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Intérieur, femme en bleu fouillant dans une armoire.

Publié le 09 mars 2014 par Eclectikgirl

Une nouvelle pour exprimer mon ressenti devant cette toile : Intérieur, femme en bleu fouillant dans une armoire - Félix Vallotton

Intérieur, femme en bleu fouillant dans une armoire -
Félix Vallotton

Pas un souffle d’air, pas un grincement de parquet, pas un soupçon de vie.
Elle frissonne sous sa robe de chambre bleue, ose à peine respirer.
Ne pas se retourner, ne pas voir la pièce dans son entier.
Il aurait fallu qu’elle fasse une toilette, qu’elle se change, qu’elle se coiffe.
Il aurait fallu qu’on la prévienne, qu’on la rassure, qu’on lui mente même.
Qu’au moins, on le lui montre.
Juste, cinq secondes.
Elle reste bloquée à cet instant-là.
A ces quelques secondes qui la hantent.
Ça s’est passé juste là, derrière son dos.
D’y penser, son ventre se crispe à nouveau.
Elle ferme les yeux, vacille un peu, se cramponne au rebord du placard.

Il n’y a pas assez d’air ici, il lui a tout prit, elle sait que c’est la dernière fois qu’elle met les pieds dans cette chambre.

Alors elle attend.
Elle reste là, encore un peu, le temps de retrouver l’usage de ses muscles, de son sang, de son âme.

Et d’un coup, des détails lui reviennent.
La façon dont elle s’est écroulée. Les nombreuses mains qui l’ont relevée, tâtée, allongée, déshabillée.
La honte qui rosissait ses joues, la peur qui broyait ses entrailles, l’horreur qui assombrissait ses pensées.

Mais l’espoir aussi. De pouvoir vivre avec lui, tout lui apprendre, tout supporter.
L’aimer et le chérir, jusqu’à ce que la mort les séparent.

Elle l’a aimé, ça oui, sans même le voir.
Elle ne connaîtra jamais le son de sa voix, mais elle l’a senti vibrer, là où désormais un vide immense s’est creusé.

Elle ouvre les yeux, se dit qu’il est temps.
D’un geste lent, elle prend un petit paquet sur l’étagère.

Entre ses mains, des layettes.
Des chaussettes.
Des souvenirs avortés.

S’en débarrasser.

Anya
PS : Il n’est pas évident, lorsqu’on écrit une histoire, qu’on se relit, qu’on se re-re-re-lit, de savoir si le lecteur comprend de quoi il retourne. Pas que je te sous-estime, nan nan, mais vu que je nomme pas l’événement clairement dans ma nouvelle, je ne sais pas si mes sous-entendu sont suffisamment éloquents et explicites …
Donc, si tu pouvais me dire en commentaire si tu as saisi de quoi j’ai voulu parler, ça m’aidera beaucoup (savoir si j’en rajoute, ou pas).
Merci ^^

FB rond


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