Takato Yamamoto est un artiste japonais que je ne connaissais pas il y a une semaine mais ses oeuvres possèdent une telle force que je ne peux m'empêcher de partager cette découverte avec vous. Il nomme son style "heisei Aestheticism"; c'est mouvement paradoxal où il combine brutalité et sérénité, avec une pointe de sexualité. Entre la peinture japonaise traditionnelle et le manga, ses oeuvres mêlent l'ero-guro (érotique gore) et le yaoi ou le yuri, tout en distillant une note de quiétude qui apaise l'ensemble assez lugubre. Il est aussi à l'aise avec des sujets japonais traditionnels que des mythes occidentaux. J'avoue ne pas être particulièrement friande de certaines peintures à la limite du SM mais pour le reste, je suis totalement admirative. En plus, son univers ressemble assez à celui d'Harry Clarke, un artiste irlandais de la fin du XIXème que j'adore, qui a notamment illustré Faust de Goethe et des nouvelles d'Edgar Allan Poe.
Comme d'habitude, un petit florilège dont je ne connais pas les titres ; les intitulés correspondent à ce qui est représenté, j'espère ne pas me tromper
Salomé embrassant la tête de Saint Jean Baptiste (probablement inspiré de la pièce de Wilde dont je ne peux m'empêcher de vous mettre l'extrait qui correspond à cette scène)
Ah ! tu n'as pas voulu me laisser baiser ta bouche, Iokanaan. Eh bien ! je la baiserai maintenant. Je la mordrai avec mes dents comme on mord un fruit mûr. Oui, je baiserai ta bouche, Iokanaan. Je te l'ai dit, n'est-ce pas ? je te l'ai dit. Eh bien ! je la baiserai maintenant... Mais pourquoi ne me regardes-tu pas, Iokanaan ? Tes yeux qui étaient si terribles, qui étaient si pleins de colère et de mépris, ils sont fermés maintenant. Pourquoi sont-ils fermés ? Ouvre tes yeux ! Soulève tes paupières, Iokanaan. Pourquoi ne me regardes-tu pas ? As-tu peur de moi, Iokanaan, que tu ne veux pas me regarder ?...
Saint Sebastien (sujet très classique dans la peinture religieuse occidentale)
Une Geisha
Ici, voici un motif un peu torturé mais admirablement travaillé
Pour celui-ci, la décence m'a obligée à le redécouper mais j'aime beaucoup l'expression du personnage qui m'a rappelé celle de Douzi dans Adieu ma concubine