dessin d’une parfaite efficacité assurent un excellent moment de lecture (avec ou sans connaissance de la trilogie initiale).