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Oui, le loup pourrait s'en prendre à nouveau à l'homme (10)

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

En réponse au document "Le loup, 10 vérités à rétablir, la fin annoncée de l’élevage des moutons et une menace pour tous les animaux élevés en plein air", la Buvette vous propose les réactions croisées(1) de Pierre Rigaux (PR), Gérard Bozzolo (GB), Marc Laffont (ML) et Baudouin de Menten (BdM).

10ème "vérité"

"Oui, le loup pourrait s’en prendre à nouveau à l’homme".

Oui, le loup pourrait s'en prendre à nouveau à l'homme
Jean-Marc Moriceau : " Oui c'est sain d'avoir peur du loup, mais une peur raisonnée, une peur relativisée. Le loup n'attaque pas l'homme adulte, n'attaque pas l'homme sain. Et d'ailleurs quand le loup attaque l'homme, c'est dans des circonstances très particulières, et c'est surtout sur des enfants en situation d'infériorité dans des contextes qui étaient ceux du passé, qui ne sont plus ceux d'aujourd'hui.

ML: Les défenseurs du loup ne doivent pas tomber dans le négationnisme absolu en matière de dangerosité du loup. Le loup est un carnivore intelligent, organisé et vivant en meute. De ce fait, c'est un animal susceptible à titre exceptionnel de présenter un danger, il n'y a pas à le nier.
Mais l'anthropophagie lupine a toujours été un phénomène limité, souvent lié à un contexte favorisant (rage, cadavres sur champs de bataille...) et représentant finalement une cause de mortalité bien marginale dans le contexte des époques concernées: les études historiques ont beau afficher des chiffres spectaculaires, sur la longueur des périodes auscultées, cela ne fait jamais qu'une dizaine d'attaques par an, à supposer que tous les cas soient indiscutables.
Par ailleurs les loups italiques et ibériques sont de taille plutôt modeste pour des Canis lupus (très rarement plus de 40 kg) et devraient sensiblement le rester.
Certains auteurs ayant choisi le loup comme sujet de prédilection médiatique insistent régulièrement sur le risque de perte de la peur de l'Homme chez un loup qui serait "trop protégé". Et dans le même temps, ils n'ont de cesse de rappeler que dans les pays voisins, à commencer par l'Italie d'où viennent tous nos loups à ce jour, le braconnage y est historiquement répandu, ce qui démontrerait des contextes loin d'être idylliques.
Si ce braconnage ne permet pas d'entretenir la peur de l'Homme chez le loup, comment croire que le fusil à longue portée ou à vision nocturne seront plus efficaces ? Un loup tué par un tir de 400 m finit certainement sa vie en étant "bien éduqué". Mais qu'en est-il de ses congénères ?
Les conditions qui ont pu permettre autrefois au loup de consommer de la chair humaine à titre exceptionnel n'existent plus en Europe de l'ouest : les enfants ne gardent plus les troupeaux (lorsqu'ils sont gardés...) et le nombre de loups restera sans commune mesure avec ce qu'il a pu être, sur un territoire où l'emprise de l'Homme est bien plus mortifère que celle du loup.
Les 2.000 à 2.500 loups ibériques actuels ne se traduisent pas localement par une hécatombe humaine. Il y a 250-300 loups en France. Il faut donc garder les pieds sur terre. Les modes de vie, les quantités de gibier disponibles ou la rigueur de l'hiver toute relative en France conduisent à nuancer les comparaisons avec d'autres pays, d'Europe de l'Est par exemple.
Nous sommes dans une société qui accepte que les sports d'hiver et d'été (randonnée...) fassent une centaine de morts chacun par an,  et les piscines privées plusieurs dizaines, dont de nombreux enfants en bas âge.
S'il faut faire de la recherche historique poussée pour trouver trace d'une possible attaque sur l'Homme en France imputable au loup, il suffit en général de lire la presse du lundi suivant l'ouverture pour découvrir un accident de chasse mortel. A peu près tous les ans. 
Il ne faut pas donc pas tomber dans l'irrationnel et relativiser les risques. Ces risques, réels, ne doivent pas occulter le rôle fondamental des grands prédateurs dans la restauration et la résilience des écosystèmes, intérêt général qui est la fonction première de ces espèces, bien avant les possibilités d'exploitation éco-touristique. Ce rôle incontournable est malheureusement quasi-systématiquement "oublié" par l'essentiel de ceux qui instrumentalisent "la peur du loup" pour tenter d'exister...
BdM:  Jean-Marc Moriceau ne dit rien d'autre : "Le rapport de forces entre l’homme et le loup n’a plus rien à voir avec celui qui existait aux époques que j’ai étudiées. Les enfants ne gardent plus les troupeaux, mais vont à l’école. On dispose d’autres armes que de baïonnettes ou de fusils à deux coups et le droit de chasse n’est plus réservé à une élite. La pression de l’homme sur le territoire est également bien plus importante, alors que le nombre de loups en France, lui, a été divisé par vingt et s’élève à 250 environ. Il faut donc raison garder. Ces situations du passé, que j’ai étudiées, on les retrouve aujourd’hui en Roumanie, en Inde ou dans le nord du Portugal. Mais le risque zéro n’existe pas, pour l’homme comme pour l’agriculture et pour l’élevage. Si on veut du loup, il faut l’accepter."

Combien d’enfants dévorés par les 500 à 1.000 loups en Italie? Combien de vieillards déchiquetés en Espagne par les 2.500 loups qui y rodent?

Ni ange, ni démon, le loup est un prédateur et vu sa taille, peut être dangereux. Et même si un jour il y a un accident, faudra t-il pour celà l'éradiquer? Combien d'éleveurs meurent chaque années sous les cornes ou les coups de bovins? Est-ce qu'on les supprime immédiatement pour celà? Et je ne parle pas de leur destin..., l'abattoir.

Générer une peur, irrationnelle et exagérée a toujours fait partie de la stratégie des associations pastorales. Ils nous ont mis en garde: enfants dévorés, ours radioactifs ou porteurs de la grippe aviaire, pandémie imminente d’encéphalite à tique etc. Un tarbais un peu parano a même prédit que les loups s’attaqueraient aux sacs de courses sur les parkings des grandes surfaces, aux automobilistes sur les autoroutes, vidéos à l'appui.

Les risques encourus avec des animaux dangereux en France
Les piqûres d'hyménoptères (abeilles, guêpes et frelons) causent une quinzaine de décès par an, principalement des personnes allergiques, selon les chiffres du ministère de la Santé. Les cerfs et les sangliers peuvent causer indirectement la mort, notamment lors de collisions avec des automobilistes ou quand ceux-ci manœuvrent brusquement pour les éviter. Les ongulés sauvages sont, selon une enquête menée par Que choisir, responsables chaque année d'environ 60.000 collisions avec des automobilistes en France.
Les chiens peuvent eux aussi se révéler dangereux. Il y a eu 33 décès entre 1990 et 2010 par morsures de chiens, selon les derniers chiffres publiés par l'Institut de veille sanitaire (INVS) en 2010. Plus vous êtes proche de lui, plus le meilleur ami de l'homme risque de vous tuer: les morsures de chiens observées sur les victimes sont plus graves et plus profondes quand celles-ci connaissaient le chien mordeur.

A toutes fins utiles, rappelons qu'en France nos amis les bêtes sont considérablement moins dangereuses pour l'homme que lui-même: en 2012, selon les chiffres de l'Observatoire national de la délinquance, 665 personnes sont mortes suite à un homicide.  (Source: Le Figaro)

Moustique
L'animal ennemi public numéro 1 est... le moustique ! Il n’est pas dangereux en soi, ni canines imposantes, ni venin toxique, mais cette buveuse de sang (seule la femelle s’en nourrit) nous inocule toute sorte de maladies plus ou moins dangereuses. La première d’entre elles, le paludisme, est la première cause de mortalité humaine. Plus de 2 millions de personnes meurent chaque année à cause des maladies transmises par le moustique. Le paludisme tue une personne toutes les 30 secondes.
Personnellement, je n'avais jamais croisé le loup, mais j’ai eu la chance d'observer une ourse dans le Val d’Aran pendant 50 minutes. Nous étions une bonne vingtaine à l’admirer. Nous sommes tous repartis heureux et... entiers. Certains chasseurs pyrénéens ont vu un ours pendant moins d’une minute, et vous connaissez la suite (Claude, Mellba, Cannelle, Balou)…

(1) Pierre Rigaux est naturaliste dans les Alpes-du-Sud ;
Gérard Bozzolo est retraité, Ingénieur Agronome, ex-maître de conférences à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse ;
Marc Laffont est Technicien en agriculture et environnement, il dispose d'une maîtrise en Ecologie ;
Baudouin de Menten, écoconseiller est le webmaster de la Buvette des Alpages.

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